Méditation de la solennité du Christ-Roi: «Que le Seigneur règne sur nos vies»
Lectures: Dn 7, 13-14 Ps 92 (93), 1abc, 1d-2, 5 Ap 1, 5-8 Jn 18, 33b-37
Chers Frères et Sœurs,
Nous célébrons aujourd’hui la fête du Christ-Roi de l’Univers. Cette fête, qui clôture l’année liturgique, a été instituée par le pape Pie XI en 1925 pour réaffirmer la souveraineté du Christ dans un monde marqué par la montée des idéologies athées et des mouvements de sécularisation. Mais cette fête est-elle encore pertinente aujourd’hui ?
En effet, en jetant un regard sur notre monde marqué par ses maux et la loi de la jungle, en voyant l’état de nos relations très souvent marquées par l’égoïsme et les mésententes, en méditant sur notre propre vie chrétienne, la fête d’aujourd’hui nous interpelle et nous invite à un examen de conscience: qu’est-ce qui a de l’emprise sur ma vie? Quel esprit règne sur moi, mes amitiés, ma famille, notre monde?
Dans la première lecture, Daniel s’adresse au peuple d’Israël qui traversait un moment douloureux d’occupation et de persécution. Au cœur de cette situation désespérée, Daniel vient encourager le peuple à tenir bon et à garder l’espérance. Il cherchait à leur dire: aujourd’hui vous êtes écrasés, mais votre libération approche et elle sera définitive. Cette vision de Daniel s’adresse aussi à nous aujourd’hui pour nous encourager et nous fortifier. Malgré nos situations douloureuses, malgré nos épreuves, ne nous laissons pas envahir par l’esprit du mal qui ne produit que peur, tristesse, haine, colère, violence, division, etc. Daniel nous invite plutôt à la sérénité, car le règne qui vient, est un règne de paix et de joie dont la domination sera éternelle.
Dans le même sens, saint Jean, s’adressant à des chrétiens persécutés et mis à mort, annonce le triomphe de la paix et de l’amour. Au cœur de la persécution, le message de l’Apocalypse a pour but d’encourager et de fortifier en présentant le Christ glorifié qui a triomphé sur les puissances du mal. Mais comment garder la foi en ce Christ malgré nos traversées du désert? Au cœur de nos situations difficiles, comment continuer à croire en un lendemain meilleur alors que nous n’arrivons même pas à percevoir une lueur d’espoir? En ce jour, nous sommes invités à fixer nos regards sur le Christ-Roi.
En cette solennité du Christ-Roi, l’évangile soumis à notre méditation peut nous surprendre. Alors que nous célébrons le Christ-Roi de l’Univers, l’évangile nous présente Jésus qui comparait devant Pilate. Le procès tourne autour de la royauté de Jésus. Et on a l’impression d’assister à un dialogue de sourds. Jésus qui s’est toujours dérobé chaque fois qu’on a voulu le prendre pour roi, devant Pilate où il n’en avait pas l’air, affirme: «tu le dis, je suis roi». Comment Jésus, tel qu’il apparaît dans le Prétoire, pouvait-il être roi? Pilate n’en croit pas. En effet, Jésus n’est pas roi à la manière du monde. Comme il le disait à ses disciples: «le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude» (Mc 10, 42-45).
La royauté du Christ est donc une royauté de service et d’abnégation. C’est un règne de paix et d’amour. En ce jour de fête, nous sommes appelés à devenir artisans de ce royaume pour un monde plus pacifié, pour des relations plus amicales et plus réconciliées, pour une vie plus joyeuse. Honorer le Christ-Roi, ce n’est pas le louer des lèvres. Honorer le Christ-Roi, c’est plutôt écouter sa voix et conformer notre vie à la sienne, car quiconque appartient à la vérité écoute sa voix.
En ce jour du Seigneur, demandons que le Christ règne toujours sur notre vie, sur nos pensées et sur notre monde. Amen!