Espagne: les évêques s’engagent à lutter contre le fléau des abus
Douleur, demande de pardon et désir de réparation. Tels sont les sentiments exprimés par les évêques espagnols qui, mardi 31 octobre, ont présenté aux journalistes le travail réalisé au cours de l'assemblée plénière extraordinaire tenue la veille, pour analyser le rapport du médiateur Ángel Gabilondo, sur les abus sexuels au sein de l'Église, récemment publié. Il s'agissait de la quatrième assemblée plénière extraordinaire de la conférence épiscopale espagnole (CEE), à laquelle ont participé 88 évêques, dont 31 en personne et 57 par liaison vidéo. Le cardinal Juan José Omella, président de la CEE, et le secrétaire général, Mgr Francisco César García Magán, ont rendu compte mardi matin des deux points-clés qu'ils ont analysés: l'étude et l'évaluation du rapport présenté par le médiateur, ainsi que l’étude de la demande du cabinet Cremades&Calvo Sotelo de prolonger le délai de travail qu’il effectue pour le compte de la conférence épiscopale espagnole.
Travailler ensemble à la réparation globale
Les évêques ont exprimé leur tristesse pour les dommages causés par les abus sexuels commis par certains membres de l'Église, réitérant leur demande de pardon aux victimes. Ils ont émis leur désir de travailler ensemble à une réparation globale, pour la protection et le soutien des survivants, également pour la prévention des abus.
La CEE s'est dite cependant, surprise de l'extrapolation faite à partir de certaines données obtenues dans une étude jointe au rapport. «Elles ne correspondent pas à la vérité», peut-on lire dans un communiqué publié par la conférence épiscopale espagnole, «et ne représentent pas non plus le groupe de prêtres et de religieux qui travaillent loyalement et avec dévouement au service du Royaume». Plusieurs journalistes présents à la conférence de presse ont insisté sur le nombre de victimes, mais le président de l'épiscopat a expliqué qu'il ne voulait pas aborder la question des chiffres: «Ce sont des victimes», a-t-il dit, «c'est la seule préoccupation». Les évêques ont assuré qu'ils travailleront à la réparation et au soutien: «Il y a une volonté de la part de tout le monde», ont-il souligné.
Un fléau aussi social
La conférence épiscopale a également assuré s'associer à la demande du médiateur, qui exhorte l'État à mettre en œuvre les recommandations contenues dans le rapport aux différentes institutions, afin qu'elles assument leurs responsabilités pour mettre fin à ce fléau, qui affecte l'ensemble de la société. Outre la responsabilité de l'Église dans la question des abus, l'étude présente une vision générale du problème en dehors de l'Église: les abus sexuels sur les enfants sont un problème social auquel toutes les institutions publiques et les entreprises privées ont le devoir de répondre, peut-on lire. «Ne pas prendre en compte l'ampleur du problème et sa dimension largement extra-ecclésiale revient à ne pas s'attaquer aux causes du problème et à le perpétuer dans le temps», ont affirmé les évêques. «Un seul cas d'abus est intolérable», ont-ils ajouté, tout en exprimant leur engagement à éradiquer les abus sexuels sur les enfants dans l'Église et dans la société.
"Il est injuste de suspecter tous les prêtres et religieux"
Au cours de la conférence de presse, le secrétaire de la CEE, Mgr Francisco César García Magán, a tenu à souligner «qu'il est injuste et faux d'étendre une ombre d'obscurité et de suspicion sur tous les prêtres et les personnes consacrées». «La grande majorité de nos prêtres et religieux, a-t-il ajouté, travaillent avec fidélité et désintéressement, au service du peuple de Dieu, tant dans les paroisses que dans les communautés, et dans les zones de cette Espagne vide et rurale, en offrant un service spirituel et un accompagnement, car nous parlons de solitude et d'une population âgée. Nous avons là de nombreux prêtres qui font des heures héroïques», a-t-il affirmé pour conclure.
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