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Mgr Georges Bizimana, évêque de Ngozi, au Burundi. Mgr Georges Bizimana, évêque de Ngozi, au Burundi. 

Pour Mgr Bizimana, le Synode nous invite à la coresponsabilité

L’Eglise vient de conclure les travaux de la seconde session de la 16ème assemblée générale ordinaire du synode des évêques. Ce parcours accompli par les délégués venus des quatre coins du monde n’a pas été seulement un parcours consultatif, mais aussi «un moment de fraternité, un voyage d'ensemble, un voyage communautaire». Tels sont les mots de Mgr Georges Bizimana, évêque de Ngozi, au Burundi, au terme de ce synode.

Entretien réalisé par Christian Losambe, SJ – Cité du Vatican

Au terme d’un mois intense de travaux qui ont réunis au Vatican plus de 350 participants, parmi lesquels des cardinaux, évêques, religieux, laïcs et délégués fraternels, Mgr Georges Bizimana, évêque du diocèse de Ngozi, a souligné le «sentiment de fraternité» qui a été au cœur de ces assises. Revenant sur ses impressions à l’issue de ce processus de trois ans, dans un entretien accordé à Radio Vatican – Vatican News, le prélat a invité les fidèles burundais «à œuvrer dans la communion et la coresponsabilité pour bâtir ensemble une Église synodale».

Suivre Mgr Georges Bizimana, évêque de Ngozi, au Burundi.

Excellence, dans ce chemin parcouru ensemble avec les autres participants, quels sont les sentiments qui vous animent au terme de cette seconde phase du Synode sur la synodalité?

Le sentiment qui m'anime au terme de cette seconde phase du synode, de la synodalité, c'est surtout le sentiment de fraternité. Nous avons vraiment vécu une ambiance de fraternité où chacun pouvait exprimer librement et sereinement ce qu'il habitait sans avoir peur de qui que ce soit. On se sentait en famille. C’était un voyage d'ensemble, un voyage communautaire. C'est très important pour une église qui veut entrer en synodalité dans la perspective de faire une église famille.

Quels sont les grands moments qui ont particulièrement retenu le plus votre attention, sur lesquels vous aimeriez revenir?

Disons que j'étais attentif à tous les moments: les célébrations, les congrégations générales, les moments d’échanges dans le cadre des cercles mineurs. Cependant, je dirais que j'ai été le plus frappé par l’organisation des congrégations générales, parce que c’était un réel moment d’apprentissage, une inévitable école. Les évêques, messieurs et dames, les sœurs, les religieux s'exprimaient librement, chacun donnant son apport par rapport à une question déterminée. On pouvait sentir qu'on convergeait. La préoccupation était vraiment la même, celle faire une église, une église qui corresponde à la volonté de son fondateur. J'ai donc été édifié par cette école. En outre, à chaque moment de congrégation générale, le Pape était présent. Il nous accompagnait, il écoutait attentivement. Certainement dans ses prises de décision, il va tenir compte de ce qui a été dit.

Quelles sont les paroles du Pape qui vous ont encouragé à davantage poursuivre ce moment d'assemblée synodale?

Les paroles qui m'ont encouragé tournent autour de l'Église famille, autour du thème de la co-responsabilité. Certains délégués disaient: chez nous, il y a des couches de population qui se disent «exclues» alors qu'ils ont tous droit à être membres de la famille, et donc droit à la participation. Il y en a d'autres qui disaient: nous, nous sommes déjà sur une bonne voie. Toutefois, l’on sentait que la convergence était la marche vers plus de coresponsabilité, vers plus de participation.

Nous devons parvenir à comprendre que dans l'Église, il n'y a pas de spectateurs, mais que nous constituons une famille où chacun a une part de responsabilité et qu'il y en fin de compte quelqu'un qui prend la dernière décision après avoir écouté les autres. Donc, cette disposition à l'écoute, cette volonté de participer pour le bien de l'église, cela m'a vraiment frappé et pour moi, c'est un signe que l'Église est en train de grandir.


Comment pourriez-vous aider l'Église burundaise de façon générale, particulièrement le diocèse de Ngozi dont vous êtes l’ordinaire, à concilier le binôme synodalité et coresponsabilité?

Pour moi, synode et corresponsabilité vont dans le même sens. Il n'y a pas d'antinomie entre les deux concepts. Il y a plutôt une correspondance. Il n'y a pas de synodalité sans coresponsabilité, il n'y a pas de coresponsabilité sans synodalité. Alors, pour moi, la mise en application, la mise en pratique des discussions et du discernement de ce synode tournera autour de la mise en contribution de toutes les parties prenantes à la vie de l’Église: au niveau des familles, au niveau des communautés, au niveau des circonscriptions, au niveau des paroisses, au niveau de la Curie diocésaine et au niveau du pays.

Il faut que chacun se sente partie prenante, qu’il sente qu'il a contribué au bien de toute la famille. Pour mettre cela en pratique, la première chose qu'il faut faire, c'est de mettre sur pied les structures de responsabilité, mais aussi de faire de telle sorte que tout fonctionne. Sur ce, il faudrait se mettre à l'écoute, organiser des réunions, mais aussi faire tout pour que chacun puisse apporter sa contribution, chacun à son niveau. Je pense que c'est la voix qui nous est demandée. Il y a aussi le devoir de rendre compte, le devoir de la redevabilité.


Ecellence, au terme de ce synode, quel message d'espérance pourriez-vous adresser aux fidèles du Burundi, particulièrement ceux de Ngozi, dans un contexte dominé par la pauvreté matérielle, une situation qui préoccupe beaucoup l'Église dans ce pays?

Le Burundi est compté parmi les pays pauvres matériellement, pourtant nous avons des richesses dans notre sous-sol. Ce qui nous manque, je pense, ce sont les bonnes pratiques au niveau de la gestion, justement au niveau d'une gestion coresponsable, c’est-à-dire une gestion où il y a le sens de la redevabilité. Je pense que si tout était mis en œuvre, tout serait orienté vers un développement effectif, un développement intégral. Mais cela exige un changement de mentalité, une véritable conversion.

Je prie pour mon pays pour qu'il y ait un changement de mentalité, pour qu'il y ait une véritable conversion. La conversion n'est pas seulement au niveau des individus, elle est aussi structurelle. Je pense au Burundi, et en Afrique en général, car nous sommes rongés par le péché structurel qui est générateur de tous les problèmes, de toutes les difficultés et même des guerres récurrentes que nous connaissons dans notre région.

Auriez-vous un dernier mot?

Le dernier mot serait celui de demander au Seigneur lui-même, parce que c'est Lui le grand protagoniste de notre conversion, de nous aider. Qu'il puisse lui-même canaliser les volontés, les volontés de ceux qui doivent prendre des décisions, mais aussi les volontés de ceux qui doivent travailler pour que les choses soient mises en marche, et que nous soyons tous disposés à cette conversion.

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30 octobre 2024, 09:53