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Lourdes, Basilique Notre Dame du Rosaire Lourdes, Basilique Notre Dame du Rosaire 

L’évêque de Lourdes décide de ne plus mettre en valeur les œuvres de Marko Rupnik

Les mosaïques qui ornent le sanctuaire marial du sud-ouest de la France ne seront pas démontées pour l'instant. Dans un communiqué, l’évêque de Lourdes prend une première décision: elles ne seront plus illuminées lors des processions mariales nocturnes.

Jean Charles Putzolu – Cité du Vatican

Elles ornent l’entrée de la basilique depuis 2008, à l’occasion du 150e anniversaire des apparitions de la Vierge à Bernadette. Depuis les accusations qui visent son auteur, Marko Rupnik, les mosaïques ont fait l’objet de nombreuses discussions. «De nombreuses personnes victimes de violences sexuelles et d’abus de la part de clercs ont en effet manifesté leur souffrance et la violence que constituait désormais pour elles cette exposition», affirme ce soir Mgr Jean Marc Micas dans un communiqué. L’évêque de Lourdes, à la suite des révélation concernant des agressions pour lesquelles Marko Rupnik est mis en cause, a personnellement adopté une position clairement définie: «mon avis personnel est qu’il serait préférable de déposer ces mosaïques», explique-t-il dans le texte remis à la presse. Cependant «je constate que les avis sont très partagés et souvent clivés. Faut-il laisser ces mosaïques où elles sont? Faut-il les détruire? Faut-il les retirer ou les exposer ailleurs? Aucune proposition ne fait consensus. Les prises de position sont vives et passionnées», ajoute-t-il.

Des avis divergents

Une commission composée du Recteur du sanctuaire, de l’évêque de Tarbes et Lourdes, ainsi que de personnes victimes, françaises et étrangères, avec experts spécialistes de l’art sacré et, entre autres, des personnes engagées dans la prévention et la lutte contre les abus, a travaillé sur ce dossier entre novembre 2023 et aujourd’hui. Parallèlement, Mgr Jean Marc Micas a écouté «les avis de très nombreuses personnes qui ont voulu d’elles-mêmes m’envoyer leur contribution: cardinaux et évêques, artistes, juristes, personnes victimes, pèlerins». Ce temps d’écoute a amené l’évêque à constater combien la question est clivante.

«Cette situation n’a rien à voir avec d’autres œuvres dont l’auteur et les victimes sont décédés, parfois depuis plusieurs siècles», explique aussi Mgr Micas. «Ici, les victimes sont vivantes et l’auteur l’est aussi», poursuit-il insistant sur le fait qu’il n’était pas de sa responsabilité de raisonner à partir du statut d’une œuvre d’art, de sa «moralité» qu’il faudrait distinguer de celle de son auteur. «Mon rôle est de veiller à ce que le Sanctuaire accueille tout le monde, et tout particulièrement ceux qui souffrent», dont «les personnes victimes d’abus et d’agressions sexuelles, enfants et adultes». Ces personnes «qui ont besoin de consolation et de réparation doivent garder la première place».

Les mosaïques ne seront plus illuminées

Face aux positions divergentes et parfois en totale opposition sur la question du retrait des mosaïques, Mgr Jean Marc Micas estime que «la meilleure décision à prendre n’est pas encore mûre», et décide que les œuvres de Marko Rupnik apposées à l’entrée de la basilique Notre-Dame du Rosaire «ne seraient plus mises en valeur comme elles l’étaient jusqu’à présent par les jeux de lumière lors de la procession mariale qui rassemble les pèlerins chaque soir. C’est un premier pas. Nous discernerons, avec les personnes de bonne volonté qui accepteront de nous aider, les pas suivants».

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02 juillet 2024, 20:00