Talitha Kum: la lutte contre la traite des personnes est une urgence
Stanislas Kambashi, SJ – Cité du Vatican
Fondé en 2009 par l’Union internationale des supérieures majeures (UISG), Talitha Kum est présent dans 90 pays des cinq continents. Ses membres, organisés en réseaux, sont engagés dans la lutte contre l’esclavage et la traite de personne, dont les formes varient suivant les contextes. Parmi les délégués à la deuxième assemblée générale, certains se sont exprimés au micro de Radio Vatican-Vatican News, relevant les formes d’exploitation contre lesquelles ils luttent dans les pays où ils œuvrent, comme en Afrique du Nord, au Burkina Faso, en République démocratique du Congo, au Canada.
Quelques formes de traite des êtres humains
Les personnes migrantes tombent souvent victimes des mauvais traitements, notamment dans les pays d’Afrique du nord, témoigne un membre de Talitha Kum. Certaines d’entre elles, en provenance des pays d’Afrique subsahariens surtout, sont prises des endroits habités et amenées presqu’au désert, une manière de les pousser à retourner dans leurs pays. D’autres sont obligées de travailler dans la clandestinité et doivent par conséquent accepter le montant de paiement souvent dicté par celui qui les embauche. Cette situation est récurrente tant dans des pays d’Europe que d’Amérique, mais aussi dans d’autres continents. Les migrants sont notamment exploités dans les chantiers de construction.
L’exploitation sexuelle des femmes et des jeunes filles est aussi répandue, racontent les délégués de Talitha Kum. Elles sont séquestrées et obligées de prostituer, et doivent donner de l’argent aux personnes qui les ont fait voyager, lorsqu’elles sont dans des pays étrangers. Dans les zones où sévissent les violences armées, les femmes et les jeunes filles sont kidnappées par des bandes armées et sont exploitées sexuellement. D’autres encore connaissent des violences dans des camps des déplacés. La plupart des personnes victimes de la traite fuient la misère, le réchauffement climatique, la guerre, ou d’autres formes de vulnérabilité, estime Talitha Kum.
Des actions de sensibilisation et d’autonomisation
Au niveau de l’Afrique, Talitha Kum mène des actions de sensibilisation contre la traite des êtres humains et d’accompagnement des personnes exploitées en vue de leur autonomisation. C’est ce qu’a indiqué Sœur Yvonne Clémence Bambara, religieuse de la Congrégation des Sœurs de Notre-Dame de Charité du Bon Pasteur et coordinatrice Afrique de Talitha Kum. «Nous essayons d'abord de faire de la sensibilisation pour que les personnes prennent conscience de la réalité de la traite dans nos pays», a-t-elle déclaré, précisant que la sensibilisation est menée à tous les niveaux: des hommes, des femmes, des enfants, des jeunes et dans différents lieux tels que les paroisses, les écoles et dans les quartiers, etc. Pour la religieuse, cette conscientisation porte beaucoup de résultats.
Les réseaux de cette fondation mènent aussi des actions d'autonomisation des personnes victimes. Une fois accueillies dans des structures existantes, elles bénéficient de l’écoute, d'accompagnement psychologique. Elles apprennent ensuite des métiers qui leur permettent de se prendre en charge quand elles réintègrent la vie en société, pour ne pas retomber dans la traite. C’est le cas d’un centre installé à Bukavu, dans l’Est troublé de la RD Congo, où les jeunes filles reçoivent une formation en couture et des machines à coudre.
Le plaidoyer auprès des partenaires
Talitha Kum mène aussi des plaidoyers auprès des partenaires qui peuvent changer la situation. Dans certains pays, la difficulté qui se présente est celle de ne pas pouvoir agir de manière ouverte, au risque de s’attirer des ennuis. Dans d’autres, ils ont du mal à se faire entendre et demandent le soutien des personnes de bonne volonté. Pour impliquer la jeunesse, Talitha Kum Afrique forme les «jeunes ambassadeurs», des filles et garçons de 18 à 25 ans, qui s’engagent aussi dans les actions de sensibilisation et de plaidoyer.
Le respect de la dignité de la femme est un moyen de lutter contre la traite
Outre la sensibilisation et les plaidoyers, un autre moyen de lutter contre l’exploitation sexuelle des femmes par exemple est de «former les hommes à respecter les femmes» et à ne pas les violenter. C’est ce que pense le père Bernard Hugeux, missionnaire d’Afrique de nationalité belge, en mission depuis 40 ans en RD Congo. Il estime aussi qu’il faut rendre les personnes vulnérables indépendantes du point économique et leur offrir l’éducation et des formations professionnelles pour qu’elles ne soient pas victimes de la traite. Il faut surtout ramener la paix pour mettre en sécurité les populations, estime le missionnaire belge. La religieuse canadienne Isabelle Couillard, Sœur grise de Montréal, exhorte les gouvernements à considérer toutes les personnes «comme des êtres humains à part entière» et à offrir aussi «aux citoyens d’ailleurs» des bonnes conditions de travail, car ils contribuent à la vie sociale et économique des pays d’accueil.
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