Pastorale de la santé mentale: un accompagnement à ne pas négliger

Paul Rytel-Andrianik – Cité du Vatican

«Il ne faut pas avoir honte des problèmes de santé mentale. C'est comme un bras cassé. Si quelqu'un lutte contre un trouble bipolaire, une dépression ou un autre problème de santé mentale, il n'y a rien de honteux à cela, et nous devons encourager les gens à voir les choses de cette manière», a affirmé Mgr Dolan pour souligner l'importance d'éliminer la stigmatisation associée aux problèmes de santé mentale. 

La formation

Selon l’évêque de Phoenix, en Arizona dans le sud-ouest des États-Unis, l'éducation est un élément clé de la pastorale de la santé mentale. Il a souligné que le clergé et les laïcs doivent être bien informés sur les services de santé mentale disponibles: «la pastorale de la santé mentale se concentre sur l'éducation des gens sur les bancs de l'église, mais aussi sur la formation des prêtres, des religieux et des diacres à la valeur des services de santé mentale, y compris le conseil, la psychologie, la psychiatrie et la neurologie». Pour l'évêque, cette formation donne au clergé les outils nécessaires pour parler de ces questions et orienter les paroissiens vers une aide professionnelle si nécessaire.

L'accompagnement

Un autre aspect important de cette activité est l'accompagnement. Mgr Dolan a expliqué qu’il consiste à créer des espaces où les personnes qui luttent contre des problèmes de santé mentale et leurs familles peuvent se réunir et partager leurs expériences. «Nous avons un accompagnement qui permet aux gens de se réunir, de partager leurs difficultés de santé mentale, ou qui permet aux membres des familles dont les proches souffrent de problèmes de santé mentale de faire face à la vie quotidienne dans ces situations», a-t-il souligné.

L'évêque a également rappelé le rôle de la direction spirituelle en tant que forme de soutien à la santé mentale: «La direction spirituelle a une valeur énorme. Elle ne demande pas beaucoup de temps -quinze minutes par semaine- pour que quelqu'un appelle ou nous rencontre par vidéoconférence pour parler et s'assurer que la personne progresse». Cette forme de soins pastoraux se limite toutefois à un accompagnement spirituel et n'implique ni diagnostic ni traitement clinique. «Nous ne posons pas de diagnostic, ne prescrivons pas de médicaments et ne traitons pas. Nous ne pouvons pas le faire pour des raisons juridiques, mais cela n'entre pas non plus dans notre champ d'action. Nous pouvons toutefois offrir un accompagnement et un soutien spirituels», ajoute-t-il.

Défense des droits

Enfin, Mgr Dolan a évoqué la nécessité d'encourager les gouvernements à soutenir les professionnels de la santé mentale et à améliorer l'accès aux soins. «Nous avons essayé d'exhorter le gouvernement à fournir un financement adéquat pour la formation des étudiants en psychologie, en psychiatrie et en neurologie». Il a également souligné la pénurie mondiale de thérapeutes et de psychologues en nombre suffisant, ajoutant: «Nous devons œuvrer pour que les choses changent au niveau mondial».

L’évêque de Phoenix a également fait part de l'impact positif de cette pastorale sur la vie des personnes concernées. «Des milliers de personnes ont répondu magnifiquement à ce ministère de la santé mentale», a-t-il déclaré, soulignant les progrès remarquables réalisés par ceux qui luttent contre la dépression, les troubles bipolaires et d'autres affections. «Tout ce que nous devons faire, c'est prendre le temps de les écouter sans les juger .... et de célébrer leurs succès. Ils commencent à prendre leur vie en main. C'est vraiment impressionnant».

Association des ministères catholiques de la santé mentale

Mgr Dolan a enfin souligné le rôle important joué par l'Association des ministères catholiques de la santé mentale (CMHM), une organisation qui soutient de manière significative la pastorale de la santé mentale. La CMHM se décrit comme «une association laïque de fidèles chrétiens dont les membres sont appelés à être une présence de guérison dans la vie de ceux qui souffrent de maladie mentale».

Le diacre Ed Shoener, président de la CMHM, a remis au Pape François le livre Catholic Mental Health Ministry Guidelines for Implementation. Cette publication, disponible gratuitement en ligne, propose des lignes directrices pratiques pour la mise en œuvre de la pastorale de la santé mentale dans les communautés catholiques. L'association s'inspire de l'enseignement de saint Jean-Paul II, qui a souligné la dignité inaliénable de chaque personne, y compris de celles qui souffrent de maladie mentale. «Le Christ a pris sur lui toute souffrance humaine, même la maladie mentale.... toute personne souffrant de maladie mentale porte toujours en elle l'image et la ressemblance de Dieu, comme tout être humain», écrivait Jean-Paul II.

L'association CMHM étend la portée de l'Église en offrant un soutien spirituel à ceux qui luttent contre des problèmes de santé mentale, tout en plaidant pour un accès à des professionnels.