La RDC veut davantage valoriser son patrimoine culturel
Jacques Ngol, SJ – Cité du Vatican
L’histoire culturelle et touristique de la République Démocratique du Congo (RDC) était à l’honneur à l’Expo Universale Roma 2023, l’évènement culturel et commercial tenu dans la capitale italienne du 16 au 18 juin, et qui a rassemblé des représentants de plusieurs pays de la planète. La délégation congolaise a notamment présenté les codes du tissu Kuba, la sculpture, la rumba Congolaise et la danse. Présent à cette exposition, Magloire Paluku, conseiller culturel et artistique au ministère de la culture, des arts et patrimoine national et directeur général adjoint du Centre culturel congolais, est notamment revenu sur l’immense patrimoine culturel de son pays et sur la politique que la RDC entend mettre en place pour le valoriser davantage.
Valoriser le tissu Kuba
«Le tissu Kuba, dessiné par nos ancêtres a des codes; et sur ces codes-là, aujourd'hui, on trouve les motifs de plusieurs couturiers occidentaux» a déclaré Magloire Paluku. Ce tissu, a-t-il décrit, «a des codes en L plié, en double X, en parallèle, a des codes en latéral, en perspective linéaire, en perspective ARN. Le tissu Kuba est dessiné en vrille, il y a des arabesques». On retrouve certains de ces détails chez les couturiers italiens, français, et d’autres pays a-t-il indiqué, assurant qu’il faut davantage valoriser cet élément, comme d’autres objets d’arts du patrimoine congolais; et chercher à lui redonner ses valeurs africaines, son identité congolaise.
Pour lui, au-delà de tout, le tissu Kuba doit faire objet d’étude dans des universités «pour étudier ces codes, afin de comprendre davantage les codes laissés par les ancêtres», qui sont aussi des «messages liturgiques, des messages chrétiens». Par ailleurs, le conseiller artistique et culturel au ministère congolais de la culture, des arts et patrimoine national a fait savoir que le tissu Kuba étant l’un des rares africains, il est «urgent de se mettre ensemble comme peuple pour la récupération de ce patrimoine et sa valorisation». Pour ce faire les africains doivent sortir de la tentation du «dédain pour parvenir à valoriser leurs cultures et retrouver leur identité culturelle», a-t-il conseillé.
La RDC et sa politique culturelle
Se prononçant sur la politique culturelle de la RDC, le conseiller artistique et culturel a affirmé que «depuis 1960, le Congo n’a pas encore développé une politique culturelle» voté au parlement. Toutefois, le pays travaille à donner forme à «cette politique culturelle qui existait au niveau un tout petit peu élémentaire depuis tout ce temps où les artistes étaient reconnus sans avoir un statut spécial d’artistes». Il s’agira, entre autres, des dispositions qui devront assurer la protection des droits des artistes, faire leur promotion et celle de leurs œuvres, a-t-il précisé.
Dans cette même perspective, a-t-il informé, la ministre congolaise de la culture, des arts et patrimoine national Kathungu Furaha encourage des études sur la rumba congolaise, pour qu’elle devienne «scientifique et outil de paix». Il a détaillé en déclarant que «la rumba moderne actuelle, les textes pour travailler la paix, pour façonner l'homme, pour réécrire la valeur de l'homme, la rumba éthique, comme on dit, dans la fédération du gouvernement, existe». Cette forme particulière de musique et de danse doit être maintenant «portée à une autre dimension», en l’orientant vers la création des valeurs, a-t-il ajouté.
Récupérer les objets d’art congolais détenus ailleurs
La politique culturelle de la RD Congo consiste également à engager des démarches pour la récupération des objets d’arts détenus dans des musées, notamment en Belgique. Un comité scientifique a déjà été constitué par la ministre de la culture, qui a reçu à Kinshasa l'ambassadeur de la Belgique, a-t-il fait savoir. Se prononçant sur comment ces œuvres d’art sont arrivées en Belgique, Magloire Paluku a expliqué que certains «biens ont été donnés comme cadeau; d’autres ont été volés; des têtes ont été déterrées pour aller les étudier, mais il y a des biens qui ont été confisqués». Il a fait savoir en outre qu’il «y a ceux qui ont commencé à remettre certains objets». C’est pourquoi, a-t-il expliqué, il faudra davantage «multiplier le nombre de musées et créer les conditions pour la protection de tous ces biens», afin qu’ils ne disparaissant pas.
Faire connaitre la figure de Nsaku Ne Vunda
Manuel Nsaku Ne Vunda est le premier ambassadeur africain et congolais près le Saint-Siège. Ce diplomate de la RDC envoyé au Vatican au 17ème siècle est reconnu comme le «premier ambassadeur noir au Vatican». Décédé quelques jours après son arrivée à Rome, il a été enterré en la basilique Sainte Marie Majeure. Pour Magloire Paluku, cette figure est aussi l’un des patrimoines du pays qu’il faut faire connaitre et valoriser.
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