Messe pour les 80 ans de la libération de Paris: une vision, du courage et de la détermination
Jean-Charles Putzolu – Cité du Vatican
Le 25 août 1944 marque officiellement la libération de Paris de l’occupation nazie. Après plusieurs jours de violents affrontements dans la capitale française, l’armée allemande et la milice du régime de Vichy battent en retraite. L’insurrection met fin à quatre années d’occupation. C’est pour commémorer cette importante étape de l’histoire de France et de la Seconde Guerre mondiale qu’une messe a été célébrée dimanche 25 août en l’église Saint-Germain-l’Auxerrois, présidée par Mgr Laurent Ulrich.
L’archevêque de Paris s’est servi de la première lecture de ce 21ème dimanche de l’année liturgique, pour dresser un parallèle entre la libération de Paris et la libération d’Égypte pour le peuple d’Israël. Josué demande au peuple hébreu de professer sa foi au Dieu qui l’a sorti de l’esclavage d’Égypte, et donc de faire un choix décisif. «Dans les deux cas, observe l’archevêque de Paris dans son homélie, il a fallu la conjugaison de grandes volontés guidées par une vision d’avenir qui ne s’envisageait pas autrement que sous la forme de la liberté, et d’innombrables volontés anonymes et inaperçues, portant aussi un idéal de justice et de paix, de droit et de respect de chaque vie humaine». Cependant, et dans la mesure où «l’inconstance est décidément bien humaine», les combattants pour la liberté ont vu se dresser devant eux les «raisonneurs qui regrettent bien d’être projetés devant un choix trop marqué». Au sein du peuple juif déjà, continue Mgr Ulrich, «il y avait ceux qui se souvenaient des oignons d’Égypte: oui, disaient-ils, on était esclave, mais on avait à manger!»
Nuit et brouillard
Le combat pour la liberté se déroule toujours entre «nuit et brouillard», poursuit l’archevêque, et «la joie de la liberté reconquise vient de la fidélité à cet idéal de travailler pour la paix, pour la justice, pour le bien des peuples». Le jour de la libération n’est cependant pas le jour de la liberté reconquise. Précisément pour surmonter les divisions au sein de la société libérée, il fallait encore «du courage et une grande détermination». Et il fallait surtout «ce désir d’une fraternité qui reconnaît les différences et les assume sans jamais les mépriser». Mgr Laurent Ulrich rend hommage à l’action du général De Gaulle, citant ses mémoires de guerre. «J’ai moi-même fixé à l’avance ce que je dois faire dans la capitale libérée. Cela consiste à rassembler les âmes en un seul élan national, mais aussi à faire paraître tout de suite la figure et l’autorité de l’État». Le général était parfaitement conscient de l’esprit de division qui s’emparait de l’âme humaine, et par conséquent de la nécessité d’une action politique orientée vers la réconciliation.
Grandir dans la fraternité
Pourtant, regrette l’archevêque de Paris, les différences se sont accentuées depuis 1944 «entre celui qui croit au ciel et celui qui n’y croit pas, celui qui pratique une autre forme de croyance que celle qui a dominé en France pendant des siècles, celui qui n’est préoccupé d’aucune forme de religion». Une nécessité apparait alors évidente: «accroître le respect mutuel si nous visons à établir une véritable fraternité». Le dernier fait divers, l’attentat contre une synagogue à La Grande Motte samedi matin, relance de façon dramatique cet appel à la fraternité. Lorsque des actions sont menées contre des juifs, des musulmans ou des chrétiens, «nous ne pouvons pas nous abstenir de crier: assez, cela suffit!», s’exclame Mgr Ulrich. Estimant que considérer la dimension religieuse de l’existence comme un élément nuisible ne pourra jamais permettre de tendre vers l’amitié sociale. De tels événements sont «un appel à grandir en humanité et en fraternité».
Notre-Dame de Paris
En concluant, Mgr Laurent Ulrich a choisi une note positive, se projetant vers la réouverture de la cathédrale Notre-Dame: «Nous ne sommes pas encore dans Notre-Dame reconstruite après le terrible incendie qui l’a gravement blessée il y a un peu plus de cinq ans; nous y serons dans moins de quatre mois, et ce sera aussi comme une victoire», dit-il, souhaitant que les 7 et 8 décembre, jours des célébrations de la réouverture de la cathédrale au public, révèlent une aspiration au rassemblement et à l’unité, à l’image de la ferveur et de la communion mondiale partagées dans l’émotion suscitée par le «terrible incendie» de l’église des Parisiens.
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