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Image d'illustration: Christ-Roi de l'Univers Image d'illustration: Christ-Roi de l'Univers   (©Renáta Sedmáková - stock.adobe.com)

La Royauté du Christ: un pouvoir d’humilité, d’amour et de service

La solennité du Christ-Roi de l’Univers est célébrée cette année le 24 novembre. Le Christ est venu pour servir, non pour être servi. Se démarquant de celle des hommes, et faisant de sa croix son trône, la royauté du Christ est une exhortation au don de soi dans l’humilité, l’amour et le service, car sa royauté «ne vient pas de ce monde» (Jn18, 36).

Entretien réalisé par Françoise Niamien - Cité du Vatican

Instituée par le Pape Pie XI en 1925, par la lettre encyclique Quas Primas, la solennité du Christ-Roi de l’Univers affirme la royauté du Christ, à laquelle les nations devraient obéir. Célébrée le 34e et dernier dimanche du temps ordinaire, cette solennité marque la clôture l'année liturgique, la marche quotidienne de l'Église. Elle marque aussi un arrêt pour le couronnement de l'année et pour célébrer ce qu'elle a vécu tout au long des douze mois écoulés.
Le Christ-Roi de l'Univers nous récapitule ce que Dieu est réellement: «principe et fin de toutes choses». Et Il (Dieu) appelle l'homme à partager aussi cette fin, cette réalité glorieuse et éternelle, qui est sa vraie destinée. «Et pour nous, chrétiens, c'est la joie de nous savoir accompagner chaque jour par le Christ. Cette solennité nous pousse à revisiter donc notre marche, à nous engager à faire de ce monde la récapitulation en Jésus de ce que chacun de nous est appelé à devenir», rappelle le père Apollinaire Kouakou Adams, professeur de liturgie au grand séminaire Saint-Paul d’Abadjan-Kouté, dans le diocèse de Yopougon en Côte d’Ivoire, dans un entretien accordé à Vatican News.

L'intégralité de l'entretien avec le père Apollinaire Kouakou Adams, professeur de liturgie au Grand Séminaire Saint Paul d’Abadjan Kouté, en Côte d’Ivoire

Que faut-il comprendre de la royauté du Christ?

Pour comprendre cette solennité, il nous faut revenir à la réponse de Jésus à la question de Pilate: «es-tu le roi des juifs?». Jésus répondit: «c’est toi qui le dis, je suis roi. Je suis né et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité. Quiconque est de la vérité écoute ma voix» (Jn 18, 37). Cette réponse démontre que Jésus n’accepte pas la royauté de ce monde, la royauté politique qu’on lui attribue.
Le Christ-Roi de l'Univers nous indique que seul Dieu est au début et à la fin de toute chose. Comprendre la royauté du Christ, c'est se laisser conduire par cette recherche constante de la vérité, de la gratuité du service. La royauté du Christ met donc en exergue les vertus ou les caractéristiques du service, de l’amour, de l'humilité, du sacrifice et surtout de la recherche constante de la vérité, qui doit se dissocier des compromissions douteuses. Le projet de Dieu n'est pas la recherche des privilèges écrasants, étouffants, dans un monde de plus en plus dominé par des propositions contraires au projet du Créateur sur la création, et particulièrement sur l’homme créé à son image.

Quel est l'enseignement à tirer de la royauté du Christ pour l'Église elle-même aujourd’hui?

L'enseignement à tirer pour l'Église elle-même, c'est de ne jamais se détacher du regard à poser sur la Croix et de ce regard-là, celui à poser sur le monde, «qui est un regard bienveillant de Dieu, un regard de service, d'amour et d’humilité». De ce fait, l'enseignement premier pour l'Église, c'est de ne jamais abandonner le chemin de l'Homme. Un chemin, éclairé par la présence du Christ, par sa passion, sa croix, sa mort et sa résurrection.
Dans un monde aujourd'hui tiraillé, désorienté, l'Église doit être le chemin de la vérité. Elle doit avoir cette fermeté bienveillante, c'est-à-dire miséricordieuse, mais sans tronquer son être avec la veste du monde, sans tronquer son identité avec les propositions du monde.
L’Église doit emprunter le chemin de tout l’homme, en enseignant à ce monde que le Christ, Roi de l'univers, nous appelle à nous dessaisir de ce qui est notre prétention parfois exorbitante à vouloir tout dominer.
L’Église, à travers ses institutions, son gouvernement, doit revêtir les attitudes de son divin époux, le Christ, comme le dit saint Paul: «Il l'a voulue immaculée, resplendissante». Il s'est sacrifié, il a aimé jusqu'à se donner lui-même. Une invitation pour l'Église à aimer le monde à la lumière du Christ, en vivant constamment dans l’humilité et l’annonce de la vérité.

Le père le père Apollinaire Kouakou Adams, professeur de liturgie en Côte d’Ivoire
Le père le père Apollinaire Kouakou Adams, professeur de liturgie en Côte d’Ivoire

Et que doit représenter cette royauté du Christ pour les gouvernants de ce monde?

La royauté du Christ est le modèle idéal de royauté aussi bien pour nos gouvernants que pour toute personne qui tient une quelconque part de responsabilité. Nos gouvernants doivent comprendre que le regard de Dieu sur l'homme et sur toute l'humanité, se réalise en Jésus Christ. En Lui et par Lui, (Jésus), Dieu a dit non de manière irréversible et définitive à la violence. Dieu a dit également non à l'injustice, à la haine, au mensonge. Bref, Dieu a dit non au mal.
La solennité du Christ-Roi enseigne aux gouvernants, surtout aux gouvernants chrétiens, qu’ils sont appelés à être le sel et la lumière du monde. Ils doivent briller pour qu’en voyant leurs œuvres, les autres rendent témoignage à Dieu. La royauté du Christ leur rappelle aussi que tout pouvoir est don, service, sacrifice et détachement.
Rappelons-nous ce que Christ disait en réponse au fils de Zébédée, selon le récit de saint Matthieu. «Vous le savez: les chefs des nations commandent en maîtres, et les grands font sentir leur pouvoir. Parmi vous, il ne devra en être ainsi: Celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur et celui qui veut être le premier sera votre esclave. Ainsi, le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude» (Mt 20, 25-28).
Voilà le message pour nos gouvernants: c’est de donner leur vie, leur temps à leurs peuples. C’est pour cela qu’ils sont investis par le peuple. C’est pour être au service de leur nation dans la recherche du bien commun, plutôt que de perpétrer le cycle de violence et de destruction de ce monde aimé et sauvé par Dieu.

Pour le peuple de Dieu, quels sont les enseignements à tirer de la royauté du Christ?

Pour l'ensemble du peuple de Dieu: c'est au cœur de ce peuple-là que, dans la diversité culturelle, dans la diversité de nos origines, dans la diversité de nos talents, Dieu veut construire une mosaïque de fraternité. Le Christ-Roi lance à tout le peuple chrétien ces défis: sommes-nous encore crédibles? Quel est l'impact de notre identité chrétienne sur la société? Quel est l'impact sociétal de notre union au Christ pour la transformation de notre quotidien, la sauvegarde de nos valeurs et celle de la création?
Voilà le message fort. Pauvres de nous, donc si nos ambitions démesurées nous font tronquer la vérité de l'Évangile pour les honneurs, le pouvoir et l’avoir. Triste sort pour chaque chrétien que nous sommes si notre adhésion à la loi intérieure du Christ n'est qu'une comédie passagère teintée d'hypocrisie en vue d'être bien apprécié. Il faudrait qu’en célébrant le Christ-Roi de l'Univers, chaque baptisé, chaque pèlerin appelé à construire le royaume ici-bas pour être héritier dans l'avenir, se dise: Dieu n'abandonne jamais son monde. Que le Seigneur nous garde afin que nous puissions progresser dans la recherche constante du bien, le bien de l’humanité, de l’Église, car le Christ est le Roi de l’Univers.

Quel serait votre dernier message?

Seule la vérité construit l'homme et le maintien debout. Le projet de Dieu se dessine dans le Christ-Roi. Que tout homme, s'identifiant à lui, découvre réellement que la royauté du Christ n'est pas une domination sur les autres, mais plutôt une humilité qui se fait gratuité du don, construction de pont d'amour, et qui détruit toutes les chaînes qui empêchent toute vie de s'épanouir réellement.

 

 

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23 novembre 2024, 16:08