Les évêques cubains rêvent de construire «un pays de frères»
Anna Poce - Cité du Vatican
En ce temps de l'Avent, temps de grâce où «Dieu se manifeste de manière plus proche» et «nous invite à grandir, à nous renouveler, à purifier nos cœurs pour être plus humains et fraternels», les prélats cubains, dans leur message de préparation à Noël, ont rappelé aux fidèles que cette année marque le 25e anniversaire de la restauration de la fête de Noël à Cuba, ainsi que celui de la visite de saint Jean-Paul II sur l'île.
La commémoration du quart de siècle de cette visite, qui a «marqué l'histoire» des relations entre l'Église catholique et le gouvernement cubain, proposée par les évêques au Pape François lors d'une récente rencontre au Vatican, sera célébrée à partir du 24 janvier dans tous les diocèses, avec l'espoir, soulignent-ils, que le cardinal Beniamino Stella, alors nonce à Cuba, puisse y participer.
La solidarité de l'Église avec les familles migrantes
Réfléchissant à la réalité de la nation, l'épiscopat souligne dans son communiqué la prévalence dans le pays d'une atmosphère de «peur, de méfiance, de mensonges et de haine» et invite le peuple, en ce «temps de grâce», à l’espérance «au milieu de tant d'obscurité et de découragement». À l'heure où de plus en plus de Cubains tentent de rejoindre d'autres pays par la mer, l'Église exprime sa solidarité avec ces familles contraintes à l'émigration.
«Nous voulons saluer les familles qui souffrent de l'émigration, et qui ont particulièrement besoin de cette lumière que Jésus a allumée en naissant pauvre et humble à Bethléem, pour qu'elle brille chaleureusement, en leur montrant sa présence proche, solidaire, qui console et réconforte, qui nous donne la certitude qu'en Jésus tous les chemins sont unis et toutes les distances raccourcies», affirment les évêques.
Dieu se fait homme et transforme nos vies
En ce temps d'obscurité, ils invitent les catholiques à reconnaître les «signes que Dieu donne chaque jour, par lesquels il guide, encourage ou avertit des dangers», rappelant qu'à «Noël, Dieu est solidaire de l'humanité, il se fait homme pour que l'homme vienne à Lui, et c'est pourquoi il entre dans nos cœurs pour entrer dans l'histoire humaine et la transformer de l'intérieur». Jésus - poursuivent-ils – «s'arrête devant notre réalité avec compassion» et «vient guérir nos blessures, nous donner réconfort et espérance».
Il «ne nous abandonne jamais et nous invite à faire de même avec nos frères et sœurs les plus nécessiteux, avec ceux qui souffrent de la faim, de la solitude, du manque de liberté et qui attendent un geste de clémence ou de miséricorde de notre part». Quelle joie ce serait - soulignent les prélats - pour les familles et les personnes «de savoir que, ce Noël, un bon nombre de prisonniers obtiennent la liberté et rentrent chez eux pour retrouver une vie normale et commencer ainsi la nouvelle année». Un appel courageux de la part de l'Église, alors que des centaines de prisonniers sont en prison depuis plus d'un an, coupables d'avoir manifesté pour réclamer plus de droits et de liberté au gouvernement cubain.
Appel à la fraternité
Noël «fait ressortir le meilleur de chaque personne», ont ajouté les prélats, «il réveille l'amour de la vie, de la famille, il crée un climat de paix qui nous invite à la rencontre avec Dieu et avec nos frères et sœurs, nous faisant prendre conscience que nous ne sommes jamais seuls. Et Dieu, qui vient pour rester et nous apprendre à regarder la vie avec son regard pour reconnaître sa présence dans notre prochain», appelle chacun à être une lumière pour ceux qui ont besoin de nous - les personnes âgées, les malades ou ceux qui souffrent de graves difficultés et de privations -, en sachant que personne ne peut lutter seul, que «nous avons besoin d'une communauté qui nous soutient et nous aide à regarder devant nous».
Le message lance donc un appel renouvelé à la fraternité. «En ce Noël, nous nous remettons à rêver de construire un pays de frères», disent les évêques, où chacun peut vivre dignement, où l'on s'écoute et dialogue pour discerner l'avenir, où l'on lutte pour le bien de tous, en particulier de ceux qui ont été marginalisés pour diverses raisons. «Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu une grande lumière...», écrivent enfin les responsables de l'Église cubaine, citant les paroles du prophète Isaïe, pour inviter les fidèles à souhaiter que la lumière brille en eux, afin que «là où il y a la peur, la méfiance, la monotonie, le mensonge et la haine, le Christ apporte le courage, l'espérance, l'enthousiasme, la vérité et le pardon» .
Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici