Érythrée : fermeture du dernier hôpital catholique du pays
Marie Duhamel - Cité du Vatican
Àune trentaine de kilomètre d’Asmara, la capitale, le centre de santé de Zager fournissait une assistance médicale générale aux villageois ainsi qu’un service de maternité aux Érythréennes des environs. Elle vient d’être fermée, brutalement et sans recours possible. Le 5 juillet dernier, les forces de l’ordre ont contraint les religieuses qui géraient la structure à l’abandonner immédiatement, les empêchant d’emporter avec elles leur matériel hospitalier resté donc sur place. Des scellés ont été placés sur les portes de l’hôpital.
La veille dans le sud du pays, un autre groupe de religieuses s’était déjà vu intimer l’ordre de quitter leur résidence qui abritait également leur structure médicale. L’agence Fides rapporte les propos d’une des religieuses : «Cette action blesse davantage l’homme de la rue que les organisations religieuses».
Injustice
Vingt-deux cliniques ou centres de santé ont ainsi été fermés par les autorités en vertu, expliquent-elles, d’une loi de 1995 qui n’avait jamais été respectée… jusqu’à la mi-juin. Celle-ci stipule que les hôpitaux gérés par des institutions religieuses doivent se limiter à l’assistance aux personnes âgées. De la même manière, les écoles catholiques doivent être exclusivement réservées à des projets agricoles, spécifie Fides.
Face aux injonctions des autorités qui promettaient début juin de saisir leurs structures de santé, l’Église a refusé de les remettre volontairement aux forces de l’ordre. Les évêques d’Érythrée ont fait part de leur amertume quant à la volonté du régime d’Isayas Afeworki de nationaliser l’ensemble des centres médicaux catholiques. Une décision «injuste» selon eux.
Par solidarité, les évêques d’Afrique australe, membres de l’Association des membres des conférences épiscopales d’Afrique de l’Est, ont invité leurs fidèles à prier et jeûner jusqu’au 12 juillet prochain, fête des saints Pierre et Paul selon le calendrier liturgique de rite guèze.
Inquiétude de l'ONU
Devant le Conseil des droits de l’homme à Genève, le 2 juillet dernier, la Rapporteure spéciale de l’ONU sur les droits de l’homme en Érythrée estimait que la situation des droits de l’homme dans le pays ne s’était pas améliorée depuis la signature il y a un an de l’accord de paix avec l’Éthiopie.
Daniela Kravetz soulignait en particulier les restrictions visant les communautés religieuses. Elle évoquait la fermeture des centres de santé catholiques, mais également «des informations troublantes» selon lesquelles des chrétiens dont des femmes et des enfants ont été arrêtés dans Asmara et autour de la capitale alors qu’ils étaient recueillis en prière. Cinq prêtres orthodoxes auraient également été interpellés au monastère Debre Bizen.
«Les autorités érythréennes restent fermées à toute expression de contestation», a-t-elle ainsi affirmé.
La signature en juillet 2018 de l’accord de paix avec l’Éthiopie avait soulevé une onde d’espoir dans le pays.
Dans une lettre pastorale, les évêques avaient alors exprimé leur joie et leur gratitude au Seigneur pour ce processus de paix. Ils se disaient prêts à collaborer, en tant que chefs religieux, aux côtés des autorités politiques pour que la délimitation des frontières entre les deux pays se passe de manière satisfaisante pour le bien des deux peuples, appelant à éliminer tout esprit de séparation et de construction de murs pour construire une nation caractérisée par l’harmonie et l’unité.
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