Des émeutes à Hull, dans le Yorkshire. Des émeutes à Hull, dans le Yorkshire.  

Au Royaume-Uni, les Églises déplorent les émeutes xénophobes

Après dix jours d'émeutes anti-immigration au Royaume-Uni et malgré un retour au calme, le gouvernement a demandé ce vendredi 9 août à la police de rester en «état d’alerte» face aux risques de violences racistes et islamophobes. Pour les responsables de l'Église britannique, ces troubles déclenchés par une attaque meurtrière au couteau à Southport la semaine dernière, menacent les valeurs de la société.

Lisa Zengarini – Cité du Vatican

Les autorités britanniques ont exhorté la police, ce 9 août, à plus de vigilance, et à rester en état d’alerte «afin d’assurer la sécurité de nos commuanutés» au Royaume-Uni. Selon l’AFP, le gouvernement craint que la reprise du championnat national de football puisse donner lieu à de nouvelles tensions, alors que l'extrême droite a des liens historiques avec les sphères de hooligans. Les violences de ces derniers jours ont été déclenchées par une attaque mortelle à l'arme blanche le 29 juillet dans une école de danse de la ville balnéaire de Southport, dans le nord-ouest de l'Angleterre, au cours de laquelle trois petites filles ont été tuées et d'autres blessés.

Attaques, rumeurs et manifestations xénophobes

Un suspect britannique de 17 ans, Axel Rudakubana, né au Pays de Galles de parents rwandais, a été arrêté et doit comparaître devant le tribunal le 25 octobre prochain. Le motif de son acte n'a pas encore été établi, mais la police a écarté la piste terroriste. Cependant, de fausses rumeurs circulant sur les réseaux sociaux après l'attaque ont suggéré à tort qu'un migrant musulman était responsable de l'agression à l'arme blanche.

L'attaque, l'une des pires agressions contre des enfants dans le pays depuis des décennies, a choqué l'opinion publique britannique et a donné lieu à de violentes manifestations xénophobes dans plusieurs villes du Royaume-Uni. Les agitateurs d'extrême droite se sont mobilisés autour d'informations erronées diffusées en ligne et de récits haineux, anti-migrants et anti-musulmans, attaquant des policiers avec des cocktails Molotov et des briques, blessant des membres des services d'urgence et mettant le feu à des hôtels hébergeant des réfugiés.

«La violence bafoue les valeurs civiques de la société britannique»

Ces émeutes ont été condamnées par les responsables de l’Église d'Angleterre et du Pays de Galles, qui estiment qu'elles menacent les valeurs de la société britannique. «Elles témoignent d'un mépris total des valeurs qui sous-tendent la vie civile de notre pays», a déclaré Mgr Paul McAleenan, principal évêque du Royaume-Uni chargé des migrants et des réfugiés.


Il a également noté que «les actions des quelques personnes impliquées dans la violence contrastent fortement avec le travail des organisations caritatives, des associations catholiques et des bénévoles qui tendent inlassablement la main aux migrants dans le cadre d'actions de solidarité».

“Nous espérons et prions pour qu'ils redoublent d'efforts afin que nous puissions reconstruire les communautés après les terribles événements de ces derniers jours.”

Mgr McAleenan a exprimé sa solidarité avec les réfugiés en Grande-Bretagne. «Vous êtes aimés et bienvenus ici. Nous devons tous faire ce que nous pouvons pour que vous vous sentiez en sécurité», a-t-il déclaré, remerciant chaleureusement les services d'urgence, qui continuent à travailler de manière désintéressée malgré les risques.

«Aimez-vous les uns les autres»

Dans une interview accordée à la BBC, l'archevêque de Canterbury, Justin Welby, a fait savoir que «les protestations violentes détournent les gens de la cause», soulignant que «les protestations pacifiques auront dix mille fois plus d'impact que les émeutes criminellement violentes, quelle qu'en soit la cause». Appelant à la paix, tout en exprimant son soutien aux victimes, le primat de l’Église anglicane a affirmé que les émeutiers «souillent le drapeauIls parlent de défendre les valeurs chrétiennes de ce pays, mais lorsqu'on a demandé à Jésus ce qu'il fallait faire pour avoir une bonne vie, il a répondu: "Aimez Dieu, aimez votre voisin et aimez votre ennemi».

Dans une lettre commune adressée au Times, le président de la Conférence des évêques catholiques, le cardinal Vincent Nichols, le grand rabbin, Ephraim Mirvis, l’archevêque anglican de Canterbury, l’imam Sayed Razawi et l’imam Qari Asim, président du Conseil consultatif national des imams, se sont prononcés contre la violence et les émeutes.

La lettre dénonce le ciblage des mosquées, des demandeurs d’asile et des réfugiés, ainsi que la violence dirigée contre la police et les biens privés, comme une «tache sur notre conscience morale nationale».

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09 août 2024, 17:37