«Ne laissez personne détruire et anéantir votre espérance», exhorte le cardinal Ambongo

Bagendekere Fabrice, SJ – Cité du Vatican

L´Eglise universelle a célébré ce dimanche 24 novembre la solennité du Christ-Roi, fête qui marque la fin d’une année liturgique. C’est aussi ce dimanche qui été choisi par le Pape François, depuis 2021, pour la célébration des journées diocésaines des jeunes (JDJ). C’est une journée au cours de laquelle les jeunes se rassemblent autour des thèmes et des activités, suivant les orientations des diocèses. À Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo, des milliers des jeunes venus de toute la mégapole se sont réunis autour de leur archevêque. Mariant l’image de la royauté du Christ et la situation socio-politique du pays, le cardinal attentif aux questions injustices sociales, a prononcé une exhortation qui devrait attiser l’espérance dans les cœurs de ces jeunes congolais. 

Ceux qui mettent leur espérance dans le Seigneur marchent sans se fatiguer

Dans la droite ligne du thème qui avait été retenu pour la célébration de la Journé mondiale de la jeunesse: «Ceux qui mettent leur espérance dans le Seigneur marchent sans se fatiguer» (cf. Is 40,31), l’archevêque de Kinshasa a commencé son exhortation par un appel à l’espérance, leur rappelant qu’ils sont l’avenir de l’Eglise. «Mes chers jeunes, vous voir si nombreux et si enthousiastes, venant de différentes paroisses et communautés de notre Archidiocèse, me comble de joie et de bonheur. Car vous êtes l´avenir de l´Eglise, c´est vous la jeunesse de l´Eglise, et ce à la suite de Jésus-Christ qui vit en vous et qui est éternellement jeune. Que le Christ soit votre avenir et votre espérance», a-t-il déclaré. Plus avant, le prélat a présenté à ses jeunes le Christ comme un «compagnon de vie et de route», évoquant en même temps l’année jubilaire qui arrive. «Mes chers jeunes, en tant que pèlerins de l´espérance, vous ne marchez pas seuls. Le Christ est votre compagnon de vie et de route; c´est avec lui et sur ses pas que nous amorcerons bientôt la marche de l'année jubilaire, l'Année sainte 2025 placée précisément sous le thème de "Pèlerins de l’espérance". Et cette marche de l’année jubilaire culminera à Rome dans la célébration du jubilé des jeunes en 2025», a assuré le prélat.

Le christ au cœur de l’espérance chrétienne

Associant le thème de l’espérance à la célébration du Christ-Roi, l’archevêque de Kinshasa a insisté sur l’aspect christocentrique de l’espérance chrétienne. «Jésus est le vrai roi, et l'avènement de sa royauté du Christ est au cœur de l’espérance chrétienne», a-t-il proclamé. Pour mettre en lumière la nature du royaume du Christ, le cardinal Ambongo a mis en évidence les contributions des lectures du jour. D’abord la première lecture, où le prophète Daniel décrit la royauté du Messie, attendu comme une «une royauté qui ne sera pas détruite» (Voir Dn 7,14). Avançant dans sa réflexion, le prélat a expliqué que «cette vision de Daniel est une invitation à l´espérance, surtout dans un contexte de persécution, comme ce fut le cas pour le peuple de Dieu jadis persécuté par le roi païen Antiochus».  Ensuite dans la deuxième lecture, tirée du livre de l’Apocalypse, où «saint Jean voit dans sa vision le Prince des rois de la terre revenir dans la gloire». L'apôtre, a expliqué le prélat, «entend le Seigneur de l’Univers déclarer: ‘Moi, je suis l’Alpha et l’Omega, Celui qui est, qui était et qui vient, le Souverain de l’univers’» (Voir Ap 1,8). Ainsi conclura-t-il encore sur une note d’espérance: «Tout comme le prophète Daniel, saint Jean convie à l’espérance l’Eglise naissante qui était persécutée par des empereurs romains».

Jésus est le seul et unique roi

À la nature éternelle, l’ordinaire de Kinshasa a ajouté une autre marque particulière du royaume du Christ: sa singularité. «"Dieu seul est le véritable Roi de l’Univers. La victoire appartient à son Christ", a affirmé le Christ, se référant à l’Apocalypse de saint Jean. C’est cette même confession qu’il fera dans sa lecture de l’épisode du procès de Jésus devant Pilate, que mettait en scène l’évangile du jour. Ainsi a-t-il établi que «célébrer la Solennité de Christ-roi, c'est affirmer que Jésus est le seul et l´unique véritable roi». C’est pour dire, «c'est lui seul que nous devons suivre et écouter. C´est à l'avènement de son règne que nous devons tous travailler». Devant 1000 jeunes, il a ajouté une remarque: «célébrer la solennité de Christ-roi de l´univers, c'est aussi faire triompher la vérité dans un monde marqué par des mensonges et la propagation des illusions et de fausses promesses». Ceci trouve son appui dans l’exposé du Christ à Pilate. Jésus déclare à Pilate: «ma royauté n’est pas de ce monde (…). Moi, je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci: rendre témoignage à la vérité» (Voir Jn 18, 37). Ainsi, le cardinal a conclut «comme vous le savez, la vérité s'oppose au mensonge. Dieu est vérité et il ne nous trompe pas. Il réalise ses promesses», expliquant pourquoi il est affirmé que «l’espérance en Dieu ne déçoit pas» (voir Rm 5,5).

Que personne ne vous vole votre avenir

C’est sur cette note d’espérance que le cardinal Ambongo a convoqué la situation socio-politique de son pays, conjoncture dans laquelle cette jeunesse est tenue à vivre et se déployer. «À voir la réalité que nos jeunes vivent aujourd´hui, dans notre pays, tout porte à croire que la jeunesse congolaise en général et kinoise en particulier est sacrifiée. Elle est le cadet des soucis de ceux qui sont sensés assurer sa promotion et son avenir», a affirmé le prélat. Entre «fausses promesses», «marchands des illusions», détérioration du système éducatif, le cardinal a fustigé la mauvaise gouvernance de leur pays.

«Comment comprendre que l'on passe du temps et que l'on dépense de l'énergie à parler de l'opportunité ou pas du changement ou de la révision de la constitution, en lieu et place de s'occuper de cette jeunesse abandonnée et de se soucier d'elle et de son avenir par des actions et des initiatives concrètes bien réfléchies et planifiées? Quelle est la qualité de la formation que nous assurons à notre jeunesse aujourd´hui et que faisons-nous pour cette jeunesse de plus en plus abandonnée à son triste sort et qui voit son avenir bouché et sans perspectives?», a demandé le prélat congolais. Il n’en reste pas moins qu'il a continué à exhorter les jeunes à «s'ouvrir à l´espérance en un monde meilleur et en un avenir radieux».

«Que personne donc ne vous vole votre avenir. Ne laissez à personne détruire et anéantir votre espérance (…) Ne vous laissez donc pas tromper. Ne cédez pas aux fausses promesses, ni aux marchands des illusions. Suivez plutôt le Christ, votre espérance, ce roi de l´amour qui détruit la haine et la violence; ce roi de la vérité qui repousse le mensonge, la corruption et la tricherie; ce roi de la justice et de la paix, qui réconcilie les cœurs au lieu de diviser (…). Soyez des pèlerins de l'espérance dans un monde marqué par le désespoir et les antivaleurs. (…) Même si le futur apparaît sombre, l’espérance vous convie à ne pas céder à la tentation du défaitisme et de la résignation (…) Cette terre du Congo vous appartient. Si vous vous découragez, personne d’autre n’en prendra soin mieux que vous. N’oubliez pas que tout pouvoir terrestre a un début et une fin, mais le règne de Dieu est éternel. Alors, que le Christ soit votre véritable Roi et Seigneur». Voilà autant des paroles par lesquels le cardinal a marqué avec insistance.