Au Burkina, l’unité et la foi d’un peuple menacés par la violence
Un prêtre et neuf catholiques ont été tués au Burkina Faso lors d’attaques perpétrées dans le nord du pays, les 12 et 13 mai derniers. Ces deux drames choquent profondément la communauté catholique et d’autres composantes de la société, faisant grandir la crainte et la menace de divisions communautaires. Dans ce contexte, plusieurs responsables politiques et religieux burkinabè ont appelé à l’unité.
Un pays de tolérance face à la menace terroriste
Le président du Burkina Faso Roch Marc Christian Kaboré a appelé mardi tous les Burkinabè à «être soudés», sans distinction d'ethnie ou de religion, après les attaques djihadistes qui ont ciblé des catholiques les 12 et 13 mai derniers, dans les paroisses de Dablo et de Zimtenga.
«Cela nous interpelle tous quelle que soit notre religion, notre ethnie», a-t-il déclaré mardi à l’occasion de l’assemblée plénière de la conférence épiscopale d'Afrique de l'Ouest, qui rassemblait une centaine d’évêques de 16 pays à Ouagadougou. «C'est le vivre ensemble qui est mis en cause. Il est important que chaque Burkinabé se dise que ce qui arrive aux autres peut nous arriver», a-t-il ajouté.
D’après le chef de l’État, le «Burkina Faso est en proie à une situation difficile en ce qui concerne la lutte contre le terrorisme (...). Ces terroristes ont réaménagé leur mode opératoire. D'abord en cherchant à créer des conflits intercommunautaires et aujourd'hui des conflits interreligieux puisque des chrétiens ont été tués pour leur foi, pour avoir pratiqué leur religion». Roch Marc Christian Kaboré a redit sa résolution à lutter contre le terrorisme, avec la collaboration de toute la population. Il s’agit de «faire en sorte que dans l'ensemble de nos communautés, on se soude un peu plus, pour montrer à la face de ces terroristes que le Burkina Faso va rester debout et qu'on va les combattre jusqu'à ce que le terrorisme violent, l'intolérance quittent notre pays», a-t-il affirmé.
Le Burkina, qui compte actuellement 65% de musulmans et 35% de chrétiens, «a toujours été réputé comme un pays de tolérance». Les habitants doivent «travailler à maintenir cette richesse que nos ancêtres nous ont léguée», a conclu le président du pays, et ce malgré la multiplication des attaques des responsables religieux chrétiens et musulmans, notamment dans le Nord.
La crainte que les fidèles renient leur foi
La dernière de ces attaques a fait quatre morts dans la paroisse de Bam. Comme en témoigne son curé, l’abbé Laurent Gansonré, «la population est consternée, déboussolée actuellement. C’est une population blessée dont il faut aussi bien sûr soigner les cœurs. Elle est très apeurée actuellement», insiste-t-il.
Ceux qui sont qualifiés de terroristes restent inconnus, et «dans leurs revendications ou leurs actions, on sent que tout est mêlé. Quelquefois on sent un peu la note politique, et puis après bien sûr c’est le côté religieux, explique l’abbé, tout est confondu, on ne sait pas».
Le prêtre ne craint pas pour sa propre vie mais davantage pour celle des milliers de fidèles de sa paroisse, et pour leur foi. «Comment ces gens conçoivent et perçoivent ces évènements, on ne sait pas», confie-t-il. «Et c’est là que ça nous peine. Peut-être qu’un jour il arriveront à renier leur foi ou à se renier, à cause de la peur, à cause des persécutions qu’on mène contre les chrétiens», conclut l’abbé Laurent Gansonré.
L’évêque de Kaya, Mgr Théophile Naré, a pour sa part expliqué à l’antenne italienne de l’Aide à l’Église en Détresse qu’il s’était rendu à Dablo pour tenter de réconforter les fidèles. Cinq d’entre eux et le vicaire de la paroisse avaient été tués dans l’attentat mené dimanche. Le message du Pape François suite à cette attaque a été une grande source de réconfort pour eux. «Je leur ai dit que nous ne sommes pas seuls et que le geste du Saint-Père représente toute l’Église universelle qui se serre autour de nous. Puis je les ai invités à avoir confiance et à ne pas se décourager, même s’ils veulent nous empêcher de prier, même s’ils veulent détruire notre Église. Nous devons continuer à prier parce que ce qui est en acte aujourd’hui au Burkina, ce n’est pas seulement une guerre contre nous les chrétiens, mais c’est une guerre déclarée contre Jésus-Christ», a expliqué Mgr Naré.
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