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Le président angolais João Lourenço, entouré des présidents rwandais Paul Kagame (à gauche) et congolais Felix Tshisekedi (à droite) Le président angolais João Lourenço, entouré des présidents rwandais Paul Kagame (à gauche) et congolais Felix Tshisekedi (à droite) 

RD Congo: la Cenco appelle au respect de l’Accord de Luanda

La Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) exhorte au respect de l’Accord de cessez-le-feu signé fin juillet 2024 à Luanda entre le Rwanda et la RD Congo, afin qu’il ne reste pas lettre morte comme les précédents accords qui ont été «brillamment violés». Tout en notant une légère évolution dans le sens de mettre fin à la banalisation de la vie en RDC, l’épiscopat congolais en appelle à la solidarité des partenaires internationaux pour un appui effectif cette feuille de route.

Stanislas Kambashi, SJ – Cité du Vatican

Un accord de cessez-le-feu a été conclu entre Kinshasa et Kigali dans le cadre du trouble causé par le groupe armé M23 appuyé par le Rwanda au Nord-Kivu, dans l'est de la RDC, selon l’annonce faite mardi 30 juillet 2024 par le médiateur angolais. Selon le communiqué de la présidence angolaise, cet accord, dit de Luanda, signé à l’issue de la deuxième réunion ministérielle entre la République démocratique du Congo et la République du Rwanda, devait prendre effet à minuit le 4 août 2024.

Des Accords précédents «brillamment violés»

Dans un communiqué rendu public mercredi 7 août 2024, le Secrétariat Général de la Cenco félicite «les uns et les autres pour cette petite avancée». Il note, cependant, qu’il ne s’agit pas d’un premier accord signé entre les gouvernements du Rwanda et de la RD Congo. «Tous les précédents accords avaient été brillamment violés et les différents rapports y afférents n’avaient pas donné lieu aux sanctions», regrette l’épiscopat congolais. C’est ainsi qu’il invite les deux parties signataires «au respect de cet accord» et appelle les partenaires internationaux à manifester leur solidarité en appuyant la mise en œuvre effective de cette feuille de route, pour mettre fin au calvaire que vivent les Congolais dans la partie Est de leur pays.


Mettre fin à la banalisation de la vie en RD Congo

Pour la Cenco, les différentes initiatives de résolution de la crise sécuritaire et humanitaire à l’Est de la RDC, dont les trêves humanitaires et l’accord de Luanda, font preuve d’une petite avancée. Il s’agit d’une légère évolution observée des positions des parties prenantes au conflit en cours et des partenaires internationaux de la RD Congo, «dans le sens de mettre fin à la banalisation de la vie en RD Congo et au calvaire que subissent les communautés congolaises affectées par ces conflits depuis un peu plus de trois décennies».

La guerre en RDC est aussi une priorité

La Cenco constate par ailleurs que, jusqu’à présent, la guerre qui prévaut à l’Est de la RDC n’est pas encore considérée «comme une priorité au même titre que la guerre en Ukraine ou la situation au Moyen-Orient». Pourtant, dans toutes ces situations, «ce sont les mêmes vies humaines qui sont fauchées, les mêmes droits humains qui sont violés et la même dignité humaine bafouée». En invitant au respect de cet accord, les évêques estiment que les différentes parties doivent «prendre en considération l’impérieuse nécessité de permettre à toutes ces femmes, tous ces enfants et tous ces hommes, déplacés par la force de l’insécurité récurrente, de vivre dignement et en paix dans leurs terroirs comme des personnes créées à l’image et à la ressemblance de Dieu».


La Cenco poursuivra son plaidoyer pour une paix effective en RD Congo

Afin de décourager les alliances avec les prédateurs étrangers pour des problèmes que les Congolais peuvent régler en interne, la Cenco insiste sur la nécessité de renforcer la cohésion nationale. À travers ses organes, dont «Justice et Paix Congo» et «Caritas Congo», elle indique qu’elle continuera son travail de terrain, notamment le contrôle des actes qui promeuvent ou violent l’accord de Luanda sur la situation sécuritaire et la paix à l’Est du pays et communiquera sur les rapports qui en découleront. Elle souligne, par ailleurs, qu’elle va poursuivre son plaidoyer au niveau national, régional, continental et international jusqu’à ce que la vraie paix soit effective en RD Congo et dans la région des Grands Lacs.

Près de 10 missions de plaidoyers menées par la Cenco en faveur de la RDC

Dans son communiqué, la Cenco informe aussi que dans le souci d’édifier la paix et de promouvoir le bien-être de la population congolaise, «en vertu de l’option préférentielle de l’Église pour les pauvres et de sa mission prophétique», elle rencontre régulièrement les autorités congolaises et les encourage à plus d’efforts pour que les communautés congolaises touchées par toutes formes d’atrocités retrouvent leur quiétude. Elle indique par ailleurs qu’entre 2022 et juillet 2024, elle a mené «près de dix missions de plaidoyers à l’étranger auprès des partenaires internationaux de la RD Congo», notamment les institutions et organisations internationales, les Églises sœurs et dans certains pays, en Afrique tout comme dans d’autres continents, «dans le seul but de les inciter à s’impliquer dans la résolution de la crise». Elle apprécie l’ouverture de tous ces partenaires et les félicite pour la légère évolution de leur position dans l’instabilité et la crise sécuritaire aux conséquences humanitaires fâcheuses qui sévit à l’Est de la RDC.

Depuis fin 2021, les forces armées de la RDC et le groupe armé M23 (Mouvement du 23 mars) soutenu par le Rwanda, qui a repris les armes après plusieurs années de sommeil, s'affrontent dans le Nord-Kivu. De larges pans de la région sont aux mains des insurgés.

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08 août 2024, 13:50