Éthiopie: la population du Tigré continue à vivre dans une situation précaire

Albertine Solohery - Cité du Vatican avec Fides

Malgré l’accord de paix signé à Pretoria, en Afrique du Sud, en novembre 2022, l’accès des médias au Tigré reste limité et il est impossible de vérifier la situation sur le terrain. En réalité, le nombre de personnes souffrant de malnutrition reste sévère dans cette région nord de l’Éthiopie.

De son côté, Mgr Tesfaselassie Medhin évêque d’Adigrat a essayé de faire la lumière sur l’état actuel du diocèse d’Adigrat, qui couvre tout le Tigré, et sur les défis inimaginables auxquels sont confrontés les fidèles et l’ensemble de la population. «Notre région, autrefois synonyme de beauté et de prospérité raisonnable, a été dévastée par des années de guerre brutale, laissant la population dans une situation désastreuse», a-t-il décrit. Malgré la tragédie et l'angoisse dans lesquelles le peuple du Tigré continue à vivre depuis plus de quatre ans, Mgr Medhin a quand-même souligné que les habitants abordent le nouvel an éthiopien «avec une lueur d'espoir, puisant force et inspiration dans notre foi inébranlable». Il prie pour les acteurs de l'accord de paix afin que «la guerre prenne fin complètement».

Réalités de la vie des habitants du Tigré

«Il s'agit actuellement d'un territoire détruit, d'infrastructures, d'institutions, de services, tous dévastés ou profondément affectés par le conflit», a déploré Mgr Medhin. Selon lui, c'est une réalité de terrain qui n'est pas encore comprise ou perçue par ceux qui croient que l'accord de paix de Pretoria est pleinement en place. Les conséquences de cette dévastation sont désastreuses à savoir «la suspension totale de l'aide alimentaire humanitaire alors que des millions de personnes en ont désespérément besoin». Les personnes déplacées, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du Tigré, vivent dans des conditions totalement précaires, dans des abris temporaires. Dans des abris temporaires et des écoles de fortune, vulnérables, leur vie ne tenant qu'à un fil. Les enfants, qui auraient dû aller à l'école, sont privés de leur droit à l'éducation depuis quatre longues années. Le prélat a regretté que « la pénurie de nourriture et de médicaments est un tueur silencieux, en particulier chez les jeunes et les personnes fragiles».

Un tiers du Tigré est sous le contrôle de forces étrangères et l'occupation a paralysé la capacité de la région à se relever et à se reconstruire. Les routes restent bloquées, isolant les communautés et empêchant l'accès aux services sociaux et aux marchés essentiels.

Appels à secourir la population du Tigré

Poursuivant, Mgr Tesfaselassie Medhin a mentionné les difficultés d’accès aux  «centres pastoraux et aux paroisses qui aggrave la souffrance de nos fidèles, les privant de leur nourriture et de leur orientation spirituelles». Il a interpelé les communautés nationales et internationales à prêter une attention particulière sur la situation désastreuse du Tigré. L’ordinaire du lieu a insisté sur «la responsabilité collective d'alléger les souffrances de la population, de restaurer sa dignité et de reconstruire sa vie». Il a également salué les efforts de toutes les personnes «qui sont solidaires et travaillent sans relâche pour apporter secours et stabilité à cette région déchirée par la guerre». Mgr Medhin a conclu son message, exhortant les chrétiens à «rester fidèles à notre foi, à la grâce et à la miséricorde de Dieu».