Naufrage en Méditerranée: les évêques calabrais dénoncent l’indifférence
Federico Piana - Cité du Vatican
La voix de l'Église calabraise s'élève à nouveau, toujours plus forte. Cette fois pour dénoncer ce que les évêques appellent une nouvelle tragédie anonyme et invisible en mer. Ils gardent en tête les images du terrible naufrage survenu mi-juin, à 200 kilomètres milles de la côte italienne, et ils ne peuvent oublier ni les dizaines de morts, dont de nombreux enfants, ni les regards perdus et anéantis des survivants qui ont débarqué dans le port de Roccella.
Face au choc, les évêques du sud de l’Italie s’insurgent contre l'anesthésie des consciences et contre les mesures politiques à courte vue, incapables d'empêcher de telles tragédies.
Le poison de l'accoutumance
Selon Mgr Fortunato Morrone, archevêque de Reggio Calabria-Bova et président de la Conférence épiscopale de Calabre (CEC), l'indifférence est l'un des maux qui empoisonnent la politique, y compris la politique européenne.
«Ces massacres de migrants se répètent trop souvent et tout cela crée malheureusement une accoutumance», a-t-il déclaré aux médias du Vatican. Mais il explique ensuite, qu'à un moment donné, l'indifférence devra régler ses dettes avec la mer, qui ramène sans cesse son lot de catastrophes et de morts.
Gouvernance mondiale
Les évêques calabrais espèrent que les dynamiques migratoires seront bientôt gérées globalement par une gouvernance unique, au moins sur le territoire européen. «Le pape François l'écrit également dans un chapitre entier de l'encyclique Fratelli Tutti», affirme Mgr Morrone. Et c'est précisément à l'Europe que le président de l'épiscopat calabrais rappelle que «l'humanité a toujours été -et sera toujours- en mouvement continu et donc, sur le front migratoire, il semble inutile de travailler dans l'urgence. L'Europe doit être une communauté de nations et non de nationalismes. Un regard politique d'envergure est nécessaire».
L'Église en première ligne
La machine complexe d'accueil que l'Église calabraise parvient à mettre en marche dans les ports chaque fois qu'il y a des hommes, des femmes et des enfants à secourir et à soutenir témoigne de l'engagement concret de tant de bénévoles qui passent leur vie à être fidèles à l'Évangile. «Tous mes remerciements vont à eux, ajoute l'archevêque, parce qu'ils sont porteurs d'espérance. Mais je voudrais aussi souligner une autre chose: leur travail de fond compense les carences de nos administrations. Et ce n'est pas rien».
Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici