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Le président sortant Juan Orlando Hernandez. Le président sortant Juan Orlando Hernandez. 

Au Honduras les évêques appellent à «un grand pacte social»

L'opposition hondurienne continue à protester contre la réélection du président Juan Orlando Hernandez. La conférence épiscopale du pays réclame des mesures permettant d’engager le pays vers la création d’une assemblée nationale constituante.

Joris Bolomey

«Nous condamnons fermement toute violence comme une atteinte aux droits de l'homme, facteur de déstabilisation de la vie sociale et obstacle au dialogue politico-social». La conférence épiscopale du Honduras a réitéré ses inquiétudes sur la situation post-électorale dans le pays. À Tegucigalpa, la capitale, et dans d'autres villes, l'opposition hondurienne continue de protester contre la réélection du président Juan Orlando Hernandez.

Le président sortant de droite a été officiellement déclaré, dimanche 17 décembre, vainqueur du scrutin du 26 novembre avec 42,95% de voix contre 41,42% au candidat de la coalition de gauche, Salvador Nasralla, un populaire animateur de télévision sans expérience politique. L'opposition conteste ce résultat qui est selon elle entaché de fraude, et elle exige une nouvelle élection présidentielle. Et Salvador Nasralla n'a accepté de dialoguer avec Juan Orlando Hernandez que s'il s'agit de convoquer une nouvelle élection, une idée rejetée par le Parti national au pouvoir.

 

Avant même sa tenue, le scrutin était contesté, en raison de la candidature du président sortant. La Constitution interdit deux mandats consécutifs, mais le chef de l’État s'est appuyé sur une décision de la Cour suprême l'autorisant à se représenter. Et les irrégularités qui ont suivi le scrutin ont provoqué la colère populaire, générant une vague de violence qui a mis le pays en difficulté et causant de forts doutes et des critiques ainsi qu’une fracture au sein de la société.

Douze morts lors des manifestations

Les évêques du Honduras désapprouvent «les citoyens qui transforment les manifestations en actes violents et criminels» mais pointent également les dérives du pouvoir. «Les services de sécurité de l'État ont, dans certains cas, fait un usage disproportionné de la force et des armes, et ont causés des blessures et des décès», écrivent-ils. L'ONU et la Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH) ont dénoncé mercredi 20 décembre la mort de 12 personnes et l'arrestation de centaines d'autres lors des manifestations qui ont suivi la réélection de Juan Orlando Hernandez. De nombreux manifestants «ont été transférés dans des installations militaires où ils ont été brutalement battus, insultés et parfois torturés», selon l'ONU et la CIDH, citées par l’AFP.

Les évêques mettent également en cause la responsabilité du Tribunal Suprême Électoral (TSE) dans la situation du pays. Ils regrettent «que le fonctionnement du Tribunal électoral, bien qu'il ait tenu compte des suggestions des observateurs internationaux, n'a pas permis de surmonter le manque de certitude quant au résultat des élections générales». La conférence épiscopale avait déjà appelé le TSE à faire preuve de transparence et à répondre immédiatement aux demandes de chaque partie. L'opposition l’accuse d'avoir falsifié des procès-verbaux pour favoriser le président sortant et dénonce les nombreuses pannes informatiques enregistrées dans le système, ce qui a endommagé selon elle plus de 5.000 procès-verbaux. C’est en effet à partir d’une mystérieuse panne du système qui a duré quatre heures que la tendance des résultats a nettement changé en faveur du gouvernement.

Les évêques concluent en appelant à «un grand pacte social (…) impliquant tous les secteurs de la société» et permettant d’engager le pays vers la création d’une assemblée nationale constituante.

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21 décembre 2017, 18:04