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Le cardinal Charles Bo dans la salle de presse du Saint-Siège, le 17 octobre 2024. Le cardinal Charles Bo dans la salle de presse du Saint-Siège, le 17 octobre 2024.  

Cardinal Bo: le conflit en Birmanie ne s'arrête pas, le dialogue est le seul chemin

Au Vatican pour suivre les travaux du synode, le cardinal birman parle de la phase que traverse son pays et des efforts pour appeler à une table de réconciliation: «Pour l'instant, c'est une situation imprévisible, nous prions pour que quelque chose se passe». Il exprime également sa reconnaissance envers le Pape qui «n'oublie pas ce peuple» et appelle à ne pas oublier les fugitifs dans la jungle qui «ont tout perdu mais pas leur foi».

Antonella Palermo - Cité du Vatican

En marge du point presse du 17 octobre sur l'avancement des travaux synodaux, le cardinal Charles Bo, archevêque de Rangoun et président de la Fédération des Conférences épiscopales d'Asie, rappelle le drame que vit son pays, aux prises avec une guérilla largement occultée par les médias.

La situation est complexe et imprévisible

«Les gens se cachent dans les bois, certains essaient de trouver du travail dans les pays voisins, tout le pays est dans une situation très complexe. Le conflit entre les militaires et les milices rebelles dure depuis deux ans», explique le cardinal, «et il semble, du moins jusqu'à présent, qu'il n'y ait aucun moyen de parvenir à une réconciliation».

Une rencontre entre le ministre bengali des affaires étrangères et l'ambassadeur birman à Dhaka a eu lieu récemment car le Bangladesh voisin s'inquiète de l'afflux récent de plus de 40 000 Birmans fuyant le conflit en cours et de l'augmentation du trafic d'êtres humains. Le diplomate a reconnu les difficultés causées par la guerre, affirmant que les rapatriements ont été retardés par la rupture du cessez-le-feu par l'armée de l'Arakan en novembre 2023, groupe rebelle en guerre avec la junte militaire au pouvoir.

«Nous voulons être prudents, mais nous continuons à appeler à une table de dialogue pour la paix. Pour l'instant, la situation est imprévisible», déclare le cardinal Bo, «nous ne voyons pas beaucoup de lueurs d'espérance. Nous prions pour que quelque chose se produise, mais il est très difficile d'entrevoir une définition claire de notre destin. Des représentants de dix pays se sont réunis au Laos pour tenter d'arrêter les combats. Mais les guérilleros disent que tout dépend des choix du gouvernement, que si la junte s'arrête, eux aussi s'arrêteront ».

La spirale de violence

Le chef du gouvernement militaire de Birmanie, le général Min Aung Hlaing, a une nouvelle fois exhorté les milices rebelles ethniques à participer à des pourparlers de paix «pour mettre fin au conflit armé sanglant en cours dans ce pays, réitérant l'invitation faite pour la première fois par la junte il y a moins d'un mois». Le général a réitéré l'invitation lors d'un discours diffusé à la télévision d'État, marquant le neuvième anniversaire de la signature de l'accord national de cessez-le-feu de 2015. Environ la moitié des 21 milices ethniques actives dans le pays avaient adhéré à cet accord, qui a été suivi d'un accord similaire en 2018. L'invitation faite le mois dernier par la junte, pour la première fois depuis le coup d'État militaire de février 2021, a également été étendue aux forces pro-démocratiques qui avaient pris les armes contre le gouvernement militaire. L'offre a toutefois été rejetée. «Pour l'instant, ils continuent à mener des actions de guérilla et avancent dans la conquête de plus en plus de zones», souligne le cardinal Bo, qui rappelle en revanche que «le gouvernement, de son côté, continue à bombarder. C'est la guerre sur terre et dans le ciel».

«Les réfugiés de la jungle ont tout perdu, sauf la foi»

Le cardinal de Rangoun se sent très réconforté par la proximité du Pape qui presque chaque semaine parle de nous à l'Angélus et dit «n'oubliez pas la Birmanie». «La solution est difficile à trouver, mais je vois que la communauté internationale essaie de faire quelque chose. Nous essayons de ne pas perdre la foi et de ne pas nous décourager. Il y a des groupes ethniques qui se cachent dans la jungle mais, malgré les souffrances et les difficultés extrêmes, ils n'oublient pas Dieu et continuent de prier». Il conclut: «Ils ont tout perdu, mais pas la foi. Dieu a son temps... La paix et le dialogue sont la seule voie possible».

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19 octobre 2024, 15:37