L’appel des évêques africains pour protéger la biodiversité
Marine Henriot – Cité du Vatican, avec agences
Des délégués du monde entier se sont retrouvés du 21 au 26 juin dans la capitale kényane pour négocier un accord, attendu depuis 2020, afin de protéger la nature mise à mal par les activités humaines. En ligne de mire: la COP15 biodiversité qui aura lieu en décembre au Canada, avec plus de deux ans de retard.
Prévue initialement en octobre 2020 en Chine, la conférence COP15 a été repoussée maintes fois. Une première partie, protocolaire, s'est tenue à Kunming en octobre 2021. La seconde, où doivent aboutir les négociations, aura finalement lieu du 5 au 17 décembre à Montréal.
Les 196 membres de la Convention pour la diversité biologique (CDB) de l'ONU -195 Etats et l'Union européenne, sans les Etats-Unis- travaillent à un cadre mondial pour «vivre en harmonie avec la nature» d'ici 2050, avec une étape en 2030. Le temps presse, alors que les États ont échoué à tenir leurs engagements sur la dernière décennie et que la dégradation de la nature, qui fournit eau potable, air et nourriture, se poursuit à un rythme effréné.
La problématique de la justice climatique
À l’image des dernières COP climat, la question du financement est au cœur des débats, divisant profondément pays en développement et pays développés. A la clôture de la réunion de Genève, une coalition de pays d'Afrique, d'Amérique du Sud et centrale a créé la surprise en demandant «au moins 100 milliards de dollars par an dans un premier temps, puis 700 milliards de dollars par an d'ici 2030 et au-delà» aux pays riches, des sommes inatteignables, selon ces derniers. De nombreuses ONG plaident pour une plus grande reconnaissance du rôle des peuples autochtones, dont les territoires abritent une riche biodiversité.
Une première pour l’Église africaine
Dans un communiqué partagé mardi 21 juin, soutenu par par le Réseau des Ecclésial pour le Bassin du Fleuve Congo (REBAC) et le Mouvement Laudato Si’ (MLS), le Symposium des Conférences épiscopales d’Afrique et de Madagascar (SCEAM) entend participer à la protection de la précieuse biodiversité, et demande aux Etats de prendre en ce sens des mesures urgentes et ambitieuses.
Suivant la ligne marquée par le Pape François dans son encyclique Laudato Si’, ce document partagé considère que le respect de la nature et celui des plus vulnérables vont de pair, «Nous n’avons pas le droit de détruire la biodiversité», peut-on lire. C’est pourquoi les évêques du SCEAM se sont unis à ceux qui demandent que 50 % de la terre soit protégée d'ici à 2030.
En outre, le document demande le respect des droits des peuples autochtones et l’abandon immédiat de la construction de l’oléoduc d’Afrique orientale. Enfin, ils invitent les gouvernements, en particulier les occidentaux, à faire preuve de transparence et à rendre des comptes, tout en leur rappelant leurs engagements financiers pour mettre un terme à la perte de biodiversité et initier sa récupération.
Protection du bassin du fleuve Congo
Par ailleurs, l’Église africaine fait une mention spéciale à la biomasse du bassin du fleuve Congo, la deuxième plus grande forêt tropicale du monde. «Dans cette région, l’exploitation forestière illégale et abusive et l’accaparement des terres lié à l’agriculture industrielle, mettent en danger les populations autochtones et les espèces menacées.», précise le communiqué, «Ainsi, le climat et la biodiversité sont les deux faces d’une même médaille et, pour cette raison, doivent être abordés ensemble. De même, le problème écologique est indissociable de son aspect social.»
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