Un colloque sur les défis migratoires en Afrique Centrale
Jacques Ngol, SJ – Cité du Vatican avec Paule Valérie Mendogo – Édéa.
Le colloque international organisé par la commission de l’ACERAC à Douala, a réuni les évêques représentants de chaque Conférence épiscopale membre de l’Association des Conférences Épiscopales de la Région Afrique Centrale (ACERAC) et des experts sur la question migratoire.
L’Afrique centrale touchée par le phénomène migratoire
Lors de ce colloque, l’approche synodale a été préconisée à cette première rencontre de la commission pour la pastorale des migrants et réfugiés, présidée par l’archevêque de Douala, Mgr Samuel Kleda. Il est revenu sur cette vision synodale qui consiste à se «mettre tous ensemble pour pouvoir avancer et apporter ensemble tout ce qui est nécessaire à toutes ces personnes» et marcher ensemble dans la lutte contre la migration.
«Notre région est particulièrement touchée par ce phénomène. Il s’agit donc de nous mettre ensemble pour avancer et apporter ce qui est nécessaire à toutes ces personnes. Et je tiens à souligner que le problème à résoudre est d’abord d’ordre économique et ce n’est pas seulement l’Église qui doit le résoudre, mais chacun de nous. Nous devons tous nous mettre au travail pour combattre la migration».
Les participants à ce colloque ont identifié les raisons qui poussent les populations africaines à prendre les risques de la migration vers les pays développés: «la pauvreté, la recherche d’une vie décente, les disparités de développement, les conflits, les besoins de main d’œuvre, les facteurs environnementaux, l’exploitation abusive des ressources naturelles par les pays du Nord, la crise économique», sont les causes principales de la migration. Pour Mgr Nestor Nongo, évêque de Bossangoa en République Centrafricaine, «l’éducation, est la clé» qui peut permettre de faire face à ce phénomène. C’est pourquoi a-t-il poursuivi, au «niveau de la sous-région, l’une des grandes préoccupations pastorales des évêques, reste une formation de qualité à donner à notre jeunesse, les moyens de forger son propre avenir».
L’apostolat des migrants et réfugiés une pastorale d’accueil et de protection
Tous ont résolu de faire de la pastorale des migrants et des réfugiés, une pastorale ordinaire d’accueil, de protection, de promotion, d’intégration des migrants dans la sous-région Afrique Centrale.
Pour Mgr Antonio Mabiala secrétaire général de l’ACERAC, il est vrai que «migrer est un droit reconnu aux personnes qui désirent quitter leur territoire pour chercher un ailleurs meilleur». Mais lorsque «la migration est forcée, l’Église se doit de réagir pour la protection des migrants». L’Église comme telle n’a pas des moyens pour faire en sorte que les jeunes soient stables dans leurs pays, mais «elle peut donner des orientations du point de vue de la parole, de l’instruction, des exhortations, pour que nos jeunes ne continuent plus à prendre ce chemin de l’aventure qui se présente comme un chemin au bout duquel ils périssent, soit dans la Méditerranée soit dans le désert».
Des engagements concrets pour accompagner les migrants en Afrique Centrale
Au terme des travaux de ce colloque, les participants ont manifesté «un intérêt accru pour continuer la conscientisation permanente de nos contemporains sur les défis et perspectives pour une migration à visage humain», à la suite de l’assemblée générale de l’ACERAC. Par ailleurs, l’Association des Conférences Épiscopales d’Afrique Centrale s’engage à mener des actions concrètes pour accompagner les migrants et conscientiser davantage les jeunes à éviter cette aventure.
Ces engagements se concrétisent par la «mise à la disposition aux ouvriers apostoliques de la sous-région Afrique Centrale d’un guide pour la pastorale des migrants et des réfugiés; une sensibilisation des participants à poursuivre la réflexion-action visant à mobiliser la jeunesse sur les conséquences de l’immigration irréfléchie; une plus grande conscientisation de l’Église à œuvrer avec toutes les forces vives disponibles en vue de la promotion humaine du migrant et du refugié; une mise en route dans nos écoles et Instituts universitaires des formations diplômantes sur le thème «migration et développement»; une mise en place d’un Observatoire Catholique pour les migrants et refugiés de la sous-région (OCMAC); L’équipement des aumôneries, des paroisses, des lycées et collèges privés en outils pour l’accompagnement spirituel des jeunes afin de présenter le Christ comme vrai projet de vie; une mise en commun des efforts de la société civile et des États pour faciliter l’accès des jeunes aux emplois; un accueil généralisé des migrants comme le recommande notre Seigneur Jésus Christ, car accueillir un migrant c’est accueillir le Christ».
Notons que les travaux du colloque de Douala s’inscrivent dans la logique des résolutions et discussions initiées par l’ACERAC à Mongomo en Guinée Équatoriale en juillet 2022.
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