Sœur Faye: l’Ecole de Synodalité a préparé à la deuxième session du synode
Stanislas Kambashi, SJ – Cité du Vatican
«Créer des espaces d’échange, d’écoute mutuelle, de partage, afin de bâtir une Église synodale où chacun se sent écouté, respecté, responsable et puisse contribuer à la mission commune». C’est le rêve de Sœur Anne Béatrice Faye. Depuis la fin de la première session du Synode sur la synodalité, la religieuse sénégalaise a organisé des webinaires et séminaires dénommés «École de Synodalité». Une expérience qui a permis le partage, mais aussi une préparation à la seconde session de ce synode. Dans un entretien accordé à Radio Vatican – Vatican News, elle est revenue sur cette initiative.
École de Synodalité: écoute, formation, apprentissage et partage
Professeure de Philosophie et religieuse de l’Immaculée Conception de Castres, sœur Anne Béatrice Faye a participé à la première session du synode sur la synodalité, à Rome en octobre 2023. Elle prendra aussi part à la seconde session, en tant qu’experte. Lors de la première session, elle a été marquée par le fait que les rencontres étaient basées sur l’expérience des églises locales et elle a été frappée par la qualité de l’écoute, le climat dans lequel se déroulaient les sessions, le respect mutuel de l’opinion de l’autre, etc. Elle s’est alors décidée de faire vivre la même expérience à son Église locale, à sa congrégation et aux petites communautés. L’un des points essentiels qui l’ont davantage motivée est la formation, qui a été très présente dans les discussions des participants au synode et qui revient à plusieurs reprises dans le Rapport de Synthèse. Pour mieux faire vivre aux autres cette expérience, elle a choisi la notion d’«École», comme lieu d’apprentissage où le partage est rendu possible grâce à une bonne pédagogie.
Les «Fondements des pratiques synodales»
Pour surmonter la difficulté de réunir physiquement plusieurs personnes, Sœur Faye a opté pour l’organisation des webinaires. Au total, elle a organisé cinq rencontres, en partant du Rapport de Synthèse, qu’elle a considéré comme «le fondement de cette démarche d'école». Les participants ont exploité les thèmes qui y sont traités et les questions qui ont été soulevées au synode. Des spécialistes et des personnes qui ont pris part à la première session ont apporté des explications sur certaines thématiques. Ils ont tout d’abord posé des «fondements des pratiques synodales», qui, pour la religieuse sénégalaise peuvent se résumer ainsi: «écouter pour comprendre, discerner pour agir». Au cours du premier webinaire, le jésuite burkinabè Paul Beré et la religieuse française Nathalie Becquart, deux personnalités très impliquées dans le synode sur la synodalité, ont exposé sur les principes d'écoute, de compréhension, de discernement et d'action qui sont au cœur de la démarche synodale.
Des webinaires aux thèmes variés
Le deuxième webinaire était axé sur le partage des pratiques synodales, «les questions que les gens se posent sur cette démarche synodale» et les lieux où ces questions peuvent être traitées et partagées. Ceci a emmené les participants à constater que «l'Église est aussi à l'écoute de nos préoccupations». Le troisième webinaire était particulièrement centré sur la synodalité: une Église qui accueille, écoute et accompagne. Des thèmes qui ont notamment été développés par le professeur Mgr Philippe Bordeyne, président de l'Institut pontifical Jean-Paul II à Rome, et la religieuse ivoirienne Solange Sia, son ancienne étudiante. Le quatrième séminaire en ligne a mis en dialogue trois intervenants, c'est à dire des regards croisés sur ce qu’on peut comprendre par charismes et ministères. Il était intitulé «Croisement de plusieurs tensions, charismes et ministères, dans la perspective d'une Église synodale». Les intervenants étaient le théologien jésuite Christophe Théobald, la sœur xavière Magdeleine N'Guessan et Beatrice Tavarès, une laïque sénégalaise.
La conversation dans l’Esprit
La cinquième rencontre était organisée sous forme d’un forum qui a réuni, du 10 au 12 mai 2024, dans la capitale sénégalaise, Dakar, 76 personnes venues d’une douzaine de pays d’Afrique et d’Europe. Ils ont examiné les dix questions de la première session du Synode, qui venaient d’être publiées. Cinq perspectives ont également été approfondies théologiquement. Pendant ces trois jours, le partage s’est fait suivant la dynamique de la conversation dans l'esprit, sur comment être une Église synodale en mission en mettant en pratique la synodalité, «c'est à dire écouter pour comprendre et accueillir, discerner pour marcher ensemble et agir…». Une fois de retour chez eux, les participants ont essayé de reproduire cette méthode dans les paroisses, dans les CEB, dans les communautés, a indiqué Sœur Faye. Même dans la disposition de la salle, les participants ont été placés autour des tables rondes, reproduisant ainsi l’image et l’ambiance de la première assemblée synodale sur la synodalité.
Une autre rencontre a ensuite été organisée, en présentiel, autour des influenceurs numériques. Une cinquantaine de jeunes ont participé et ont été sensibilisés sur leur mission de jeunes chrétiens sur le web. Il leur a aussi été montré que l’Église pense à eux. Le 30 août, une cinquantaine de participants ont également partagé sur l’Instrumentum Laboris. Des religieuses, religieux, prêtres et laïcs ont découvert ce document qui fera l’objet des discussions lors de la deuxième session du synode sur la synodalité.
L’Église garde sa vivacité et sa jeunesse
Pour Sœur Faye, même si la synodalité reste encore méconnue, en ce sens qu’il n’est pas encore dans le quotidien des membres de l’Église, l’expérience qu’elle a partagée valait la peine d’être vécue, «pour l'annonce du Royaume et pour mieux avoir une Église inclusive». Des telles occasions permettent d’approfondir la dynamique du processus synodal et rendent possible une réelle participation à la mission «à tous les niveaux» et au témoignage de foi. Pour la religieuse sénégalaise, l'expérience de l'École de Synodalité a montré que «l'Église catholique garde sa vivacité et sa jeunesse. Elle est en mouvement et elle est très, très vivante».
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