Jeux paralympiques de Paris 2024: la «difficile ligne de crête» de l’inclusion
Jean-Benoît Harel – Cité du Vatican
«Dieu nous dit simplement qu’on ne vaut pas ce que nos succès ou nos déceptions feront de nous, que nous ne valons pas non plus ce que les autres vont penser de nous». Dans la fraîchement restaurée église de la Madeleine, à deux pas de la place de la Concorde à Paris, Mgr Philippe Marsset a appelé à dépasser les apparences et à rechercher l’amour de Dieu, à l'occasion de la messe d’ouverture des Jeux paralympiques. En ce mercredi 28 août, l’évêque auxiliaire de Paris a accueilli de multiples associations et de nombreux fidèles pour marquer le début des Jeux dédiés aux athlètes porteurs de handicap.
Tout comme pour les Jeux olympiques, l’organisation Holy Games a prévu de nombreuses actions pendant les douze jours de cet événement planétaire. Différentes associations solidaires vont se succéder au fil des jours à travers une route extraordinaire pour vivre les Jeux avec des personnes en situation de handicap.
«Participer à l'enthousiasme des Jeux»
Parmi ces associations, Simon de Cyrène et l’Office chrétien des personnes handicapées (OCH) se retrouveront le 5 septembre pour une journée de rencontres et de découvertes des sports paralympiques dans l’église Saint-Augustin. «Témoignages de para-athlètes, diffusion des épreuves des paralympiques dans la nef de l’église, démonstration de para-escrime sur le parvis et même certains pourront assister aux épreuves qui se dérouleront au Grand Palais», détaille Albane d’Hérouville, responsable réseau et événements de l’OCH. Tous sont les bienvenus pour prendre part à cette journée organisée par la fondation qui garde au cœur de sa mission la rencontre entre des personnes valides et des personnes handicapées.
Les Jeux paralympiques constituent un événement tout particulier pour l'œuvre et Albane d’Hérouville se réjouit de donner la possibilité aux personnes en situation de handicap «de participer à l'enthousiasme de ces Jeux et de ne pas se sentir en dehors, comme ils le sont pour beaucoup d'initiatives». Ce coup de projecteur unique sur les performances des para-athlètes sensibilise la société entière sur les réalités des personnes porteuses de handicap, qui représentent 15% de la population mondiale, selon les Nations unies, soit environ un milliard de personnes.
Vers une bascule de la société?
Avec plus de 2 millions de billets vendus, la joie et l’euphorie débordantes des Jeux olympiques sont de nouveau attendues à Paris pour ces Jeux paralympiques. Afin de faciliter la participation du public en situation de handicap aux épreuves, le gouvernement français a débloqué 1,5 milliard d’euros pour améliorer l’accessibilité des sites olympiques et les moyens de transports.
Ensuite, avec l’engouement autour des Jeux, «on voit que les fédérations veulent faire des efforts, ça va élargir leur champ et leur donner envie de se former», analyse Maryline Chaumont, rédactrice en chef du magazine Ombres & Lumière, la revue chrétienne française consacrée au handicap et à la maladie psychique, éditée par l’OCH.
Toutefois, selon elle, «c’est l'expérience de personne à personne, qui peut vraiment aider à ce qu'il y ait une bascule dans la société». Pour la rédactrice en chef, ce ne sont pas d’hypothétiques grandes politiques publiques qui favoriseront l’inclusion. Elle cite ainsi l’exemple de Paul de Livron, qui a participé au marathon pour tous le samedi 10 août dans son fauteuil:
Une ligne de crête difficile à tenir
Alors que certains para-athlètes ne se reconnaissent pas dans l’expression de «super-héros» qui leur colle souvent à la peau, la focalisation sur la seule performance des sportifs peut parfois engendrer une invisibilisation d’une partie des personnes porteuses de handicap.
«Peut-on prendre le risque de valoriser l’effort et de reproduire un désir de performance très fort au détriment de certaines personne fragiles qui restent un peu sur la touche?», interroge Maryline Chaumont. «On risque de mettre un petit peu en retrait d'autres types de handicaps qu'on a plus de mal à accepter, quoi qu'on en dise, comme le polyhandicap ou le handicap mental profond», poursuit-elle. Un équilibre précaire difficile parfois à trouver mais garant d’une société toujours plus accueillante.
De plus, il ne va pas de soi que la lumière mise sur les personnes handicapées lors des Jeux paralympiques favorise une meilleure acceptation de ces personnes: regarder les Jeux paralympiques et participer à la gaieté collective n’est pas forcément une évidence pour tous. Quand certains y voient la célébration de la capacité de résilience et de la capacité à s’accepter, «d’autres se sentent invisibilisés» estime la rédactrice en chef d’Ombres et Lumières. En effet, les athlètes trisomiques ne peuvent toujours pas participer aux Jeux paralympiques, et ceux atteints d’un handicap mental peuvent participer à trois sports seulement (athlétisme, natation, tennis de table).
Face à ces difficultés, l’OCH a saisi l’opportunité de la route extraordinaire d’Holy Games pour rassembler largement autour de la fête des Jeux paralympiques, et espère ainsi continuer à faire prospérer «la lumière de la rencontre».
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