Mozambique: les attaques djihadistes obligent les missionnaires à fuir
Lisa Zengarini – Cité du Vatican
Après une période de calme relatif, suite au déploiement des Forces armées de défense du Mozambique (FADM), puis des forces de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), l'insurrection menée par l'État islamique (Daesh) a récemment repris dans la province mozambicaine de Cabo Delgado. Depuis le début de l'année 2024, la région septentrionale où l'insurrection a éclaté en 2017, se propageant ensuite aux provinces voisines, connaît une nouvelle recrudescence des attaques.
Des sources locales ont signifié à l'organisation caritative catholique Aide à l'Église en détresse (AED), que les attaques ont également touché des communautés chrétiennes, forçant les prêtres, les religieuses et d'autres collaborateurs de l'Église à fuir, vers des villes déjà submergées par les personnes déplacées, à l'intérieur de leur propre pays.
Mission réduite en cendres à Mazeze
Le dernier incident en date est l'incendie de l'église et des bureaux de la mission Notre-Dame d'Afrique à Mazeze, dans le diocèse de Pemba, à la suite d'un attentat terroriste perpétré le 12 février dans la ville portuaire, qui fait office de capitale de la province. Comme le rapporte l'agence Aciafrica, l'attaque a été confirmée dans une interview accordée à Radio Pax par le prêtre de la paroisse dépendante de l'archidiocèse catholique de Beira. Aucune victime n'a été enregistrée selon lui. Il a également déclaré avoir réussi à sauver du feu le Saint Sacrement et les livres des sacrements qu'il avait apportés avec lui.
Maisons et églises détruites le 9 février
L’AED a appris que trois jours plus tôt, le 9 février, des terroristes avaient également détruit des maisons et des églises dans plusieurs villages de la province. Selon des sources locales, bien que les insurgés ne font habituellement pas de distinctions entre musulmans et chrétiens, ils ont mené des attaques contre des communautés spécifiquement chrétiennes, y compris des cas où ils ont séparé les personnes en fonction de leur religion, et exécuté des chrétiens.
Un million de personnes déplacées par le conflit
Le conflit au Mozambique a fait plus de 4 000 morts et, selon le HCR, l’agence des Nations unies pour les réfugiés, on estime à un million le nombre de personnes déplacées dans la région, soit 3% de la population totale, des zones rurales vers les villes surpeuplées.
Le soutien de l'Église
L'Église catholique soutient les personnes déplacées au Mozambique tout en essayant de faciliter une résolution pacifique du conflit. L’aide de l'AED au Mozambique comprend une assistance pastorale et des conseils aux victimes du terrorisme, des véhicules pour les missionnaires et la construction de centres communautaires. Dimanche 18 février, lors de la prière de l'Angélus, le Pape François a attiré l'attention sur la résurgence de la crise au Mozambique. Il a invité à «prier pour que la paix revienne dans cette région tourmentée».
Attentats en 2023
La diminution du nombre d'attaques des insurgés dans le nord du Mozambique au cours de l’année 2023, avait conduit les observateurs internationaux à être modérément optimistes. Selon l'armée mozambicaine, à la mi-décembre, la sécurité avait été rétablie dans 90 % du territoire de Cabo Delgado. Cependant, plusieurs experts indépendants avaient prévenu que les djihadistes, loin d'être définitivement vaincus, n'avaient que temporairement réduit leurs attaques, mais qu'ils étaient prêts à frapper à nouveau dès que la SADC commencerait à retirer son contingent. Le processus de retrait devrait s'achever en juillet 2025.
En outre, dans leurs nouvelles attaques, les insurgés ont adopté une nouvelle stratégie pour rallier à eux la population, comme le rapportent des résidents locaux cités par l'agence Fides: plutôt que de tuer les civils, ils les taxent, préservant leur vie et leurs biens, tandis que les musulmans sont encouragés à rester et invités à se joindre à eux pour la prière communautaire du vendredi.
Malgré ces incertitudes, la compagnie pétrolière française Total Energies a annoncé qu'elle envisageait reprendre la construction de son usine de gaz naturel liquéfié (GNL) dans la région, d'un montant de 20 milliards d'euros, après avoir reçu le feu vert du président mozambicain Filipe Nyusi, qui a assuré que le projet pouvait être relancé en toute sécurité. Le projet avait été suspendu en avril 2021.
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