Recherche

Lors des commémorations à Sainte-Mère-Église, le 6 juin 2024. Lors des commémorations à Sainte-Mère-Église, le 6 juin 2024.  (AFP or licensors)

80 ans du Débarquement: la CEF appelle à «servir une véritable culture de le paix»

La Conférence des évêques de France exhorte les citoyens à «honorer ceux qui ont mis leur vie en jeu pour nous» lors du débarquement sur les plages normandes le 6 juin 1944. Dans une déclaration publiée le 5 juin, les évêques appellent les Français à voter en faveur d’une «Europe de nations toutes ouvertes au monde entier» lors des élections européennes organisées ce dimanche 9 juin dans l’Hexagone.

Alexandra Sirgant – Cité du Vatican 

À l’occasion de la commémoration des quatre-vingts ans du débarquement, les évêques français exhortent les citoyens européens, appelés aux urnes du 6 au 9 juin pour désigner leur prochain Parlement, à faire honneur à «ceux qui ont mis leur vie en jeu pour nous». Dans une déclaration publiée ce mercredi 5 juin, la CEF déclare espérer que la mémoire du débarquement en Normandie «renouvelle le désir de servir une véritable culture de la paix, bénéfique pour la France, pour l’Europe et pour le monde».

Une dette européenne à l’égard du monde entier

Le 6 juin 1944, des dizaines de milliers de jeunes, venant «de tous les pays du monde» débarquèrent sur les plages de Normandie, sous le feu des troupes de l’Allemagne nazie. Cette opération militaire baptisée Neptune permettra l’ouverture d’un nouveau front à l’ouest contre les forces de l’Axe et sera ainsi déterminante dans la libération de la France et du reste de l’Europe. «Nous sommes en dette, nous Européens, à l’égard de ces hommes et de ces femmes», écrivent les membres du Conseil permanent des évêques de France à la veille des commémorations en France des quatre-vingts ans du débarquement. Ces soldats alliés sont venus combattre «pour que nous autres, pays de la vieille Europe, puissions à nouveau vivre libres» et ce, malgré la diversité de leurs origines et de leurs religions. «Nous, Européens, plus que les autres peuples de la terre, avons une dette à l’égard du monde entier».

N'oubliant pas les imperfections ni les intérêts que venaient servir ces soldats, la CEF rappelle qu’à la différence des nazis et des soviétiques, «ils se battaient pour que l’humanité́ soit faite d’êtres humains, tout simplement, dans leur diversité, rendus capables de vivre, de sentir, de partager, d’imaginer, de construire à hauteur d’hommes mais avec toute l’énergie et l’inventivité dont l’humanité est capable». Un combat à qui la France et le reste du continent doivent «la liberté, le prospérité et la paix dans lesquelles nous vivons en Europe occidentale», mais aussi la transformation de l’ordre politique mondial à travers la diffusion de «l’idée de libre détermination, d’égalité politique et de liberté» qui entamera «la fin des empires coloniaux».

Le président de la CEF, Mgr Éric de Moulins-Beaufort, accompagné de l’ensemble des membres du Conseil permanent, déclare faire mémoire «avec gratitude, avec une infinie reconnaissance» et prier pour les familles des soldats ainsi que des civils victimes des bombardements et des combats. 

De l’Europe des nations à l’Europe «de nations toutes ouvertes au monde entier»

Quatre-vingts ans plus tard, les évêques français exhortent les citoyens européens, appelés aux urnes du 6 au 9 juin pour désigner les parlementaires qui siégeront ces cinq prochaines années, à faire honneur à «ceux qui ont mis leur vie en jeu pour nous». «Nous n’avons pas le droit de construire notre Europe comme un ensemble d’États repliés sur leur identité, soucieux de leurs seuls intérêts, alors que tant de fils de l’Amérique et de l’Océanie et l’Afrique se sont battus pour que nous ne vivions pas sous le joug de l’idéologie, celle de la race ou celle de la collectivisation» martèlent-ils. «Nous n’avons pas le droit de négliger nos responsabilités à l’égard du monde entier, alors que le monde entier s’est mobilisé pour nous permettre d’être maîtres de notre destinée».

«Alors que nous nous préparons à élire dimanche nos représentants au Parlement européen, ne nous trompons pas de questions ni d’enjeux», mettent en garde les évêques français. Parmi ces enjeux, celui «de traverser la crise écologique sans conflits meurtriers et sans morts de millions d’êtres humains» ou encore de «soutenir la lutte de l’Ukraine pour ne pas permettre que les droits légitimes des peuples se transforment en droits de prédation et de conquête au profit d’une race, d’une ethnie, d’une nation plus ou moins fantasmée, tentations à quoi nous avons si souvent succombé».

Enfin, la conférence épiscopale souligne le défi de transformer l’Europe des nations en «Europe de nations toutes ouvertes au monde entier et attentives aux besoins et aux réalités des autres», s’inscrivant ainsi sur le choix spirituel à l’origine de la création de l’Union européenne: «la décision de travailler à la réconciliation de peuples qui s’étaient si souvent opposés au long des siècles».

Redonner le goût de vivre et la confiance aux Européens

Cependant, la responsabilité des citoyens européens à l’égard de leur continent et du reste du monde «ne s’arrêtera pas» le 9 juin, préviennent les évêques français. L’Union européenne doit redonner de l’espérance à ses concitoyens, car peu nombreux sont celles et ceux aujourd’hui «qui affirmeraient que leurs enfants vivront mieux qu’eux». «Comment l’Union européenne peut-elle nous aider encore davantage à faire émerger un projet national qui donne le goût de vivre et la confiance nécessaires pour être capables d’accueillir celles et ceux qui voudraient nous rejoindre?» s’interroge alors la CEF.  

Elle s’interroge également sur les façons dont l’Union européenne peut encourager à organiser des systèmes hospitaliers accompagnant mieux dans la maladie et la douleur, rappelant les débats entourant le projet de loi sur la fin de vie en France. «Quoi qu’on en dise, il prétend faire accéder à un droit nouveau: celui de demander à la société de nous autoriser à mourir plus vite ou de nous faire mourir. Comme si la liberté n’était pas plutôt de pouvoir vivre et vivre jusqu’au bout en étant soutenus, portant ensemble la douleur et la souffrance, entourés d’amitié et d’affection» écrivent-ils.

Se focalisant sur la France, menacée par «le terrorisme et aussi par la drogue», les évêques français se demandent «comment (…) nous aider à trouver dans l’intériorité, l’expérience de la beauté et de la vérité l’intensité de la vie?». Ils soulignent enfin la responsabilité du vieux continent dans la crise climatique actuelle. Rappelant la mise en place en 2019 du Pacte vert européen, visant à réduire les émissions nettes de gaz à effet de serre d’au moins 55 % d’ici à 2030, la CEF en appelle à chacun à être plus exigeant «pour que notre continent, qui a tant et tant profité du vaste monde, soit un acteur premier d’une manière nouvelle d’être et d’avoir».

Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici

06 juin 2024, 14:18