L’Ukraine dans l’obscurité, Mgr Yazlovetskiy demande des générateurs
Francesca Sabatinelli et Paolo Ondarza - Cité du Vatican
L'Ukraine risque un black-out total et s'apprête à connaître dans les mois à venir, l'hiver le plus difficile de son histoire récente. Après le lancement simultané le 23 novembre d'environ 70 missiles de croisière par la Russie dans plusieurs régions du pays, l'électricité fait défaut, et l'approvisionnement en eau est suspendu dans la capitale, où l'on dénombre trois morts et trois blessés.
Les infrastructures énergétiques touchées
Ce raid semble confirmer l'intention des Russes de détruire de nombreuses infrastructures énergétiques cruciales. Trois centrales nucléaires ont été «déconnectées» du réseau électrique. Le système énergétique est également interrompu par l'approvisionnement de la centrale électrique de Zaporija, où les générateurs diesel restent en service. «Des pannes d'électricité massives» ont également été enregistrées dans certaines parties de la Moldavie, notamment dans la capitale Chișinău.
Peu de temps avant l'action de l'armée de l'air de Moscou, le Parlement européen avait adopté une résolution définissant la Russie comme un État soutenant le terrorisme. La réaction du chef du bureau présidentiel ukrainien, Andriy Yermak, ne s'est pas faite attendre: il a fait le lien entre les deux événements commentant: «Les terroristes confirment immédiatement qu'ils sont des terroristes». Du côté russe à travers un commentaire sévère, la porte-parole du ministère des affaires étrangères, Maria Zakharova, a répondu: «Je propose de reconnaître le Parlement européen comme le parrain de l'idiotie».
Froid et sombre
Pendant ce temps, la population ukrainienne est plongée dans le noir et doit faire face au froid, la neige étant désormais tombée sur une grande partie du pays. «Les lumières sont éteintes dans toutes les grandes villes d'Ukraine». La population, explique Mgr Oleksandr Yazlovetskiy, évêque auxiliaire de la capitale, «a été avertie qu'elle pourrait être privée de lumière pendant 24 heures. Au début, j'ai reçu de nombreux messages et photos relatant les explosions. Puis est venu le silence».
Sans internet
Le signal internet s'est éteint, il n'y a pas de réseau et l'impossibilité de communiquer accroît la peur chez la population qui, épuisée par des mois de guerre, cherche un endroit où se cacher. «Les sirènes retentissent dans tout le pays, car les bombardements ont touché tout le pays». «Tout est à l'arrêt: métros, bus, moyens de transport. Ceux qui croient en Dieu prient», poursuit Mgr Yazlovetskiy.
Des générateurs sont nécessaires
«Nous sommes en dessous de zéro», affirme l'évêque. Jusqu'à présent, raconte-t-il, «l'électricité était rationnée, interrompue pendant 4 à 5 heures par jour dans certaines parties de la ville, ce qui signifiait que de nombreuses personnes avaient froid. Mais lorsque l'électricité était rétablie, nous pouvions nous réchauffer. Maintenant, nous avons froid toute la journée: imaginez la situation des familles avec de jeunes enfants ou des personnes âgées». L'État et l'Église tentent de pallier l'urgence. «Nous essayons d'acheter des générateurs, mais nous n'en trouvons pas en Ukraine, nous avons vidé les magasins. Même en Pologne, il n'est pas facile d'en trouver: nous cherchons partout, car seuls les générateurs permettent d'avoir un peu de chaleur, un peu de lumière. Dans les grandes villes, notre gouvernement a organisé des points de chauffage où les gens peuvent trouver un peu de lumière, une connexion internet et, surtout, un peu de chaleur».
Chaque paroisse devenue «une petite Caritas»
L'Église est un point de référence avec les deux Caritas liées respectivement à l'Église catholique romaine et à l'Église catholique gréco-catholique: «Elles font beaucoup, distribuent de la nourriture, des couvertures; délivrent des bons aux familles pour qu'elles puissent faire des achats dans les magasins». Chaque paroisse, ajoute l'évêque «est devenue une petite Caritas».
Mgr Yazlovetskiy lance aussi un vibrant appel à la prière pour l'Ukraine. Elle ne doit pas manquer, dit-il. Il conseille de ne céder pas à la paresse, de réciter le chapelet, d’adresser des prières à Dieu avec ses propres mots. «Aidez-nous par vos prières», insiste-t-il, «et si vous le pouvez, en achetant un générateur pour notre peuple ou peut-être en accueillant quelques familles en Italie. Nous nous souviendrons du bien que nous avons reçu», conclut Mgr Yazlovetskiy.
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