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Christus vivit: savoir dire à tous «Dieu t'aime»

Un an après le Synode sur les jeunes, des garçons et des filles du monde entier se confrontent avec “Christus vivit”, l’exhortation apostolique du Pape François. L’un des problèmes de l’Église, peut-on lire dans un paragraphe, est que certains veulent la «vieillir». Les scandales et les incohérences éloignent des jeunes, mais la beauté de Dieu les fascine. Cecilia, argentine de 25 ans, délivre son enthousiasme quand elle dit: jeunes ou non, nous pouvons faire grandir ensemble l’Église dont nous rêvons.

Extraits de Christus vivit, paragraphes 34 à 42:

La jeunesse de l’Eglise

34. Avant d’être un âge, être jeune est un état d’esprit. Il en résulte qu’une institution si ancienne que l’Eglise peut se renouveler et se rajeunir aux diverses étapes de sa très longue histoire. En réalité, dans les moments les plus tragiques, elle sent l’appel à retourner à l’essentiel du premier amour. En se souvenant de cette vérité, le Concile Vatican II a affirmé que « riche d’un long passé toujours vivant en elle, et marchant vers la perfection humaine dans le temps et vers les destinées ultimes de l’histoire et de la vie, elle est la vraie jeunesse du monde ». En elle, il est toujours possible de rencontrer le Christ, « le compagnon et l’ami des jeunes ».

Une Eglise qui se laisse renouveler

35. Demandons au Seigneur de délivrer l’Eglise des personnes qui veulent la faire vieillir, la scléroser dans le passé, la figer, l’immobiliser. Demandons-lui également de la délivrer d’une autre tentation : croire qu’elle est jeune parce qu’elle cède à tout ce que le monde lui offre ; croire qu’elle se renouvelle parce qu’elle cache son message et qu’elle imite les autres. Non ! Elle est jeune quand elle est elle-même, quand elle reçoit la force toujours nouvelle de la Parole de Dieu, de l’Eucharistie, de la présence du Christ et de la force de son Esprit chaque jour. Elle est jeune quand elle est capable de retourner inlassablement à sa source.

36. En tant que membres de l’Eglise, il est certain que nous ne devons pas être des personnes étranges. Tous doivent sentir que nous sommes frères et proches, comme les Apôtres qui « avaient la faveur de tout le peuple » (Ac 2,47; cf. 4, 21.33; 5,13). Mais, en même temps, nous devons oser être différents, afficher d’autres rêves que ce monde n’offre pas, témoigner de la beauté de la générosité, du service, de la pureté, du courage, du pardon, de la fidélité à sa vocation, de la prière, de la lutte pour la justice et le bien commun, de l’amour des pauvres, de l’amitié sociale.

37. L’Eglise du Christ peut toujours succomber à la tentation de perdre l’enthousiasme parce qu’elle n’écoute plus l’appel du Seigneur au risque de la foi, l’appel à tout donner sans mesurer les dangers, et qu’elle recommence à chercher de fausses sécurités mondaines. Ce sont précisément les jeunes qui peuvent l’aider à rester jeune, à ne pas tomber dans la corruption, à ne pas s’installer, à ne pas s’enorgueillir, à ne pas se transformer en secte, à être plus pauvre et davantage témoin, à être proche des derniers et des marginalisés, à lutter pour la justice, à se laisser interpeller avec humilité. Ils peuvent apporter à l’Eglise la beauté de la jeunesse quand ils stimulent la capacité « de se réjouir de ce qui commence, de se donner sans retour, de se renouveler et de repartir pour de nouvelles conquêtes ».

38. Ceux d’entre nous qui ne sont plus jeunes ont besoin d’occasions pour rester proches de leur voix et de leur enthousiasme, et « la proximité crée les conditions pour faire de l’Eglise un espace de dialogue et un fascinant témoignage de fraternité ». Il nous faut créer plus d’espaces où résonne la voix des jeunes : « L’écoute rend possible un échange de dons, dans un contexte d’empathie. […] En même temps, elle pose les conditions d’une annonce de l’Evangile qui atteigne vraiment le cœur, de façon percutante et féconde ».

Une Eglise attentive aux signes des temps

39. « Si, pour beaucoup de jeunes, Dieu, la religion et l’Eglise semblent des mots vides, ils sont sensibles à la figure de Jésus, lorsqu’elle est présentée de façon attrayante et efficace ». C’est pourquoi il est nécessaire que l’Eglise ne soit pas trop attentive à elle-même mais qu’elle reflète surtout Jésus-Christ. Cela implique qu’elle reconnaisse avec humilité que certaines choses concrètes doivent changer, et que pour cela il faut aussi prendre en compte la vision, voire les critiques des jeunes.

40. Au cours du Synode, il a été reconnu « qu’un nombre important de jeunes, pour les raisons les plus diverses, ne demandent rien à l’Eglise car ils considèrent qu’elle n’est pas significative pour leur existence. Certains demandent même expressément qu’elle les laisse tranquilles, car ils ressentent sa présence comme désagréable, sinon irritante. Cette requête ne naît pas, la plupart du temps, d’un mépris acritique ou impulsif, mais s’enracine dans des raisons sérieuses et respectables : les scandales sexuels et économiques, l’inadaptation des ministres ordonnés qui ne savent pas saisir de façon appropriée la sensibilité des jeunes, le manque de préparation des homélies et de la présentation de la Parole de Dieu, le rôle passif assigné aux jeunes à l’intérieur de la communauté chrétienne, les difficultés de l’Eglise à rendre raison de ses positions doctrinales et éthiques face à la société contemporaine ».

41. Même s’il y a des jeunes qui se réjouissent de voir une Eglise se montrant humblement sûre de ses dons et de sa capacité de faire une critique loyale et fraternelle, d’autres jeunes réclament une Eglise qui écoute davantage, qui ne soit pas toujours à condamner le monde. Ils ne veulent pas voir une Eglise silencieuse et timide, ni toujours en guerre sur deux ou trois thèmes qui l’obsèdent. Pour être crédible face aux jeunes, elle a parfois besoin de retrouver l’humilité et d’écouter simplement, de reconnaître dans ce que disent les autres la présence d’une lumière qui l’aide à mieux découvrir l’Evangile. Une Eglise sur la défensive, qui n’a plus l’humilité, qui cesse d’écouter, qui ne permet pas qu’on l’interpelle, perd la jeunesse et devient un musée. Comment pourra-t-elle accueillir de cette manière les rêves de ces jeunes ? Bien qu’elle possède la vérité de l’Evangile, cela ne signifie pas qu’elle l’ait comprise pleinement ; il lui faut au contraire toujours grandir dans la compréhension de ce trésor inépuisable.

42. Par exemple, une Eglise trop craintive et trop structurée peut être continuellement critique face aux discours sur la défense des droits des femmes, et signaler constamment les risques et les erreurs possibles de ces revendications. Par contre, une Eglise vivante peut réagir en prêtant attention aux revendications légitimes des femmes qui demandent plus de justice et d’égalité. Elle peut se rappeler l’histoire et reconnaître une large trame d’autoritarisme de la part des hommes, de soumission, de diverses formes d’esclavage, d’abus et de violence machiste. Grâce à ce regard, elle sera capable de faire siennes ces revendications de droits, et elle donnera sa contribution avec conviction pour une plus grande réciprocité entre hommes et femmes, bien qu’elle ne soit pas d’accord avec tout ce que proposent certains groupes féministes. Dans cette ligne, le Synode veut renouveler l’engagement de l’Eglise contre « toute discrimination et toute violence liées à l’orientation sexuelle ». C’est la réaction d’une Eglise qui se révèle jeune et qui se laisse interpeller et stimuler par la sensibilité des jeunes.

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12 novembre 2019, 12:00