Bartholomée souhaite une date de Pâques commune entre chrétiens
Fausta Speranza - Istanbul
Le patriarche œcuménique de Constantinople Bartholomée Ier a reçu le 10 novembre au siège du Patriarcat à Istanbul un groupe de prêtres et de journalistes qui, à l'initiative de l'Opera Romana Pellegrinaggi, se trouve depuis quelques jours en Turquie. Ils sont venus visiter les lieux saints sur les traces de saint Paul, afin de relancer l'expérience du pèlerinage après les fermetures dues à la pandémie. Dans son discours de bienvenue, le patriarche a tout d'abord adressé une pensée émue au Pape, son " frère " dans la foi, qu'il a rencontré il y a quelques jours à Bahreïn, tout en adressant un salut affectueux au président de la République italienne Sergio Mattarella et des mots de bons vœux au nouveau gouvernement italien et au monde politique, accompagnés d'un encouragement à travailler pour le bien commun.
À Chypre pour les funérailles de l'archevêque Chrysostomos
Bartholomée Ier a ensuite annoncé qu'il se rendrait le 11 novembre à Chypre pour assister aux funérailles de l'archevêque orthodoxe Chrysostomos II, décédé le 7 novembre à la suite d'une longue maladie, un voyage particulièrement significatif au cours duquel, a-t-il dit, il rencontrerait le représentant du Pape, le cardinal Kurt Koch, président du Dicastère pour la promotion de l'unité des chrétiens.
Une seule date pour les Pâques catholique et orthodoxe
Le patriarche œcuménique est ensuite revenu sur l'engagement pris avec le Pape François en vue de l'anniversaire du concile de Nicée, convoqué par l'empereur Constantin en 325.
Sainteté, que pouvez-vous nous dire sur cet engagement commun ?
Le concile œcuménique (de Nicée - ndlr) a été très important pour fixer le contenu de notre foi chrétienne, mais aussi pour fixer la date de Pâques, comment et quand elle doit être célébrée. Malheureusement, nous ne l'avons pas célébré ensemble depuis de nombreuses années, depuis de nombreux siècles. Ainsi, dans le cadre de cet anniversaire, l'objet de nos efforts communs avec le Pape est de trouver une solution à ce problème. Ce n'est peut-être pas le moment de donner les détails, mais je tiens à souligner que du côté orthodoxe et catholique, il y a cette bonne intention de fixer enfin une date commune pour la célébration de la résurrection du Christ. Espérons un bon résultat cette fois-ci.
Qu'en est-il des espoirs de paix face à la guerre dévastatrice en Ukraine ?
Cette guerre ne peut être justifiée d'aucune manière. J'en ai parlé récemment, même lorsque j'étais en Angleterre. J'ai parlé durement, mais je devais le faire au nom de notre foi chrétienne et au-delà. Il me semble que tous les hommes qui ont une vision juste des choses ne peuvent que condamner cette guerre. Le Pape lui-même veut sensibiliser le monde entier à la paix. Dans l'un de ses messages, le 1er janvier, il y a quelques années, le Pape a déclaré qu'il ne pouvait y avoir de paix sans justice. Et un mot très juste, celui-ci : nous ne pouvons pas avoir de paix sans justice. C'est toujours valable et dans mes homélies je répète ces messages du Pape, de tous les Papes, concernant le premier janvier qui est la journée de prière pour la paix. Ce sont des messages très importants et leur contenu est très sage.
Pour ma part, je vous souhaite un bon retour ici et souhaite que vous n'oubliiez pas la Turquie, l'Anatolie, où il y a tant de souvenirs de notre passé chrétien, surtout des premiers siècles du christianisme, des conciles œcuméniques... J'étais avec la hiérarchie catholique de notre pays il y a quelques semaines à Éphèse, où le nonce apostolique à Ankara et les évêques catholiques ont concélébré la messe dans la cathédrale du troisième concile œcuménique, et on m'a demandé de faire l'homélie. Il ne s'agit pas seulement du concile de Chalcédoine, des lieux des conciles œcuméniques, de Constantinople, mais aussi du monachisme, de l'art sacré, de la théologie, des pères cappadociens... Nous avons tant de lieux sacrés où il faut retourner de temps en temps pour les vénérer, s'en inspirer, revenir aux siècles passés, y prier et mieux connaître le peuple turc, qui est très hospitalier. Tous les étrangers qui viennent ici ont cette impression.
Depuis des années, le Patriarcat œcuménique se distingue dans le domaine de la protection de l'environnement. Face aux processus de numérisation, il existe un risque de perdre la dignité humaine en transférant l'éthique aux ordinateurs. Que pensez-vous de cela ?
Nous respectons la science, nous respectons la technologie. Le Conseil panorthodoxe de Crète de 2016 a déclaré que la science, la technologie, la recherche scientifique sont un don de Dieu, mais d'un autre côté nous reconnaissons qu'il y a des dérives. Nous plaçons la personne humaine, la dignité de la personne humaine, au centre de tout. Bien sûr, la technologie moderne et numérique est beaucoup utilisée dans les écoles, mais cette nouvelle méthode ne peut remplacer l'ancienne méthode d'enseignement basée sur les valeurs spirituelles, sur l'éthique. Je le répète: au centre de tout se trouve la dignité de la personne humaine, autour de laquelle nous devons faire nos choix, en respectant la liberté de la personne humaine.
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