Le Pape écoutant une déplacée Sud-soudanaise lors de sa visite à Juba, le 4 février 2023. Le Pape écoutant une déplacée Sud-soudanaise lors de sa visite à Juba, le 4 février 2023.  

Les évêques des deux Soudan face à l’insécurité croissante dans leurs pays

Au terme de la rencontre qui a réuni les conférences épiscopales du Soudan et du Soudan du Sud, une déclaration a été faite, dans laquelle les évêques reviennent sur la situation sécuritaire des deux voisins. Ils exhortent les Soudanais à lutter pour une coexistence pacifique et à travailler à l’avènement d’une paix durable dans leurs pays respectif. Ils invitent aussi les parties en conflit à trouver une issue à ces crises.

Fabrice Bagendekere –Cité du Vatican

Les membres de la Conférence épiscopale des deux nations sœurs, le Soudan et le Soudan du Sud, se sont réunis du 12 au 19 novembre à Kit dans l'archidiocèse de Juba au Soudan du Sud pour réfléchir sur la situation sociopolitique de leurs pays et les modalités pour trouver des solutions pacifiques aux conflits. Les évêques se sont dits «profondément préoccupés par la détérioration de la situation sociopolitique au Soudan». En effet, les deux pays peinent à sortir d’une guerre nourrie par des conflits d’intérêts et la dispute du pouvoir, «sans aucune chance de paix en raison de l'absence de dialogue».

L’espoir d’une paix durable estompé

Depuis le 15 décembre 2013, deux ans seulement après son indépendance, le Soudan du Sud n’a pas eu un seul moment de calme, malgré les différents accords qui ont été signés entre les parties en conflit pour un cessez-le-feu. En 2018, par exemple, les belligérants avaient signé un «accord revitalisé» sur la résolution du conflit dans leur pays. L’adjectif «revitalisé» fait référence ici à un accord précédent, celui signé en 2015, qui n’avait jamais été mis en œuvre. A l’accord de 2015 avait alors été ajouté le «Consensus de Tumaini».  Cette entente prévoyait la tenue des élections générales dans le courant de cette année 2024 avant de les voir reportées à décembre 2026.

Suite à ce report, l’inquiétude est grande que ne s’aggrave une situation déjà précaire. «Avec les reports récurrents des élections démocratiques au Soudan du Sud, l'espoir d'une paix durable s'estompe», préviennent les évêques des deux pays. Ils appellent «le gouvernement et les groupes armés à respecter la vie et à protéger les civils et leurs biens». Ils invitent également les partenaires internationaux à continuer de soutenir le Soudan du Sud pour qu'il sorte des «pièges humanitaires et devienne une nation qui valorise la stabilité pour la prospérité».


Des conséquences humanitaires qui dépassent la limite du tolérable

Plus de dix ans de guerre, les conséquences des affrontements entre les partisans du président Salva Kiir et ceux du vice-président Riek Machar sont désastreux. L'ONG Medecins Sans Frontières (MSF) fait état de quatre millions des déplacés. Les évêques soulignent que «les conséquences humanitaires sur les civils ont dépassé le stade de la tolérance». Ils expriment leur préoccupation face à cette crise socio-politique et économique qui perdure au Soudan du Sud, une situation qui, selon eux, a créé un stress humanitaire. «Avec la plus grande fermeté», les évêques condamnent cette barabrie, exhortant «le gouvernement du Soudan du Sud et les groupes d'opposition à accélérer la mise en œuvre des étapes de l'Accord revitalisé de 2018 sur la résolution du conflit dans la République du Sud-Soudan (R-ARCSS) et la conclusion rapide du Consensus de Tumaini prévu pour 2024 sans plus de retard». Ils convient aussi le peuple soudanais à «apprendre à survivre ensemble, à rejeter la violence et à œuvrer pour la paix».

Nécessité d’un soutien international au Soudan du Sud

La stabilité du Soudan du Sud reste précaire. Ce 21 novembre, une fusillade a éclaté dans la capitale Juba, suite à la tentative d'arrestation du chef du Service national de sécurité Akol Koor Kuc, expliquent certaines sources. Selon des observateurs, «la défenestration de celui qui était jusqu'alors le chef des services de renseignement est révélatrice d'une lutte de pouvoir interne au sein du régime de Kiir». Face à cette situation, la confusion grandit au sein de la population. Les évêques des deux Soudan exhortent ainsi la communauté internationale à continuer de soutenir les efforts mis en place pour parvenir à la stabilité. Ils appellent également à la promulgation rapide d'une nouvelle constitution pouvant garantir la pacification et la souveraineté de leur pays.


Des milliers des vies fauchées et des millions des déplacés au Soudan

L'inquiétude est forte également concernant le Soudan, lui aussi ravagé par la guerre civile depuis bientôt deux ans. Les affrontements qui ont éclaté entre les forces armées du pays et les Forces de soutien rapide (FSR), le 15 avril 2023, continuent de faire rage, notamment dans la capitale Khartoum. Les évêques font état «des milliers de Soudanais [qui] ont perdu la vie et des millions [qui] ont fui leur foyer pour se réfugier dans des Etats relativement pacifiques». Certains d’entre eux se sont retrouvés au Soudan du Sud, lui-même en situation sécuritaire précaire. Ils exhortent donc «les parties en conflit et ceux qui les soutiennent à respecter le droit humanitaire». Les évêques exhortent enfin les belligérants «à s'abstenir de bloquer les couloirs humanitaires permettant d'acheminer une aide vitale ».

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23 novembre 2024, 12:58