Recherche

Des fleurs et bougies en mémoire des victimes de la frappe qui a tué au moins 52 villageois de Groza, dans l'Est de l'Ukraine. Des fleurs et bougies en mémoire des victimes de la frappe qui a tué au moins 52 villageois de Groza, dans l'Est de l'Ukraine.  (AFP or licensors)

Groza: Mgr Honcharuk dénonce une «agression maniaque» en Ukraine

Au lendemain de la frappe qui a tué au moins 52 civils à Groza, à 35 km de la ligne de front dans l’est de l’Ukraine, des bombes ont visé le centre-ville de Kharkiv, tuant au moins un enfant, rapporte Mgr Pavlo Honcharuk. L’évêque latin de Kharkiv-Zaporijia est toujours sur place. Il remercie ceux qui prient pour son pays.

Svitlana Dukhovych et Marie Duhamel - Cité du Vatican 

L’Organisation des Nations unies «consternée». Plusieurs capitales occidentales ont condamné l’attaque qui a fait au moins 52 victimes dont un enfant et six blessés jeudi 5 octobre dans le petit village de Groza, situé à l’est de l’Ukraine, à 35 km à l’ouest de la ligne de front.

Vendredi matin, le Kremlin affirme ne viser «que des cibles militaires», mais «tout porte à croire» qu’il s’agit d’une frappe russe, indique le Haut-Commissariat aux droits de l’homme. Une équipe d’enquêteurs envoyée par l’agence onusienne arrivera samedi sur place.

La frappe a visé un café qui était plein à l’occasion d’une cérémonie funéraire. Y étaient réunis la famille et les proches d’un jeune soldat décédé un mois après le début de l’offensive russe et précédemment enterré à Dnipro, à l’époque son village était occupé par les Russes. Du bar, «il ne reste plus qu’une partie de trois murs porteurs», décrit l’AFP.

Parmi les 52 victimes, «presque un villageois sur six», souligne l’évêque latin de Kharkiv-Zaporijia, se trouvait la femme du soldat, son fils et des membres de sa famille proche. Plusieurs cadavres n’ont pu être identifiées, trois personnes sont portées disparues. «Comme le missile a frappé directement (le café), il est probable qu'on ne puisse même pas retrouver leurs traces», explique Mgr Pavlo Honcharuk. Les services de l’identification criminelle procèderont à des tests ADN à Kharkiv.

Trois jours de deuil décrétés

Ces dernières heures, le village de Groza n’a pas été la seule cible de frappes dans la région. «Pour la quatrième fois cette semaine, rapporte l’évêque ukrainien, de nouveaux missiles russes ont touché des maisons et des infrastructures civiles dans le centre de Kharkiv ce matin». Un missile est tombé à 180 mètres de l'évêché et, déjà, «l'on sait qu’un garçon de 10 ans est mort dans les décombres», assure Mgr Pavlo Honcharuk. Il conteste les dires du Kremlin. Les raids ont visé le centre-ville, où ne se trouve aucun militaire. «Mais les Russes agissent de la sorte, poursuit l'évêque latin, dans notre région de Kharkiv, ils frappent systématiquement les villes et les villages, si bien que chaque jour, une ou deux personnes sont tuées. La guerre continue et malheureusement beaucoup de gens meurent, mais nous continuons à être proches des gens: nous prions, nous les aidons... Nous sommes conscients du danger, nous savons que nous pouvons mourir à tout moment, mais nous essayons de ne pas trop y penser et de faire simplement ce que nous pouvons».

Peu importe, l’évolution de la situation sur la ligne de front, les évêques, prêtres, religieux et religieuses, restent à leurs postes, dans leur pays, auprès de ceux qui le défendent et de ceux qui souffrent de la guerre. La santé mentale des consacrés est comme celle de leurs concitoyens mise à l’épreuve: «Il n'est pas facile, même pour les pasteurs, de faire face à la réalité dans laquelle les terribles scènes de mort et de destruction se répètent presque chaque jour».

Chapelet pour la paix en Ukraine

En ce mois d'octobre où le Pape a exhorté les fidèles à prier le chapelet pour la paix «en Ukraine martyre et dans toutes les terres blessées par la guerre» (Angélus, 1er octobre 2023), l'évêque latin de Kharkiv-Zaporijia s'associe à cet appel et exprime sa gratitude envers tous ceux qui prient pour l’Ukraine et apportent de l’aide à ce pays envahi par les troupes russes et qui depuis souffre d'une «agression maniaque». «C'est injuste parce que quelqu'un a pénétré sur le territoire de quelqu'un d'autre, quelqu'un d'autre est entré dans la maison de quelqu'un d'autre et tue tous ceux qu'il rencontre. Nous ne pouvons pas rester indifférents, clame l’évêque ukrainien, c'est pourquoi nous vous remercions pour vos prières, nous vous demandons de continuer à nous aider». Il espère que son pays ne sera pas oublié et que le monde ne cèdera pas, dit-il, «à la manipulation de ceux qui disent que nous devons cesser d'aider l'Ukraine ou pousser l'Ukraine à céder une partie de son territoire».

Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici

06 octobre 2023, 13:51