Japon: une Semaine Sainte vécue dans l’obéissance, l’humilité et la résilience
Entretien réalisé par Hélène Destombes - Cité du Vatican
La pandémie de coronavirus au Japon est de moindre ampleur que dans de nombreux pays. Les autorités recensent 5 300 cas de contamination et 88 morts mais, face à une hausse récente des infections et à la crainte d'une saturation des hôpitaux, le Premier ministre Shinzo Abe a déclaré le 7 avril 2020 un état d'urgence dans sept préfectures de l’archipel, dont Tokyo et sa périphérie, ainsi que la région d'Osaka, la grande métropole de l'ouest du pays.
Au total, plus de 50 millions de personnes sont concernées, soit 40% de la population du pays. Le confinement n’est toutefois pas obligatoire et aucune des mesures n’est coercitive. Le gouvernement fait appel à la bonne volonté des citoyens et invite les gouverneurs régionaux à insister auprès des habitants pour qu'ils restent chez eux.
Retransmission en direct des messes
L’Église locale a pris des dispositions très strictes pour lutter contre la diffusion du virus. Les célébrations de la Semaine Sainte se déroulent sans fidèles. Les messes sont retransmises en direct et les prêtres, à distance, restent en lien avec leurs paroissiens à travers la prière et des échanges écrits réguliers.
Le père Philippe Rittershaus est un prêtre des Missions étrangères de Paris. Il vit au Japon depuis 2011. Depuis Hakodate, ville de l’île d’Hokkaido, il décrit la situation dans son diocèse de Sapporo, au nord du Japon. Les consignes données par les diocèses sont «très strictes». «De nouveaux outils ont été mis en place et toutes les célébrations de la Semaine Sainte sont retransmises en direct». Un effort a été fait pour maintenir une proximité avec les fidèles. «C’est la messe telle qu’elle se passe près de chez vous» précise le père Rittershaus.
L’histoire du peuple japonais est jalonnée de nombreux traumatismes: guerres, désastre nucléaire, tremblements de terre, tsunami. Les chrétiens ont connu plus de deux siècles et demi de persécution, à partir de 1587, et sont parvenus dans la clandestinité à préserver leur foi et à la transmettre. L’Église du Japon, minoritaire, est une Église qui compte de nombreux martyrs.
Les chrétiens Japonais éclairés par leur histoire
Les Japonais font ainsi preuve d’une grande capacité de résilience, ils vivent cette période «dans l’obéissance et l’humilité» observe le père Rittershaus et les chrétiens, actuellement dans l’impossibilité d’accéder aux sacrements, sont éclairés par leur histoire: «250 ans de persécutions, la fermeture du pays et l’absence de prêtres pour sept générations de chrétiens qui ont, dans ces conditions, conservé la foi».
Ces «chrétiens cachés» ont ensuite, avec le retour des prêtres au Japon, «retrouvé une vie sacramentelle». «Ils sont passés d’une vie cachée à une vie où ils pouvaient se rendre à l’Église, se confesser. Il y a eu un changement dans leur vie quotidienne mais ils sont parvenus à être en communion avec leurs ancêtres et avec l’Église universelle».
Leur vécu, souligne le père Philippe Rittershaus, «nous éclaire» et peut nous aider à traverser la période actuelle. «Il ne s’agit pas d’une vacance de sacrement, nous vivons quand même de ces sacrements. Si nous sommes debout, si nous avons de la joie donnée par Dieu, c’est parce que nous marchons vers la communion qui nous sera rendue un jour».
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