Recherche

Les évêques membre de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco). Les évêques membre de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco). 

La Cenco dit non à la banalisation de la vie humaine en RDC

La Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) déplore une fois de plus les tueries perpétrées à l’endroit des Congolais «de suite des attaques et bavures des forces de l’ordre de sécurité d’une part, et de la négligence de services de l’État d’autre part». S’insurgeant particulièrement contre le carnage à la prison centrale de Makala, à Kinshasa, dans la nuit du 1er au 2 septembre 2024, l’épiscopat congolais réitère sa désapprobation de la banalisation de la vie humaine en RDC.

Christian Losambe, SJ – Cité du Vatican

C’est avec amertume que la Cenco dénonce, dans sa déclaration datée du 4 septembre 2024, une série de massacres qui s’intensifie dans le pays, «suivie malheureusement d'une léthargie dans les enquêtes affichée par les autorités politico-administratives et militaires qui frise l'abandon du peuple à lui-même». En effet, écrivent les évêques, au moment où la Nation est préoccupée par la guerre à l’Est et les affres du phénomène «Mobondo» à l’Ouest, «il est saugrenu que l’on assiste aux massacres des civils et au carnage à la prison centrale de Makala, à Kinshasa». Face à cette situation plus que dramatique, la Cenco condamne sans ambages ces ignobles atteintes à la dignité de la personne humaine.

Des massacres de trop! La vie humaine est sacrée

Le constat est amer et il est déplorable, fustigent les évêques congolais, «de devoir compter chaque jour des morts de suite des attaques et bavures des forces de l’ordre et de sécurité d’une part, et de la négligence de services de l’État d’autre part». La déclaration de la Cenco fait état de plusieurs drames perpétrés sur toute l’étendue du pays qui, selon elle, «sont malheureusement la pointe de l'iceberg qui cache un drame plus profond: la négligence coupable, la légèreté et la corruption dans le système judiciaire, le non-respect de la vie humaine, la mauvaise gouvernance, etc».

L’épiscopat congolais mentionne notamment le massacre du 30 août de plus d'une cinquantaine de personnes, appelées «Wazalendo», adeptes d'une secte, à Goma, par la garde républicaine; récemment, le massacre crapuleux d'une dizaine de jeunes du mouvement religieux Mbidi à Kilwa, par certains éléments des forces armées de la RD Congo et de la police nationale congolaise le 15 août 2024; et la mort, le 18 août de la même année, de 25 personnes doublée de la disparition de 160 autres dans le naufrage d'une Baleinière sur la Rivière Lukeni, dans le Maï-Ndombe, «suite à la négligence des services de l'État commis à la régulation de la navigation dans nos lacs et rivières».


Alors que la Nation est encore dans l'attente de la lumière sur les événements malheureux susmentionnés et tant d'autres survenus à travers le pays, notamment dans les provinces de l'Est, «spécifiquement dans le Nord-Kivu et en Ituri, et à l'Ouest dans le Territoire de Kwamouth», poursuit l’épiscopat congolais, les nouvelles provenant de la prison centrale de Makala, ce lundi 2 septembre 2024, faisant état de plus d'une centaine de morts dont un bon nombre par balles, de plusieurs blessés et des cas de viols parmi ses pensionnaires, obligent la CENCO à «réitérer sa désapprobation de la banalisation de la vie humaine en RD Congo».

Le peuple congolais, meurtri d’une plaie profonde

La Cenco exprime également son regret de voir le peuple congolais sombrer dans une grande désolation. «Notre amertume, poursuit-elle, est d'autant plus grande en constatant que cette série d'événements malheureux est suivie d'une léthargie dans les enquêtes affichée par les autorités politico-administratives et militaires qui frise l'abandon du peuple à lui-même».

Ainsi, l’épiscopat congolais encourage les prélats qui, en vertu de leurs charges pastorales, n’ont pas caché leur indignation, et invite les autres évêques à «dénoncer avec eux les tueries perpétrées dans leurs milieux». La Cenco a, par ailleurs, saisi cette occasion pour présenter ses condoléances chrétiennes à toutes les familles qui ont perdu un des leurs dans ces massacres et à tous ceux qui sont touchés par ces drames iniques, tout en rassurant de ses prières tous les blessés afin qu’ils recouvrent force et santé par la grâce du Seigneur.


La Cenco exhorte le gouvernement congolais à honorer ses engagements

Les évêques congolais rappellent, dans leur déclaration contre la banalisation de la vie en RDC, que «la vie humaine, don de Dieu, est sacrée. La dignité de tout homme (y compris le prisonnier), créé à l'image de Dieu et à sa ressemblance (cf. Gn 1, 26-27), doit être promue et respectée». C’est ainsi qu’ils exhortent la justice congolaise au respect des droits des justiciables et des procédures qui réglementent les arrestations, et invitent le gouvernement à honorer ses propres engagements, surtout pour ce qui est de la construction de nouvelles prisons.

La Cenco invite, en outre, les instances judiciaires compétentes à engager résolument des poursuites judiciaires à l'endroit des auteurs d'actes de violations des droits humains sur l'ensemble du territoire national et de les déférer devant leurs juges naturels. L’épiscopat congolais conclut sa déclaration en exhortant tous les fidèles catholiques, ainsi que les hommes et femmes de bonne volonté, où qu'ils soient, «à promouvoir la culture de la non-violence et du respect de la vie humaine ainsi qu'à l'observation d'une citoyenneté responsable, en veillant à l'unité et à la cohésion sociale, en vue de la restauration d'une paix durable en RD Congo».

Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici

06 septembre 2024, 14:19