Messe d'action de grâce du cardinal Kutwa, archevêque émerite d’Abidjan
Bagendekere Fabrice SJ – Cité du Vatican et Marcel Ariston BLE, Abidjan.
Lundi 20 mai, le Pape François avait accepté la demande de renonciation du siège épiscopal du cardinal Jean-Pierre Kutwa, à la tête de l’archidiocèse d’Abidjan depuis 2006. Trois mois après la prise de possession canonique de son successeur, Mgr Ignace Bessi, le désormais archevêque émérite a célébré une eucharistie d'action de grâce pour ce «ministère auquel le Seigneur a voulu l'associer». L'occasion aussi de remercier tous ceux qui l'ont soutenu dans son cheminement.
Mon histoire histoire personnelle s’est écrite comme Lui l’a voulu
Après 18 ans sur le siège métropolitain d’Abidjan, le cardinal Jean-Pierre Kutwa a rendu grâce à Dieu pour tous les bienfaits réçus dans sa vie. En effet, l’ancien archevêque d’Abidjan a beaucoup de motifs de remercier le Seigneur: alors que les gens le croyaient mort, sorti «brisé au propre comme au figuré» d’un accident de circulation, en 1997, le cardinal, alors prêtre, avait miraculeusement survécu. «Dieu a fait de moi un miraculé», se rappelle encore le cardinal Jean-Pierre Kutwa.
De pareils évènements douloureux, il en connaîtra plusieurs autres, le rendant parfois presque impotent, et cela, très souvent à une étape importante de sa vie de serviteur. «Vraiment les bontés du Seigneur pour moi, ont largement dépassés mes espérances», s’est exclamé le prélat. Il finira par une louange: «comment donc ne pas proclamer la gloire du nom de Dieu, quand je sais que mon histoire personnelle s’est écrite comme Lui l’a voulu?»
Autant des chemins vers Dieu
Le cardinal Kutwa a aussi fait acte de reconnaissance envers tous ceux qui l’ont aidé dans son ministère épiscopal. «Je voudrais dire un sincère merci à chacun de vous qui avez rendu l’aventure possible», a déclaré le cardinal. Il a en même temps imploré le pardon auprès de tous ceux qu’il aurait offensé «volontairement ou involontairement», et a associé tout le monde à son cheminement spirituel en tant qu’évêque, mais d’abord chrétien. «Vous avez été tout au long de mon ministère épiscopal à la tête de l’archidiocèse d’Abidjan (18 ans, NDLR), autant de chemins vers Dieu qui a bien voulu m’associer à l’unique sacerdoce de son Fils Jésus-Christ!», a lancé le cardinal. Ainsi convie-t-il ses fidèles à maintenir les efforts dans leur cheminement vers Dieu. «Ce chemin vers Dieu est celui que chacun de nous doit découvrir chaque jour un peu plus», a soutenu l'ancien archevêque d'Abidjan.
La main tendue de Dieu qui nous associe à «ses affaires»
S’inspirant de la parabole des talents, évangile choisi pour cette célébration, l’archevêque émérite d’Abidjan, a convié les fidèles à la responsabilité dans l’histoire humaine. «L’absence du Maître parti en voyage sans en préciser ni le lieu, ni la durée, correspond à celui de la responsabilité des serviteurs que nous sommes!», a-t-il fait remarquer aux fidèles. Dans une humanité comme mise en épreuve, a poursuivi celui qui a connu multiples peines dans sa vie, «nous n’avons pas le droit de nous désister, car c’est une grande marque de confiance, que de mettre entre nos mains, les talents dont nous sommes pourvus, ‘chacun selon ses capacités’». L’attitude du Maître, a indiqué le cardinal Kutwa, est comme une «main tendue afin de nous associer à ses affaire », appelant de ce fait, les fidèles à «rendre désormais présent le Seigneur au monde et à nos frères et sœurs ». Il accentuera cette invitation à la coresponsabilité par cet envoi en mission final: «c’est à nous tous, fidèles laïcs du Christ, qu’il appartient de faire en sorte que nous revenions à des valeurs plus évangéliques (…) N’ayons plus peur et osons, car le Christ est avec nous, hier comme aujourd’hui».
Exister à partir de Jésus
À ce moment de retraite définitive de la vie de l’archidiocèse, le prélat a aussi tenu a partagé avec les convictions qui sont les siennes, à ses prêtres, quant à leur vie et ministère de prêtres. «Répondre à la confiance du Maître, c’est comprendre que de plus en plus, votre façon de vivre comme prêtres, est toute aussi importante que tout ce que vous faites en tant que prêtres», leur a-t-il dit. Ainsi les invita-t-il à ne pas définir d’abord leur ministère par une série de tâches spécifiques à accomplir mais, «par le signe du Christ Pasteur, porté par des hommes au sein des communautés vers lesquelles ils sont envoyés». Ceci, pour rappeler la centralité du Christ dans la vie du prêtre. «À ce titre, vous devez exister à partir de Jésus et trouver en Lui, le centre de gravité de votre ministère et de votre vie de prêtre», dira-t-il, en souhaitant «une belle et fructueuse aventure» dans le ministère, «pour le bien de l’Église d’Abidjan». S’agissant des défis à relever dans l'archidiocèse d’Abidjan, le cardinal Kutwa a exhorté l’équipe sacerdotale à «se réarmer moralement et spirituellement». Ceci, pour qu’ils comprennent que «le service de la prière devra toujours être plus important que celui des tables». Il les a aussi engagés à veiller à la «qualité de présence, celle qui fait naître une Église qui repose sur la responsabilité de tous les baptisés», tout en leur assurant de ses prières.
Aider l’humanité à ne pas déchoir
Le cardinal ivoirien a aussi accordé une place spéciale aux femmes dans son homélie. Se tournant vers elles, au terme de son de son exhortation, il leur a fait comprendre qu’elles pouvaient «aider l’humanité à ne pas déchoir». Le prélat s’est adressé de façon particulière aux femmes consacrées leur demandant de montrer la différence dans un monde caractérisé par l’égoïsme et la recherche du plaisir. «Dans un monde où l’égoïsme et la recherche du plaisir voudraient faire la loi, soyez les gardiennes de la pureté, du désintéressement, de la piété», les a-t-il exhortées, leur présentant l’image de Marie, sous la croix.
Enfin, le cardinal Kutwa a invité les femmes à « se tenir tout droit», elles qui selon lui, si souvent dans l’histoire, ont su «donner aux hommes la force de lutter jusqu’au bout, de témoigner jusqu’au martyre». «Aidez-les encore une fois à garder l’audace des grandes entreprises, en même temps que la patience et le sens des humbles commencements», les a-t-il encouragées. En agissant ainsi, a-t-il confié, avec une référence à la situation politique de leur pays, «vous rendrez un grand service à notre pays, alors que les élections de 2025 se profilent à l’horizon et commencent déjà à cristalliser les attentions».
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