Les évêques centrafricains invitent les fidèles à la coresponsabilité dans la mission
Christian Losambe, SJ – Cité du Vatican
Au terme de leur assemblée plénière ordinaire tenue du 8 au 15 janvier 2024, les évêques de Centrafrique ont adressé un message au peuple de Dieu en la cathédrale Notre-Dame de l’Immaculée Conception de Bangui. Au cours de cette session, la Conférence épiscopale centrafricaine a choisi d’approfondir la thématique de la mission dans le sillage du Synode sur la synodalité, «évaluant ainsi les activités des différentes sections des conseils pastoraux et définissant les orientations ainsi que les initiatives à entreprendre pour rendre ces dernières plus efficaces».
Parcourant, par ailleurs, l’expérience synodale vécue aux niveaux paroissial, diocésain, national et, tout récemment, lors de la première session de la 16ème Assemblée générale ordinaire du Synode des évêques tenue à Rome du 04 au 28 octobre 2023, la CECA a souligné que cet itinéraire spirituel a permis de «relever les atouts et les valeurs à consolider, à savoir la libéralisation de la parole, l’écoute mutuelle, l’inclusion des marginalisés, le discernement et le respect du sens de la foi des fidèles».
Promouvoir la coresponsabilité dans la mission
Découlant du mystère de la Sainte Trinité, ont expliqué les évêques de la RCA, «l’Église n’a de finalité que celle d’annoncer la Bonne nouvelle dans le monde», précisant que «la mission est la nature profonde de l’Église, et la synodalité en est le chemin». Le Concile Vatican II, avec sa compréhension de l’Église comme Mystère, peuple de Dieu, Communion et Temple de l’Esprit Saint, ont-ils poursuivi, «a insufflé une nouvelle dynamique d’être en Église qui rompt fondamentalement avec la compréhension pyramidale antérieure».
Cependant, a déploré la CECA lors des larges consultations du peuple de Dieu sur la synodalité, «nombre de chrétiens ont dénoncé le manque de coresponsabilité entre clercs et laïcs dans le mode d’organisation, de fonctionnement et de gouvernement de l’Église et de l’annonce de l’Évangile». Reconnaissant que sortir de la rivalité stérile entre clercs et laïcs représente aujourd’hui un défi urgent qui s’impose au sein de l’église centrafricaine, les évêques ont indiqué que «cette sortie passe par la conversion des mentalités, des esprits et des cœurs, une meilleure articulation du sacerdoce commun et ministériel, une redéfinition du sens de l’autorité et la coresponsabilité dans la mission».
La synodalité, un appel à redécouvrir le sens de l’autorité
En cette année de la mission, ont laissé entendre les évêques centrafricains, la synodalité apparaît ainsi comme «un appel du Seigneur à marcher ensemble, prêtres et fidèles laïcs, en assumant la responsabilité commune de servir la communauté, chacun selon sa vocation propre».
Saluant l’engagement des laïcs dans la dynamique de l’autoprise en charge et leur implication dans la réhabilitation, l’agrandissement et la construction des églises et chapelles, la CECA les a aussi invités à redécouvrir le sens de l’autorité comme service à l’image du Christ-Serviteur. «Une autorité qui se fait service ouvre nécessairement au discernement des charismes, des dons et des ministères dans l’Église. La diversité des dons, des services et des activités, loin d’être source de conflits ou de rivalité, sont en réalité au service de la mission», a explicité la Conférence épiscopale centrafricaine.
A cet effet, dans la dynamique de la marche vers la deuxième Assemblée générale du Synode, prévue en octobre 2024, les évêques centrafricains ont encouragé les communautés ecclésiales de base, les communautés paroissiales et les différentes instances diocésaines à «repenser les structures paroissiales, les modes de gouvernement et de décisions de notre Église particulière de telle manière que les réflexions débouchent sur des propositions concrètes valorisant les charismes et les ministères de chacun». Un chemin qui ne peut être pleinement envisagé que «lorsque nous prenons le pari de la vérité et demeurons sous l’action de l’Esprit, lui qui doit nous mener à la vérité toute entière», ont-ils précisé.
Promouvoir la vérité dans la mission
La mission de l’Église consiste à annoncer le Christ, «Lui qui est le Chemin, la Vérité et la Vie» (cf. Jn 14, 6). Sur ce, «l’annonce de l’Évangile impose à l’Église toute entière d’être de façon permanente en phase avec la vérité, à y demeurer, à la promouvoir», ont expliqué les évêques de Centrafrique, rappelant à tout le peuple son engagement à éclairer les sombres situations de la vie en RCA. «Il s’agit des abus de pouvoir, de la misère sociale et de la pauvreté endémique, de l’insécurité, de la destruction du système éducatif et de la crise des valeurs fondamentales, de l’impact négatif de l’utilisation des réseaux sociaux et de nouvelles technologies, et des catastrophes naturelles, notamment les inondations des mois de novembre et de décembre 2023 et leurs conséquences…Toutes ces situations sont autant de défis qui s’imposent aujourd’hui à nous», ont-ils mentionné.
Exprimant sa proximité à tous les chrétiens persécutés à cause de leur intégrité morale et par fidélité à leur foi, la Conférence épiscopale centrafricaine a invité les fidèles à dénoncer les maux de leur société et à s’engager résolument à y trouver des solutions. «Chacun de nous doit être la voix du Christ qui continue à encourager ses frères et sœurs à avancer sur la voie qui conduit à la libération de toutes les misères, des désinformations et des conditionnements qui avilissent l’humain. Nous sommes appelés à porter la voix des périphéries en cherchant avant tout à y répondre nous-mêmes comme missionnaires de la miséricorde de Celui qui nous envoie», a déclaré la CECA.
Faire preuve de compassion
S’appuyant sur la mission du Christ qui le conduisit à partager la vie de toutes les personnes en détresse qu’il rencontrait, se mettant à leur écoute et partageant leurs souffrances, les évêques ont exhorté les chrétiens centrafricains à la compassion. «Faire preuve de compassion ne consiste pas seulement à faire montre d’empathie, à prodiguer des conseils ou à apporter une quelconque aide. La véritable compassion naît d’un cœur qui écoute les cris des autres et qui se laisse attendrir par leur détresse. Compatir avec les autres, c’est se laisser toucher par leurs souffrances et les partager», ont-ils expliqué.
La Conférence épiscopale a, par ailleurs, encouragé les actions du gouvernement, des acteurs humanitaires et de la MINUSCA qui, parfois au péril de leur vie, ne cessent d’apporter leur aide aux personnes fragilisées par l’insécurité ou par les catastrophes naturelles. Elle a, en outre, encouragé les fidèles catholiques ainsi que les hommes et les femmes de bonne volonté à cultiver davantage le sens de la solidarité et à écouter les cris de leurs frères et sœurs qui se retrouvent dans des situations de détresse, sans rien attendre au retour. «N’oublions pas que le Christ est présent en ces personnes éprouvées, car, dit-il, ‘chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait », ont rappelé les évêques.
«Puisse l’intercession de la Bienheureuse Vierge Marie, la Mère de toute compassion, guider nos différents apostolats et engagements en cette année de la mission». C’est par ces mots de bénédictions que la Conférence épiscopale a clot son message adressé aux fidèles centrafricains dimanche 14 janvier 2024, en la cathédrale Notre-Dame de l’Immaculée Conception de Bangui, lu par le président de la CECA et l’évêque de Bossangoa, Mgr Nestor-Désiré Nongo Aziagbia.
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