Sommet de Florence: "Presque un synode sur la Méditerranée"
Delphine Allaire – Cité du Vatican
À l’origine de cette rencontre pour la paix et fraternité en Méditerranée, un instigateur italien… Homme d’idées, de foi, ancien maire, Sicilien d’origine, Florentin de cœur, l’ancien maire de la capitale toscane, le Vénérable Giorgio La Pira (1904-1977). Le cardinal Gualtiero Bassetti, président de la conférence des évêques italiens, avait bien connu ce professeur, pionnier de la diplomatie méditerranéenne. C’était en 1956 lorsque l’actuel archevêque de Pérouse n’était qu’encore séminariste à Florence. Deux ans plus tard a lieu le premier colloque méditerranéen de Florence, et plus de 60 ans après, cette rencontre inédite dans l’Histoire entre des évêques et des maires d’un bassin géographique donné, qui aura lieu du 23 au 27 février prochain.
Les Églises sœurs d'une même mer
«Le relief est historique, le contexte providentiel: cette rencontre de dialogue entre Églises sœurs de la Méditerranée s’insère dans le chemin synodal ouvert par le Pape à l’automne 2021 et dans la suite de l’encyclique Fratelli tutti», a d'emblée relevé le cardinal Gualtiero Bassetti, confiant avoir mûri «cette intuition» avec le Saint-Père surtout, mais aussi avec le maire de Florence, Dario Nardella, qui a eu l’idée dès 2020 d’inclure des maires à cette initiative. Présentant l’événement, le président de l’épiscopat italien a aussi implicitement fait allusion à la suggestion de l’archevêque de Marseille en France, Mgr Jean-Marc Aveline, de convoquer un synode sur la Méditerranée. «Ce sera déjà un peu l’ambition de cette rencontre de Florence», a-t-il estimé.
Au cours de ces quatre jours florentins, l’objectif est d’élaborer une Charte d’intention commune à remettre entre les mains du Pape, a précisé Mgr Antonino Raspanti, évêque d’Acireale (Sicile). Le cardinal Bassetti a rappelé aussi la célèbre forumule de Giorgio La Pira «La Méditerranée est un grand lac de Tibériade», haut-lieu d’échanges culturels, commerciaux, ayant alimenté différentes civilisations sur ses quatre rives. En somme, une perspective lapirienne du bien commun méditerranéen.
Quelques 60 évêques et 60 maires
Parmi les nombreux invités à ce sommet, le Saint-Père tout d'abord, qui honorera de sa venue la cité des Médicis pour la troisième fois de son pontificat. Il rencontrera les délégations de maires et évêques tôt le dimanche 27 février au matin, puis célébrera la messe et l'angélus en la basilique Santa Croce.
Évêques et archevêques d’une vingtaine de pays de la Mare nostrum seront présents, mais aussi le cardinal Louis Raphaël Sako, archevêque de Bagdad, au titre de «Patriarche des Chaldéens» vivant en Syrie ou des pays bordés par la Méditerranée.
Du côté des maires, ceux des grandes villes italiennes seront présents -Rome, Milan, Naples, Palerme, Trieste, Bari, Lampedusa-, ceux de Marseille et Bastia en France, des principales villes espagnoles -Grenade, Séville, Valence-, de la ville de Porto, de La Vallette (Malte) où se rendra le Pape les 2 et 3 avril prochain.
Les maires de Tirana (Albanie), Sarajevo (Bosnie-Herzégovine), Nicosie (Chypre), Zagreb (Croatie), Dubrovnik (Croatie), Amman (Jordanie), Athènes (Grèce), Alexandropoulos (Grèce), tout comme ceux de Terre sainte: Jérusalem, Tel-Aviv, Nazareth, Béthléem, ou encore Beyrouth (Liban), Tripoli (Libye), Misrata (Libye). Pour le Maghreb, Fès au Maroc, jumelée avec Florence, sera représentée, tandis que les maires turcs d’Istanbul et d’Izmir effectueront aussi le déplacement.
Le président du Conseil italien, Mario Draghi, participera à l’inauguration de la rencontre mardi 23 février. Le président de la République italienne, Sergio Mattarella, viendra pour la clôture de l’événement, dimanche 27.
Désir de sérénité spirituelle et sociale
Les travaux des évêques auront lieu au couvent de Santa Maria Novella, lieu symbolique chargé d’histoire puisque s’y se trouve la sépulture du patriarche de Joseph II de Constantinople (1360-1439). Ils seront consacrés, entre autres, aux droits et devoirs des communautés religieuses dans les villes, avec les problèmatiques connexes de dialogue interreligieux pour la plupart des cités méditerranéennes concernées.
Les travaux des maires, qui arriveront sur site le 24 février auront pour thème la coopération culturelle avec ce projet de créer une Université de la Méditerranée, la sécurité sanitaire et la promotion sociale, l’environnement et les migrations.
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