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«Le Pape est un Papou, simple comme nous»

Les catholiques de Papouasie-Nouvelle-Guinée convergent tous vers la capitale pour apercevoir la troisième fois de leur histoire un Successeur de Pierre, après le mémorable souvenir laissé par les deux venues du Pape polonais, il y a 40 et 30 ans.

Delphine Allaire – Envoyée spéciale à Port Moresby

«Le Pape est un Papou, il est simple comme nous.» Le père Gabriel Wat, accompagnateur d’une centaine de pèlerins venus à pied des hauteurs volcaniques de Mont Hagen, est catégorique. À la paroisse Tokorara étalée dans un terrain vague de Port Moresby, ces fidèles, femmes, enfants, hommes, et parfois personnes handicapées se reposent, chantent et dansent déjà pour le Pape sous le ciel ombrageux de la capitale. Après quatre jours de marche, avec pour seules plages de repos 3 heures par jour, malgré la fatigue et le manque de biens de première nécessité, la volonté d’apercevoir l’évêque de Rome est plus forte que tout. «Même si l’on sait que le Pape ne va rien nous donner, nous voulons le voir. Même si nous n’avons pas de tickets pour la messe, pas d’endroits où dormir, l’apercevoir est le plus important», assure le père Wat. Entre cent et deux cents personnes sont elles venues de Lae, la deuxième ville du pays. Une fierté pour l'évêque indien de ce diocèse, Mgr Rozario Mezenes, vice-président de la conférence épiscopale, qui souhaite montrer la plus grande hospitalité au Souverain pontife.

 

L'enjeu sécuritaire

Avant l’arrivée du Pape François en provenance de l’archipel indonésien, vendredi 6 septembre vers 19 heures heure locale (+8h00 par rapport à Rome), les préparatifs s’accélèrent dans la capitale portant le nom du capitaine anglais John Moresby qui explora l’île fin XIXe. Durant la visite papale pour laquelle des dizaines de milliers de pèlerins doivent participer,  toutes les routes d'ordinaire fourmillantes de 4x4 blindés ou voitures bringuebalantes seront fermées à la circulation. La zone autour du stade John Guise, habituellement dévolue au rugby ou au soccer est minutieusement sécurisée. Après les émeutes de janvier dernier, ayant partiellement mis à sac des quartiers de la capitale, les autorités ne veulent prendre aucun risque et déroulent le tapis rouge. Les policiers assignés à cette tâche autour de l’enceinte sportive sont tous catholiques, confie l’un d’entre eux. «Un signe de reconnaissance et de gratitude» pour eux, dans ce pays majoritairement protestant où les catholiques représentent environ 27% de la population. Le commissaire de police de Port Moresby s'exprimant à quelques heures de l'arrivée du Souverain pontife a exhorté la population au calme et au respect en ce moment historique pour le pays. 600 forces de l'ordre de PNG seront déployées, aidées par les forces de sécurité vaticanes. 

La préparation des fidèles 

Autre lieu symbolique du voyage, la Caritas Technical Secondary School, où le Pape se rend samedi pour rencontrer des jeunes enfants et étudiants. Un millier d’élèves répètent leur accueil musical et chorégraphique dans une ambiance survoltée. L’école catholique occupe une place unique dans le paysage éducatif papouan-néo-guinéen. Réservée aux filles, elle transmet des valeurs chrétiennes et un bagage intellectuel et pratique, sur plusieurs niveaux jusqu’aux études supérieures.

Au sanctuaire de Marie Auxiliatrice, qui accueille une école des salésiens, une file d’habitants vient chercher son sésame pour la messe de dimanche, qui ne sera accessible que sur billet. Les vitraux de l’église de construction récente arborent les saints mélanésiens, de saint Pierre Chanel, martyr français de l’Océanie, aux bienheureux Giovanni Mazzuconi et Peter To Rot, dont la béatification avait fait venir Jean-Paul II en Papouasie en 1995. Sur le parvis de la propriété salésienne, des femmes se préparent au son du tambour dans des tenues traditionnelles mélanésiennes. Tandis que des petits coquillages Kina ornent les parois derrière l’autel de l’église, symbole de richesse des sociétés mélanésiennes, autant que l'oiseau de paradis, emblème national, représente la joie et la liberté qui sans nulle peine resplendiront lors de cette étape océanienne. 

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06 septembre 2024, 04:00