Un missionnaire en Corée du Sud: «nous travaillons pour l'unité dans un nouvel élan»
Antonella Palermo - Cité du Vatican
Redécouvrir l'élan que le Pape François avait imprimé au peuple sud-coréen à l'occasion du voyage qui, il y a dix ans, du 13 au 18 août 2014, l'avait conduit dans cette région du monde pour les VIe Journées asiatiques de la jeunesse. Tel est le message que le père Diego Cazzolato, missionnaire de la Consolata depuis plus de trente ans dans le pays asiatique, partage aujourd'hui avec Radio Vatican - Vatican News. Du défi du dialogue interreligieux à celui du soutien aux nouveaux pauvres -les nombreux migrants arrivant des Philippines mais aussi du Nigéria-, le travail de ces religieux maintient l'espoir d'une réconciliation interne et d'une fraternité universelle.
La consolation de François et les nombreuses conversions
Le père Cazzolato vit à Daejeon depuis 1988 et se souvient très bien des moments où il a eu l'occasion de rencontrer le Pape lors de ce voyage apostolique: à l’occasion de la messe au stade, puis dans un grand centre pour personnes handicapés et lors de la célébration finale. «C'était très beau parce que quelques mois plus tôt, une grande tragédie s'était produite, qui avait profondément bouleversé le cœur des coréens. Un ferry transportait des lycéens qui se rendaient sur une île semi-tropicale au sud de la Corée. Pour des raisons encore mal identifiées, le navire a coulé et 360 garçons et filles âgés de 17 à 18 ans ont trouvé la mort. En arrivant, le Pape a réussi à rétablir la paix et l'espoir pour tout le monde. C'était une visite providentielle». Le religieux se réjouit encore de la belle manière dont la télévision nationale a retransmis ces moments dans leur intégralité, avec les gestes et les paroles de François, qui souhaitait également rencontrer des parents de victimes. «Il a réussi à apporter une forme de consolation au pays et tout le monde le reconnaît encore», souligne-t-il. Et il note que ce fut une occasion propice d'où sont nées de nombreuses conversions : «Il y a eu une augmentation considérable des catéchumènes, en effet plusieurs ont été très touchés et ont décidé de devenir catholiques».
L'espoir de la réconciliation
Dans le souvenir heureux que le père Diego garde de cette époque, il y a cependant une amertume, exprimée sans prétention, pour une sorte d'opportunité qui s'est "évanouie" avec le temps : «À l'époque, il y avait beaucoup d'espoir de réconciliation entre les deux Corée. Le président catholique qui a pris le relais à l'époque a tout fait pour ouvrir des voies de dialogue et offrir des opportunités d'unité. Depuis quelques années, malheureusement, ce travail de réparation a été complètement anéanti, principalement par l'attitude des dirigeants nord-coréens, mais aussi par le gouvernement en exercice, qui réaffirme l'opposition à la Corée du Nord plutôt que la recherche d'une réconciliation. À l'heure actuelle, je dirais que les relations sont au plus bas dans l'histoire des 50 dernières années».
Missionnaires parmi les migrants, les "nouveaux pauvres"
Le missionnaire italien envoyé en Corée témoigne de l'évolution dans le temps de la proximité humaine et spirituelle avec les Coréens : «Au début, notre désir était d'être proches des pauvres, d'évangéliser les pauvres. Nous avions réussi à avoir une présence très simple dans une des banlieues de la grande ville de Séoul où, à l'époque, les pauvres se rassemblaient pour vivre dans des maisons minables, sans beaucoup de services mais avec un minimum de dignité humaine et économique. Puis, les plans gouvernementaux de modernisation de ces quartiers -d'abord avec les Jeux olympiques de 1988, puis avec la Coupe du monde de 2002- les ont effectivement démantelés et les pauvres sont partis». La mission est donc en train d'être remodelée et orientée vers les "nouveaux pauvres". Il s'agit des migrants qui, selon le père Cazzolato, arrivent de nombreuses régions du monde à la recherche d'une certaine sécurité économique. «Ils sont nombreux! La plupart viennent des Philippines, mais il y a aussi un grand groupe du Nigeria. Dans le passé, ils venaient souvent d'Amérique latine, en particulier du Pérou, mais maintenant ils ont presque tous été rapatriés. Il y a aussi l'Asie du Sud-Est: le Viêt Nam, le Timor-Oriental, le Cambodge, la Thaïlande et certains de Mongolie».
Cette frontière asiatique où le Pape revient pour stimuler le dialogue
La Mongolie, cette terre lointaine où le Pape s'est rendu il y a exactement un an, confirmant son désir d'embrasser des Églises minuscules mais chaleureuses. Le regard constant sur la frontière asiatique, où le Pape Bergoglio s'apprête à retourner en septembre, «est important parce qu'il se rend présent dans les périphéries, c'est un signe d'enthousiasme. Je suis très curieux de voir son étape en Indonésie», confie le père Cazzolato, «le pays qui compte le plus grand nombre de musulmans, où les relations entre le christianisme et l'islam ne sont pas toujours faciles. Je crois que le Pape donnera un nouvel élan au dialogue».
Le père Diego connaît bien le dialogue: sa communauté de Daejeon s'y consacre. «Nous entrons en contact avec les dirigeants et les fidèles d'autres religions, en particulier les bouddhistes et les confucianistes ou d'autres religions indigènes de Corée. Nous essayons de créer des relations de paix entre tous et de rechercher la vérité ensemble». Il admet qu'après une saison plus enthousiaste, nous vivons actuellement une «marée basse» mais, dit-il, «nous avançons».
Vers les JMJ 2027, une proposition face au découragement des jeunes
Que sont devenus les jeunes qui, il y a dix ans, ont rencontré le chef de l'Église catholique universelle en Corée? Le missionnaire ne nie pas que les jeunes d'aujourd'hui, en général, «cherchent la vérité en dehors des églises, des paroisses, des temples bouddhistes». Il exprime l'état d'inquiétude profonde qu'ils ont pour leur avenir, pour un travail qui n'est plus aussi sûr. Malgré le degré élevé de progrès technologique que le pays a atteint au niveau international, les nouvelles générations «luttent pour trouver un emploi. Elles se sentent abandonnées par les adultes et ont un besoin urgent de guides compétents pour les soutenir. Et je dois dire que nous, en tant que chrétiens, ne sommes pas toujours en mesure de répondre à ce besoin». L'espoir réside dans la préparation des JMJ 2027, qui se dérouleront en Corée et pour lesquelles, selon le Père Diego, de nombreuses initiatives sont en cours de préparation. «L'ambiance chez les jeunes est au découragement. Nous espérons rétablir les relations avec les jeunes qui ont été perdues ces dernières années. Nous avons besoin d'une bonne proposition sérieuse».
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