Mgr Pizzaballa espère un meilleur dialogue entre Israël et la Palestine en 2020
Entretien réalisé par Gabriella Ceraso – Cité du Vatican
Ce dimanche 29 décembre, l’Église catholique fêtait la solennité de la Sainte Famille: l’occasion pour Mgr Pierbattista Pizzaballa, administrateur apostolique du Patriarcat de Jérusalem depuis 2016, de se rendre à Ramallah, en Cisjordanie. C’est là que se trouve la plus grande paroisse catholique des territoires palestiniens, justement consacrée à la Sainte Famille. Mgr Pizzaballa y a célébré la messe en présence de nombreux membres de la petite communauté catholique de la région. Il évoque d’abord les caractéristiques de cette paroisse:
«Ramallah est la ville principale des territoires palestiniens, et la paroisse la plus grande y est justement consacrée à la Sainte Famille, c’est pourquoi j’ai pensé à m’y rendre. Nos paroisses sont très différentes car le territoire est très diversifié. Celle de Ramallah est une paroisse qui a beaucoup grandi ces dernières années, en raison de l'immigration interne en provenance de la campagne; c'est donc une paroisse de ville, mais elle a conservé son fort caractère villageois. Ici aussi, il y a les problèmes que l'on retrouve à d'autres endroits. Les difficultés sont surtout éprouvées par les jeunes familles qui ont du mal à s'orienter pour trouver un foyer, un emploi, un contexte de vie et une communauté.
Parlons de la situation générale dans ce territoire sensible. Comment s’est passé Noël pour les communautés chrétiennes?
Disons que, surtout dans la région de Bethléem, Noël est toujours un temps de fête. Cette année a revêtu un caractère plus local qu'universel, dans le sens où les pèlerins ont été peu nombreux car ils viennent généralement plus tard, puisqu'ils passent Noël avec leurs familles. Cependant, beaucoup de personnes ont participé à la fête. Certains sont également arrivés de Gaza: sur un peu plus de 900 demandes, environ 300 permis sont arrivés, de sorte qu'au moins un tiers des chrétiens de Gaza ont pu venir à Bethléem. Mais en tout cas, c'était un jour calme et festif. Nous aussi, comme tout le monde, nous mettons toutes les difficultés entre parenthèses, et nous voulons fêter cela.
Vous avez été à Gaza pour une visite de quelques jours ce mois-ci. Immédiatement après, il y a eu un échange de roquettes avec Israël. Quelle est la situation maintenant?
Les tirs de roquettes ne sont pas nouveaux malheureusement et donc pas surprenants, espérons simplement que tout cela va se terminer. La situation à Gaza reste - comme je l'ai toujours dit - honteuse : la fermeture hermétique d'une part, le manque de travail à l'intérieur avec environ 60% de chômage pour les jeunes, et la pression continue rendent vraiment la vie très difficile.
Quel est votre souhait pour cette nouvelle année dans la région?
Mon espoir est qu'en 2020, on puisse recommencer à se parler. 2019 a été une année où le dialogue a été très difficile en politique et dans la vie sociale. En ce qui concerne la politique du côté israélien, nous avons assisté à des élections trois fois au cours de la même année, ce qui est un signe évident d'un manque de dialogue, d'accord, de vision et de perspective; du côté palestinien, je ne me souviens plus quand les dernières élections ont eu lieu, il faut revenir au moins dix années en arrière. J'espère donc vraiment que 2020 sera l'année de la responsabilité dans la vie politique et sociale, mais aussi dans la vie ecclésiale et religieuse, car nous ne devons pas nous retirer. Au cours de la nouvelle année, nous ne nous attendons pas à ce que la paix vienne soudainement, mais nous pouvons au moins reprendre les fils du discours qui pourront ensuite conduire à une relation plus sereine entre les parties.
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