Les évêques kenyans appellent à un moment d'écoute et de discernement profonds
Paul Samasumo - Cité du Vatican.
Dans une déclaration dont Vatican News a pris connaissance, l'archevêque Maurice Muhatia Makumba, métropolite de Kisumu et président de la Conférence des évêques catholiques du Kenya (KCCB), a félicité le gouvernement du président William Ruto pour certaines des mesures prises récemment afin de réduire la crise politique et économique du pays. La KCCB estime toutefois qu'il reste encore beaucoup à faire.
«Nous félicitons le président William Samoei Ruto d'avoir enfin écouté le cri du peuple, qui a été mis en évidence par les manifestations de Gen Zee. Plus précisément, il a refusé de signer le projet de loi de finances controversé et a dissous le gouvernement pour laisser la place à une équipe plus compétente, plus fiable et plus légère, capable de répondre aux attentes des Kenyans. Ces deux mesures principales sont les pierres angulaires d'une meilleure gouvernance et signalent donc un processus visant à restaurer l'espoir parmi les Kenyans. Il s'agit d'une étape visant à assurer aux Kenyans qu'il est possible de mettre en place des systèmes gouvernementaux fonctionnels pour améliorer la prestation de services», peut-on lire dans la déclaration.
Les politiciens dans les lieux de culte
Néanmoins, les évêques souhaitent également que le président «tienne sa promesse de consulter largement avant de procéder aux nominations aux postes vacants de secrétaires de cabinet». Les évêques dénoncent en outre la corruption et les modes de vie opulents, en particulier parmi les fonctionnaires. Ils appellent également à une utilisation sobre du système harambee, une tradition kenyane d'événements communautaires d'entraide pour la collecte de fonds. Les évêques reprochent aux hommes politiques de fréquenter les lieux de culte et de faire du mécénat dans les églises pour gagner en popularité ou en soutien lors des élections.
«Nous sommes opposés à l'utilisation abusive des lieux de culte par les politiciens pour gagner en popularité par l'étalage d'argent. Nous sommes toutefois conscients que si nous retrouvons le bon esprit qui consiste à se rassembler dans le cadre de l'harambee, nous pourrons apporter une aide précieuse aux personnes dans le besoin. Nous devons insister sur la responsabilité des fonds et l'assurance de la provenance des dons», ont déclaré les évêques.
Écoute et discernement
Dans leur déclaration, les évêques condamnent également ce qu'ils appellent «les actes inhumains de la police», en référence aux quarante personnes tuées par la police, aux arrestations injustifiées, aux enlèvements et à la torture.
«Nous, les évêques catholiques, encourageons le président et son gouvernement à écouter vraiment et à agir avant même toute forme ou forum de dialogue national. Il devrait prendre le temps de la tranquillité et de la réflexion. Il devrait discerner les choix qu'il doit faire et être guidé par ce qui est dans le meilleur intérêt de ce grand pays, le Kenya», insistent les prélats du KCCB.
La déclaration des évêques est la dernière d'une série de messages de la KCCB concernant les récents événements et troubles au Kenya.
À la suite des manifestations meurtrières, le président William Ruto a mis en veilleuse le fameux projet de loi de finances. Le président kenyan a également dissous son cabinet et il est question de constituer un gouvernement d'unité nationale.
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