Le Pape salue les Congolais, après la marche pour la paix en RDC
Stanislas Kambashi, SJ – Cité du Vatican
Les massacres des populations civiles, le pillage des ressources minières, les attaques à répétitions des groupes armés, dont le M23, les déplacements massifs sont devenus le quotidien des populations de l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC). Les Congolais, partout dans le monde, ne cessent d’élever la voix et de mener des actions pour dénoncer ce qu’ils qualifient de «génocide congolais», qui a fait, selon le bilan inscrit sur les banderoles aperçues dimanche à Rome, jusqu’à «12 millions de morts». Pour implorer la paix dans leur pays, les évêques de la RDC ont invité à intensifier la prière. C’est dans ce cadre que l’aumônerie catholique congolaise a organisé une messe, suivie d’une marche pour la paix, qui a abouti sur la place Saint-Pierre dimanche 10 mars, où le Pape François leur a témoigné son affection pour le drame que vit leur pays, tout en appelant à la fin des hostilités. Plus d’une centaine de congolais ainsi que des ressortissants d’autres pays ont pris part à ces événements.
«J'accueille avec affection la communauté catholique de la République démocratique du Congo à Rome. Prions pour la paix dans ce pays, ainsi que dans l'Ukraine tourmentée et en Terre Sainte. Que cessent au plus vite les hostilités qui causent d'immenses souffrances aux populations civiles», a lancé le Saint Père.
Les Congolais ont le droit de vivre dans la joie
Comme prévu, la journée a commencé par la messe, célébrée à l’aumônerie catholique congolaise de Rome et présidée par Mgr Ricardo Lamba, évêque auxiliaire de Rome. Dans son homélie, le futur archevêque de Udine, au nord-est de l’Italie, a relevé le contraste entre la joie –Laetare– qui désigne ce quatrième dimanche de Carême, et les souffrances atroces que vit la population congolaise. Il a souligné le droit pour chaque peuple, les congolais en particulier, de vivre dans la joie qu’annonce la Résurrection que nous allons bientôt célébrer.
«Assez avec la guerre, nous voulons la paix, retirez vos mains de notre pays»
«Retirez vos mains de la République Démocratique du Congo». C’est cette phrase du Pape prononcée lors de son voyage en RDC qui a été choisie comme devise pour accompagner cette marche à travers les rues de la capitale italienne. Drapeaux en mains et arborant les couleurs nationales –bleu, rouge et or– les Congolais et sympathisants de la RDC ont marché dans la paix, en entonnant des chants religieux et en scandant un message clair: «Assez avec la guerre, nous voulons la paix, retirez vos mains de notre pays, déjà 12 millions de morts au Congo». Ces mêmes phrases étaient inscrites sur les banderoles portées et visibles en première ligne.
Cette marche avait aussi pour but de dénoncer l’indifférence et le silence, qualifié de «coupable» au regard des atrocités et de l’exploitation illégale dont est victime la RDC. «De nombreux massacres et déplacés internes et externes des populations dans la partie Est et Nord-Est de la République Démocratique du Congo (RDC) sont perpétrés sous le regard silencieux, indifférent et complice de la communauté internationale», avait écrit l’aumônerie catholique congolaise de Rome dans son communiqué annonçant cette messe et cette marche.
Ont également pris part à ces événements, l’ambassadeur de la RDC près l’État italien, Paul Emile Tshinga, ainsi que l’ambassadeur haïtien près le Saint-Siège, Jean Jude Piquant. Empêché, le diplomate congolais près le Saint-Siège s’est fait représenter par son épouse, Louise Ndagano. Des prêtres, religieux et religieuses, des amis du Congo et de la paix d’origine congo-brazzavilloise, camerounaise, cubaine, italienne, suisse, malienne, espagnole, ainsi que de nombreux autres pays sont également venus soutenir les congolais.
Une instabilité qui cause des millions de déplacés
En trois décennies d’instabilité, plusieurs rapports font état des millions de morts dans les régions Est de la RDC. Ces dernières semaines, les Congolais ont organisé des manifestations à l’intérieur comme dans d’autres pays pour dénoncer la recrudescence des violences dans la partie Est de leur pays, provoquée par des groupes armés, dont le M23, majoritairement tutsi, qui a repris les armes fin 2021 et qui, avec l'appui de l'armée rwandaise, selon les experts de l’ONU, s'est emparé de larges pans des territoires de Rutshuru et Masisi, jusqu'à couper début février toutes les voies d'accès terrestres menant à Goma, chef-lieu du Nord-Kivu, sauf celle de la frontière avec le Rwanda.
Des combats intenses sont actuellement en cours entre l’armée congolaise et ces miliciens dans plusieurs villes et villages proches de Goma. Ce dimanche 10 mars, des déplacements massifs de populations suite à l’offensive des M23 ont été signalés par des témoins et des agences. Mercredi 6 mars, après deux jours de combats, la ville de Nyanzale est passée aux mains du M23, entraînant la fuite de «plus de 100.000 personnes», a indiqué OCHA, l'agence de coordination humanitaire de l'ONU.
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