Le cardinal Onaiyekan appelle à éviter la guerre au Niger
Deborah Castellano Lubov - Cité du Vatican
«Pas de guerre, pas de tuerie». C’est ainsi que le cardinal John Onaiyekan, archevêque émérite d’Abuja au Nigeria, décrit, dans une interview accordée à Radio Vatican – Vatican News, sa position sur la situation au Niger voisin. Le cardinal souhaite qu’une «solution pacifique» soit trouvée.
Un mois après le coup d’état militaire du 26 juillet et le renversement du président Mohamed Bazoum, les négociations semblent au point mort au Niger. La Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) continue de menacer le régime militaire d’employer la force armée pour rétablir l’ordre constitutionnel et a imposé des lourdes sanctions économiques et financières contre la junte au pouvoir.
De leur côté, les putschistes accusent la Cédéao d’être «à la solde» de la France, ancienne puissance coloniale dans la région, qu'ils suspectent être derrière l’intervention militaire. La junte nigérienne a décidé ce vendredi 25 août d’expulser l’ambassadeur de France au Niger, lui donnant 48 heures pour partir. Idem pour celui d’Allemagne et des Etats-Unis.
Crise des réfugiés au Nigeria
Au-delà du Niger, le cardinal Onaiyekan est revenu sur le phénomène migratoire dans son pays, le Nigeria. «Tous les jours nous apprenons qu’il y a eu un nouveau naufrage en méditerranée. Nous essayons de décourager les gens de faire ce périlleux voyage mais sans succès» déplore l’archevêque émérite d’Abuja, notamment en raison du manque d’opportunités professionnelles dans leur pays. De plus, selon le cardinal, «si nous accordions à ces personnes des visas pour aller en Europe, en Amérique ou ailleurs, ils voyageraient alors en toute sécurité et nous n’aurions pas affaire à cette situation dramatique».
Il précise ensuite que, malgré les apparences, la plupart des déplacés nigérians se trouvent à l’intérieur même du pays, mais «ils reçoivent moins d’attention car leur souffrance n’est pas connue à l’international». Les déplacements massifs de population à l’intérieur du pays sont la conséquence de «la violence, des petites guerres et des terroristes». Le cardinal nigérian souligne la responsabilité du gouvernement, qui devrait «assurer la sécurité des gens et de leurs biens» au lieu d’être «occupé à faire du profit».
Persécution des chrétiens
Depuis plusieurs années, le Nigéria connait une recrudescence des attaques ethniques et religieuses, notamment à l'encontre des chrétiens qui sont minoritaires dans le pays. Mais sur ce sujet, le cardinal Onaiyekan tempère: «J’entends souvent dire que les chrétiens sont persécutés au Nigeria. C’est en partie vrai, il y a des endroits au Nigeria où être chrétien n’est pas un avantage (…), mais le fait est que tout le pays va mal, les chrétiens comme les musulmans souffrent». Il pointe à nouveau la responsabilité du gouvernement nigérian dans les conflits entre les communautés chrétiennes et musulmanes.
Rôle de la communauté internationale
«Quoique l’on dise sur la mauvaise gouvernance en Afrique, il faut aussi interpeller les puissances et les gouvernements d’Europe, d’Amérique, la soi-disant communauté internationale, qui continuent à faire des affaires avec nos gouvernements» dénonce le cardinal.«Ils permettent des choses qu’ils ne permettraient pas dans leurs pays» ajoute-t-il. L’archevêque émérite d’Abuja prend pour exemple le secteur du pétrole, très important au Nigeria. Il accuse les entreprises internationales de vouloir extraire le pétrole à moindre coût, sans prendre en compte les dégradations infligées aux terres, aux forêts ou aux villages où il se trouve. «Nous, Nigérians, blâmons nos propres dirigeants nigérians, mais nous attendons des autres de défier ceux qui maintiennent cette situation misérable dans notre pays».
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