Recherche

Dans le sud du Liban, après des frappes israéliennes. Dans le sud du Liban, après des frappes israéliennes.   (AFP or licensors)

Les chrétiens du Liban attentifs à l’utilisation de l’aide internationale

Un milliard de dollars sera envoyé au Liban: l’annonce a été faite ce jeudi 24 octobre lors d’une conférence internationale, dont 800 millions seront dédiés à l’aide humanitaire. Les organisations catholiques au Liban appellent à une vigilance particulière pour que cette aide parviennent réellement «aux gens qui sont dans le besoin».

Alexandra Sirgant  et Jean-Benoît Harel – Cité du Vatican

Alors que plus de 800 000 Libanais ont été obligés de fuir leurs maisons selon l'ONU, et que certains villages du Sud-Liban sont désormais vidés de toute population, les frappes israéliennes ciblant les chefs du Hezbollah touchent désormais tout le Liban et notamment la banlieue sud de Beyrouth, fief du mouvement islamiste libanais.

Les déplacés vivent dans des centres d’accueil d’urgence. Certains ont trouvé refuge chez leurs proches, mais la crise économique qui a touché le Liban depuis 2019 fragilise la solidarité familiale. Certains imaginaient rentrer chez eux, seulement leurs maisons ont été détruites. «En général, on dit que nous sommes dans un futur noir», résume le père Michel Abboud, président de la Caritas Liban.


«Un petit geste»

Ce jeudi 24 octobre, une conférence internationale sur le Liban organisée à Paris a permis de lever un milliard de dollars pour soutenir la population du pays, victime de l’affrontement entre le Hezbollah et l’armée israélienne. «Un petit geste» que salue sœur Marie-Antoinette Saadé, supérieure de la congrégation des sœurs maronites de la Sainte Famille qui gère un réseau d’écoles chrétiennes partout au Liban. Mais pour cette religieuse, ce montant reste «dérisoire» face à l’ampleur du désastre en cours.

«Nous assistons à un phénomène répétitif. Chaque fois, les belligérants décident de mener des guerres meurtrières et le monde politique international se tient en spectateur et on a l'impression qu'ils sont dans l'impuissance d'arrêter cette machine de guerre et de destruction. Et puis soudain, ils se réveillent et ils décident de se réunir pour collecter de l'argent. Pour moi, je dirais, c'est pour se faire bonne conscience (…) mais ce qu'il faut faire, c'est vraiment arrêter cette machine de guerre», martèle avec émotion sœur Saadé.

Entretien avec sœur Marie-Antoinette Saadé

Le besoin d'un contrôle rigoureux

Pour le père Abboud il s’agit toutefois d’une lueur d’espoir, mais le représentant de la Caritas alerte sur la méfiance des Libanais envers leur gouvernement démissionnaire. 

“Nous avons un grande doute dans l'administration du gouvernement parce que nous avons perdu notre situation économique, à cause des fraudes qu’il y a eu dans le gouvernement. Comment croire que cet État-là, qui a laissé le Liban devenir pauvre, pourra gérer ces contributions?”

Le président de la Caritas Liban appelle à ce que ces aides parviennent aux gens qui sont dans le besoin, d’abord en demandant aux donateurs d’effectuer un contrôle rigoureux sur l’utilisation des aides, mais aussi en appelant à ce que les aides soient dirigées vers «les associations humanitaires».

«La guerre va durer»

Remerciant tous les contributeurs, parmi lesquels les États-Unis pour 300 millions de dollars, la France (108 millions) et l’Allemagne (103 millions), le père Abboud assure que cette aide «va faire la différence dans la vie de beaucoup de gens», qui entend souvent que «la guerre va durer».

L’armée libanaise joue aussi un rôle auprès des populations, explique le président de la Caritas Liban, en assurant la sécurité des centres de déplacés, mais aussi dans la distribution de l’aide alimentaire, notamment dans le sud du pays.

Entretien avec le père Michel Abboud

L'aide de la Caritas

La Caritas et ses bénévoles font aussi leur maximum pour assurer la nourriture et les médicaments aux populations déplacées mais aussi aux populations bloquées dans le sud, «grâce à ces médecins qui ont lutté pour rester avec les familles dans les villages».

«On continue notre travail à tous les niveaux sanitaire, alimentaire, social, avec toutes les familles déplacées», conclut le prêtre à la tête de Caritas Liban.

Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici

25 octobre 2024, 15:11