Mgr Barrigah-Benissan, archevêque de Lomé au Togo (19 mai 1963- 04 août 2024) Mgr Barrigah-Benissan, archevêque de Lomé au Togo (19 mai 1963- 04 août 2024) 

Le Togo et la Cerao rendent hommage à Mgr Barrigah-Benissan

Quelques jours après le décès de Mgr Yves-Nicodème Anani Barrigah-Benissan, archevêque métropolitain de Lomé, au Togo, le père Émile Segbedji, secrétaire de la Conférence épiscopale du Togo et Mgr Alexis Touably Youlo, président des Conférences Épiscopales Réunies de l’Afrique de l’Ouest, Cerao, saluent la mémoire d’un homme, prêtre et évêque exceptionnel.

Françoise Niamien-Cité du Vatican

Mgr Barrigah-Benissan est décédé le dimanche 4 août 2024 à Lomé, âgé de 61 ans. «Mgr Nicodème Barrigah-Benissan luttait contre la maladie depuis un moment. Les médecins du Togo et de l’Europe ont fait de leur mieux avant son évacuation aux Etats-Unis. Il y a séjourné pour des soins et nous avions espéré sa guérison. Du retour des Etats-Unis, le mardi 30 juillet 2024, il a été directement interné à l’hôpital Dogta-Lafie à Lomé, au Togo pour une suite de prise en charge qui a été d’une courte durée», a confié à Vatican News le père Emile Segbedji, secrétaire général de la Conférence épiscopale du Togo.

Un homme exceptionnel

Le père Segbedji dit garder de l’archevêque de Lomé le parcours d’un homme exceptionnel. «Mgr Barrigah-Benissan a reçu l’ordination presbytérale avec une dispense du Saint-Père, le Pape Jean-Paul II à l’époque, parce qu’il n’avait que 24 ans, en 1987. Selon le droit canonique, il lui fallait 25 ans».
«De même, ayant fait l’Académie Pontificale, il a travaillé, très jeune, dans diverses nonciatures comme secrétaire et conseiller, au Rwanda, au Salvador, en Côte d’Ivoire et en Israël, avant d’être nommé évêque à 45 ans d’abord pour le diocèse d’Atakpamé, en 2008, ensuite archevêque de Lomé, en 2019», a relevé le prêtre togolais.


D’énormes qualités humaines

«L’un de ses professeurs du Petit Séminaire m’avait rapporté qu’il était vraiment un séminariste exceptionnel qui semblait s’amuser souvent, mais il a toujours été majeur de sa classe» a-t-il ajouté. Théologien Exégète, canoniste, diplomate et dramaturge, le père Segbedji reconnaît en l’évêque défunt les qualités d’un artiste accompli.
«Parmi ses écrits figure une pièce de théâtre intitulée «Le Trône royal», qui a été consacrée Grand Prix de la littérature togolaise, en 2020. Son talent de musicien l’a rendu très populaire, avec six albums à son actif». Il était un polyglotte, maniant parfaitement les langues française, anglaise, italienne, espagnole, l’Ewé et le Mina, des langues locales au Togo.
Au service de la Conférence épiscopale togolaise depuis 2018, le père Segbedji témoigne qu’il a découvert en Mgr Barrigah-Benissan«un homme disponible et tout donné». «Il était doté d’une capacité de travailler avec une rapidité hors pair. Homme d’une grande intelligence, infatigable devant le travail, il était débordant d’énergie».
Mais, «du haut de toutes ses qualités, Mgr Barrigah-Benissan est resté, jusqu’à son départ, un homme très humble et très simple qui ne joue pas au pédant; il était très attentif, aimable, accueillant et disponible», a encore déclaré le prêtre togolais.

Un pilier

«Homme aux dimensions démesurées », le père Segbedji assure que le regretté archevêque était «l’un des piliers de la Conférence épiscopale togolaise». Aussi, «de par son grand amour pour sa patrie, le Togo, il a travaillé avec beaucoup d’abnégation en sa qualité de Président de la Commission Vérité Justice et Réconciliation (CVJR) pour un Togo réconcilié», a-t-il affirmé. «Si déjà, il contemple la face de son Créateur, qu’il intercède pour l’Église au Togo et obtienne des grâces pour notre pays»: telle est la prière du secrétaire général de la Conférence épiscopale togolaise. «Il a combattu le bon combat, il a achevé sa course, il a gardé la foi: daigne le Seigneur lui donner la couronne de gloire. Il s’est éteint à l’âge de 61 ans, mais son étoile brillera pour bien longtemps dans les mémoires de plusieurs générations», espère le père secrétaire.

Mgr Barrigah-Benissan, dans les locaux de Radio Vatican. (octobre 2023)
Mgr Barrigah-Benissan, dans les locaux de Radio Vatican. (octobre 2023)

Douleur, mais espérance

C'est avec une grande douleur que Mgr Alexis Touably Youlo, l’évêque d’Agboville en Côte d’Ivoire et président des Conférences épiscopales réunies de l’Afrique de l’Ouest, (Cérao) a appris le décès de son «ami et frère» Mgr Nicodème Barrigah- Benissan.
«Grande est ma douleur, une douleur qui est aussi celle de tout l'épiscopat ouest-africain» mais «c’est une douleur dans l’espérance, parce que notre Maître Jésus-Christ a vaincu la mort et a fait resplendir la vie pour l'éternité» a declaré Mgr Touably.
Et l’évêque d’Agboville de se souvenir : «Les chemins de nos vies se sont croisés au cours de l'année 1990. Lui était alors étudiant à l'Ucao à Abidjan en Côte d’Ivoire et moi enseignant au petit séminaire de Gagnoa au centre ouest du pays, où il venait souvent. Et c'est lors de ces visites que nous nous sommes connus» raconte Mgr Alexis qui dit garder de Mgr Barrigah les souvenirs d’un homme exceptionnel.
«En tant qu’humain nous avons tous des défauts», toutefois «il était un homme exceptionnel» a-t-il insisté.

«L’homme Barrigah»

«L'homme Barrigah avait un bon cœur. J'avais été toujours marqué par sa bonté, une bonté toute naturelle. Il a plut à Dieu de donner à Mgr Barrigah un bon cœur». «Je retiens aussi de lui un homme au tempérament très calme qui ne s'emporte pas. Il savait observer, il avait une réelle sérénité devant les événements de la vie. Une sérénité se dégageait de toute sa personne.
De l’homme, je retiens tout simplement sa bonté, son calme, sa sérénité et son intelligence
», a témoigné le président de la Cérao.

Prêtre et évêque

Comme prêtre et évêque «Mgr Barrigah-Benissan était un très grand diplomate et cela se voyait dans sa manière de gérer les hommes et d’appréhender les événements», a encore révélé l’évêque d’Agboville. «Mgr Barrigah-Benissan avait aussi un grand amour pour l'Église. Concernant la Cerao, il a été l’une des plus grosses têtes pensantes de notre Conférence sous-régionale. Il l’était à un titre particulier», a insisté le président de la Cérao, soulignant que l’une des valeurs qui lui était aussi reconnue était «sa manière de percevoir les choses, avec une intelligence sereine et très profonde». «Avec son départ, l’Église en Afrique de l’Ouest et de toute l’Afrique perd quelqu’un d’exceptionnelle», regrette l’évêque ivoirien.

«L’homme est aussi un artiste, un amoureux de la musique sacrée, c'était un artiste au sens plein du terme. Il est l’auteur de plusieurs cantiques. Chantre, guitariste, poète, romancier, Mgr Barrigah avait plusieurs cordes à son arc», a attesté Mgr Touably.
«Nous perdons un grand homme de Dieu, un grand homme d'Église. Mais nous gardons l'espérance», a déclaré le prélat ivoirien. Pour le président de la CERAO, «le jour de son inhumation, ça ne sera pas un homme sans vie que nous mettrons en terre, mais plutôt une graine que nous allons semer qui portera à coup sûr de bons fruits pour l’Église en Afrique de l’Ouest et pour l’Église répandue dans le monde». Que le Seigneur accorde à Mgr Barrigah, la récompense du bon serviteur, a prié son «ami et frère», Mgr Alexis Touably Youlo.


 

Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici

09 août 2024, 13:16