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Le cardinal Dieudonné Nzapalainga, archevêque de Bangui (République Centrafricaine) Le cardinal Dieudonné Nzapalainga, archevêque de Bangui (République Centrafricaine) 

RCA: pour le cardinal Nzapalainga, l’Église est une voix qui défend le peuple

Le Cardinal Dieudonné Nzapalainga, archevêque de Bangui estime que la situation sécuritaire de la République Centrafricaine «s'est définitivement améliorée», longtemps après la guerre civile qui a éclaté au lendemain de l'éviction du président François Bozizé en mars 2013. Dans une interview, il a fait part à l’Agence Fides de la mission de l’Église face aux conséquences des conflits dans ce pays à majorité chrétienne et de sa solidarité envers les réfugiés Soudanais.

Vatican News avec Fides

L’archevêque de Bangui a affirmé qu’en Centrafrique, la situation «s’est définitivement améliorée», bien que la guerre a laissé des questions à résoudre.  Il a rappelé que «pendant la période la plus grave du conflit, près de 95 % du territoire était contrôlé par les rebelles». Mais aujourd’hui, a-t-il assuré, «c'est exactement le contraire». Car, il est possible de se déplacer à l'intérieur du pays et «d’aller jusqu'à certaines zones qui étaient absolument impensables à atteindre il y a encore peu de temps». Les activités dans tous les domaines tels que commerciaux et agricoles ont repris; les écoles sont ouvertes et «les élèves comme les professeurs peuvent s'y rendre sans danger particulier».

Le défi de l’éducation comme un effet du conflit

Bien que la sécurité soit assurée dans le pays, le cardinal Nzapalainga a déclaré que «le problème le plus grave concerne l'éducation» du fait des années accumulées où le système éducatif était bloqué. Maintenant, a-t-il fait savoir, «les écoles fonctionnent tout le temps et pas seulement quelques mois par an», et l’on peut y accéder en toute sécurité, «sans danger».

Par ailleurs, le prélat a souligné les défis éducatifs à relever, notamment au niveau des élèves et des enseignants. Pour l’archevêque de Bangui, certains enseignants, «ne sont guère plus que des fonctionnaires qui n'ont pas la vocation nécessaire», ce qui explique leur manque de compétence. Le prélat a en outre fustigé le comportement de nombreux parents qui «choisissent d'envoyer leurs enfants au travail plutôt qu'à l'école, à la fois parce qu'il y a des impôts à payer, mais aussi parce que l'école ne garantit pas une bonne éducation». Au rang des défis, le pasteur a souligné l’état des infrastructures, «des routes qui sont une catastrophe dans certaines régions», ce qui représente des difficultés.


L'Église, une voix qui défend le peuple

«Les relations entre l'Église et l'État ont changé depuis que nous nous sommes opposés à l'amendement constitutionnel», a rapporté le cardinal Nzapalainga, faisant allusion à la réaction de l’Église face au projet de modification de la Constitution en juillet 2023. Le prélat a rappelé que l’Église catholique n’est «pas une force politique d'opposition, elle ressent l'urgence d'être une voix prophétique» qui défend «le peuple». L’archevêque de Bangui a appelé à défendre l’intérêt commun, au partage équitable «des biens selon une justice sociale», face à «une petite élite qui essaie de s'accaparer tous les biens et un peuple qui souffre dans la pauvreté».

Se prononçant sur la situation des personnes ayant fui la guerre, le cardinal Nzapalainga a fait savoir qu’«il y a environ 500 000 personnes déplacées à l'intérieur du pays, soit environ 10 % de la population, en plus des nombreuses autres personnes qui ont quitté le pays pendant la guerre». Ces réfugiés internes et externes qui reviennent, a-t-il expliqué, «trouvent leurs maisons détruites ou occupées par d'autres». Il s'agit, selon lui, «d'un problème très grave qui crée de la douleur et des tensions». «La plate-forme des chefs religieux travaille d'arrache-pied sur cette urgence et a demandé aux occupants de laisser les maisons à leurs propriétaires légitimes», a dit le prélat.

La solidarité avec les réfugiés soudanais

Le cardinal déclare que la guerre au Soudan «est une véritable urgence qui crée des problèmes pour toute la région»Pour l’archevêque de Bangui, l’insuffisance de moyens de transport est l’une des grandes difficultés que rencontre l’Église pour venir en aide aux réfugiés qui sont installés dans des zones reculées. Il a expliqué par ailleurs que la solidarité se fait grâce à la communauté ecclésiale de Birao située au nord du pays, à la frontière entre le Soudan et le Tchad qui «travaille par l'intermédiaire de la Caritas», ajoutant qu’à travers l’Église locale un plaidoyer quotidien est mené pour inciter chacun «à aider dans la mesure de ses possibilités».

L’archevêque de Bangui a conclu en rappelant l’importance de «l'action que l'Église mène en demandant un soutien à l'étranger, en appelant les chrétiens du monde entier à partager et à envoyer de l'aide» dans des situations les plus difficiles.

Évangélisée par les missionnaires de la congrégation du Saint-Esprit (Pères Spiritains) en 1894, la Centrafrique est un pays de plus de 5 millions d’habitants et a neuf diocèses. Les catholiques comptent 40% de la population chrétienne qui varie entre 75% et 85% de la population totale.

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04 juin 2024, 15:37