Photo d'illustration de la célébration de la 28e journée nationale de prière pour la paix. Photo d'illustration de la célébration de la 28e journée nationale de prière pour la paix. 

Côte d’Ivoire: célébration de la 28e journée nationale de prière pour la paix

Chaque année, à la mi-novembre, la Côte d’Ivoire commémore la journée nationale de la paix. Déclinée par l’Église en journée nationale de prière pour la paix, sa 28e édition a été célébrée vendredi 15 novembre, par une messe solennelle en la basilique Notre-Dame de la paix de Yamoussoukro. Dans leur message, les évêques ont invité les ivoiriens à prier et à travailler pour que leur pays «ne dévie pas de la voie de la stabilité empruntée depuis quelques années».

Marcel Ariston Blé - Abidjan, Côte d'Ivoire

C’est dans un communiqué rendu public à l’occasion par Mgr Joseph Aka Kakou, évêque de Yamoussoukro et vice-président de la commission épiscopale pour la pastorale sociale et du service du développement humain intégral (CePas-SDHI), que les évêques ont décrit cette exigence de la paix, une réalité, selon leur expression, «aussi chantée, aussi célébrée, mais mise en même temps aussi en mal». Ils ont invité leurs compatriotes à ne pas se lasser de la rechercher, faisant en même temps remarquer qu’elle demande un effort quotidien.  «C’est chaque jour que nous devons travailler à la paix et ce travail requiert de la patience, de l’inventivité, de la créativité», ont affirmé les évêques.  Il faut savoir recommencer, puiser au fond de soi-même «les ressources intérieures nécessaires à la construction de l’œuvre de paix», ont-ils renchéri.

Éviter à la Côte d’Ivoire une autre crise

Les évêques ivoiriens ont initié leur message par une anamnèse des plus graves crises de l’histoire récente du pays, notamment celles de de septembre 2002 et d’octobre 2010. A en croire les évêques, la Côte d’Ivoire n’est pas encore totalement sortie de ces crises. «En témoignent les tensions politiques et sociales violentes qui continuent d’animer la vie des ivoiriens», ont-ils affirmé. En évoquant ces dates, les évêques invitent leurs concitoyens à déclarer un non-lieu à des tels drames. «Nous voulons en appeler à votre amour pour la Côte d’Ivoire, que chaque ivoirien, habitante, habitant de ce beau pays crie de tout son être: plus jamais ça!», ont-ils écrit.

Ainsi, l’intention portée par la célébration eucharistique du 15 novembre 2024 était que la Côte d’Ivoire «ne dévie pas de la voie de la stabilité empruntée depuis quelques années», et que tous les ivoiriens disent d’une seule voix «non à la violence! Oui à la paix!», afin de construire une société basée sur le pardon, la justice et la vérité. Par cette occasion même, les prélats ont exhorté les fidèles de toutes les confessions religieuses, toutes les personnes de bonne volonté à «ne pas se fatiguer de prier avec persévérance pour l’avènement de cette paix».


Faire corps, famille en prenant soin de tous, surtout les plus vulnérables

Les évêques ivoiriens ont aussi saisi cette occasion pour dénoncer les vastes opérations de démolition des quartiers dits ‘’précaires’’ d’Abidjan et le déguerpissement de leurs habitants. Cette opération lancée en janvier 2024, et qui se poursuit encore aujourd’hui, a laissé, en effet, de nombreuses familles déjà avec des difficultés économiques, sans aucune demeure, les exposant à toute sorte d’intempéries. Les prélats ont alors appelé les ivoiriens à faire corps avec tous, en prenant soin de tous, surtout les plus vulnérables. «Notre communauté nationale doit, avant tout, placer l’être humain, avec ses fragilités et ses besoins, au centre des intérêts communs», ont-ils déclaré, rappelant que la paix «ne peut s’obtenir que par la sauvegarde des personnes, le respect de leur dignité et la pratique de la fraternité ».

Côte d’Ivoire : célébration de la 28e journée nationale de prière pour la paix
Côte d’Ivoire : célébration de la 28e journée nationale de prière pour la paix

Raviver la fibre patriotique pour une paix sociale

En octobre de l’an prochain sont prévues en Côte d’Ivoire les élections présidentielles. Au regard de la situation politique actuelle, particulièrement du climat qui anime «la  pré-campagne» déjà en cours, les évêques disent être en droit de s’inquiéter de la tournure que pourrait prendre ce scrutin, et vu le ton que prenaient certains discours. Ils ont appelé donc leurs compatriotes à la vigilance, les invitant à raviver «la fibre patriotique» qui, selon les évêques, «seule, fait choisir le camp de la paix sociale».

Les prélats ont rappelé que la démocratie n’est pas «une arène où l’on s’affronte pour un combat à mort», mais «une confrontation responsable et respectueuse des différences et des droits légitimes des uns et des autres». Le débat politique, d’intérêt général, ont-ils poursuivi, «doit toujours rester au service de l’homme et de la femme», invitant de ce fait tous les partis politiques à s’inscrire dans cette vision humaniste.  

Côte d’Ivoire : célébration de la 28e journée nationale de prière pour la paix
Côte d’Ivoire : célébration de la 28e journée nationale de prière pour la paix

Mettre le pays à l’abri des tensions inutiles

En vue des élections de 2025, une opération de révision des listes électorales a déjà été entamée par la Commission électorale ivoirienne. Cet exercice représente déjà une étape importante dans la préparation du scrutin, notamment dans le crédit qu’il aura.  Sur ce, les évêques ont recommandé à la commission électorale indépendante, qui en assure la charge, de «travailler dans l’impartialité, la vérité et la transparence en vue de garantir des élections paisibles et fiables». Une telle rigueur consolidera leur système démocratique pluraliste et mettra le pays à l’abri de tensions inutiles, ont affirmé les évêques. De leurs avis, les structures seules ne peuvent suffire pour éviter les tensions pendant l’exercice électoral.

Ainsi, les prélats ont invité chacun à «arracher de son cœur tout esprit de haine, de vengeance et de violence», mettant en garde contre «toute voie de l’obstination et de la confrontation violente» qui, selon eux, n’aboutit jamais à la victoire, mais plutôt à une illusion de celle-ci. Ils ont invité tous les protagonistes au dialogue, en cas de divergence de perception, avec la consigne de «mettre en avant l’intérêt supérieur de la Nation».  Ce principe constitue le seul moyen qui mène «à une victoire pour tous et sans perdant».


Catholiques et musulmans ensemble pour la la paix

En concluant leur message, les évêques ont exhorté leurs concitoyens et tous les résidants de la Côte d’ivoire à garder confiance en un avenir plus heureux. Ils les ont invités à cet effet, «à travailler ensemble, main dans la main, dans la vérité et la justice, le pardon et la réconciliation, l’amour et la fraternité, pour l’avènement d’un avenir radieux» dans leur pays.

Notons que cette messe pour la paix a vu la présence d’une forte délégation de la communauté musulmane de la ville de Yamoussoukro. Après la messe dans la basilique, le cap a été mis sur la Grande Mosquée de la paix de ladite ville pour ce même exercice. Dans ce haut lieu de culte musulman, les guides religieux musulmans et catholiques ont réitéré leur volonté de travailler ensemble pour la promotion et la consolidation de la paix dans le pays.

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18 novembre 2024, 16:46