Mozambique: un évêque dénonce les violences dans la province du Cap Delgado
Adélaïde Patrignani (avec Sir) – Cité du Vatican
«Je voudrais lancer un appel à toutes les personnes de bonne volonté de Cap Delgado, écrit Mgr Luiz Fernando Lisboa dans cette lettre datée du 18 juillet dernier, pour que nous ne nous résignions pas à la violence et ne nous lassions pas de demander justice et paix». «Tel des fantômes, fait-il remarquer, les rebelles (envers qui ou quoi ?) apparaîssent et disparaissent sans être vus, dans les moments les plus inattendus, ne laissant derrière eux que des traces de catastrophes. Mais nous savons que les fantômes n'existent pas. C'est un morceau de drap qui cache quelque chose ou quelqu'un. Nous devons tirer sur ce drap pour démasquer ceux qui se cachent derrière, pour savoir qui nous combattons ou, mieux, qui est en train de nous anéantir, comment nous défendre et mettre fin au mal qui nous opprime», estime ce prélat d’origine brésilienne.
Une région convoitée pour ses ressources naturelles
L'évêque décrit aussi sa visite pastorale dans le district de Palma, où il a rencontré des centaines de personnes déplacées ou en deuil suite à la mort de leurs proches, ainsi que des enfants privés d'école parce qu'elles sont fermés. «L'Église, les institutions et la communauté, note-t-il, vivent dans un climat de peur et d'insécurité». Mgr Luiz Fernando Lisboa demande des «enquêtes précises et claires» et s'interroge: «Y a-t-il un lien avec le trafic d'organes ? S'agit-il de blanchiment d'argent ? Les attaques sont-elles liées au commerce des pierres précieuses ? Notre province est-elle un couloir de trafiquants de marchandises diverses? N'y aurait-il pas un problème de concession exagérée de terres pour l'exploitation minière ?». La région du Cap Delgado est en effet riche en pierres précieuses (en rubis particulièrement), en terres et en bois.
La visite du Pape, un défi
Le Mozambique sera visité par le Pape François en septembre prochain, dans le cadre d’un voyage apostolique qui le conduira aussi à Madagascar et à l’île Maurice. Il arrivera à Maputo, la capitale mozambicaine, le 4 septembre, puis quittera le pays le 6 septembre. Le thème retenu pour son déplacement au Mozambique est “Espérance, paix et réconciliation”. Mais comme l’explique l’évêque de Pemba dans sa lettre, «nous vivons depuis plus d'un an et demi dans une situation où il est difficile de penser et de parler aux gens d’espérance, de paix et de réconciliation», au moins tant que ces habitants restent «instrumentalisés par des puissances occultes qui veulent imposer leurs propres intérêts».
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