Des burkinabè portant leur drapeau - photo d'illustration Des burkinabè portant leur drapeau - photo d'illustration   (AFP or licensors)

Vers un patriotisme inclusif au Burkina Faso

Le Burkina Faso est à la croisée des chemins. C’est celle-là la signification que Mgr Gabriel Sayaogo donne à la situation socio-politique de son pays, engagé depuis 2022 dans une lutte multiforme. Ce pays déchiré par le terrorisme voit se rétablir progressivement la cohésion nationale, affirme le Prélat burkinabè. Il entrevoit dans cette unité acquise l’émergence du patriotisme chez chacun des citoyens de ce pays, un patriotisme qui se veut inclusif.

Fabrice Bagendekere, SJ – Cité du Vatican

Le Burkina Faso s’est lancé, depuis deux ans maintenant sur un chemin de révolution. Arrivé au pouvoir le 30 septembre 2022, le Capitaine Ibrahim Traoré, en tête d’un régime militaire, tente autant que possible de récupérer la souveraineté et l’indépendance économique de son pays, malgré la menace terroriste qui pèse sur l'ensemble du territoire. Malgré tout, beaucoup des burkinabès trouvent en la situation que traverse leur pays un chemin vers un avenir meilleur. Tel est aussi le point de vue de Mgr Gabriel Sayaogo, archevêque de Koupéla, dans le centre-sud du Burkina.


A la croisée des chemins

Selon Mgr Sayaogo, la conjoncture sociopolitique au pays des hommes intègres est une situation de croisée des chemins. Il entend par là un point de cohésion sociale et de patriotisme retrouvés. Le Burkinafaso, en effet, comme beaucoup des pays de l’Afrique a souffert du manque d’unité d’esprit autour des mêmes idéaux et projets nationaux, pour des intérêts parfois égoïstes. Réussir donc à mobiliser toute la nation au tour des mêmes idéaux, tel qu’il se voit aujourd’hui dans ce pays, constitue, selon l’archevêque de Koupéla, un point de départ pour une nation retrouvée. Pour ce adjoint-il les confessions religieuses à maintenir dialogue, attendu que celui-ci favorise le vivre ensemble harmonieux. Le prélat burkinabè met en évidence la célébration du 75e anniversaire de présence au Burkina Faso de la Fédération des Églises et Missions évangéliques célébré en mars dernier et le prochain 125e anniversaire de l'évangélisation du pays par l'Église catholique, comme des événements qui puissent accroitre cette communion spirituelle.


De la cohésion sociale à un patriotisme inclusif

Mgr Sayaogo entrevoit dans la cohésion sociale acquise dans son pays la naissance du patriotisme chez les fils et filles du Bourkina Faso. Patriotisme et non nationalisme, a-t-il marqué d’insistance. Il entend par là «un attachement à la patrie qui ne soit pas exclusif mais qui soit inclusif». Pour le prélat burkinabè, le slogan inventé par leur président: «la patrie ou la mort, nous vaincrons» est devenu un défi national, expliquant que pour le pays, chaque citoyen doit être prêt à donner sa vie. Entre-temps, reconnait-il, «qu'est-ce qu'est le Burkina Faso, si le Mali, la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Togo …», évoquant par là la nécessité de l’intégration régionale et internationale. Ainsi, conclura-t-il, «c'est de concert avec les autres pays que nous pouvons nous construire, nous pouvons nous développer. Ce qui veut dire que, tout en étant patriote, nous devons nouer des relations de fraternité avec les autres peuples».


Un chemin vers l’émergence économique

Malgré la situation économique difficile que l’instabilité politique impose au Burkinafaso, les espoirs sont à nourrir pour une émergence prochaine. Telle est la conviction de Mgr Sayaogo. C’est comme cela qu’on doit aussi comprendre la croisée des chemins dont il s’agit ici, affirme-t-il. Cet espoir est, pour lui, légitime, en voyant d'autres pays africains qui ont traversé des grandes crises militaires aussi comparables à celle que son pays traverse aujourd’hui prendre un élan de développement. «Je prends l'exemple du Mozambique, je prends l'exemple du Rwanda, l'exemple de l'Algérie, l'exemple du Congo RDC, qui ont traversé des situations que nous traversons aujourd'hui. Et quand nous regardons certains de ces pays, ils sont ceux que nous appelons émergents». Ces exemples sont un enseignement que «malgré la situation difficile que nous avons aujourd'hui, nous devons garder à l’esprit l'espoir que l'horizon n'est pas sombre, l'horizon va s'éclaircir». Une telle conscience doit amener tous les burkinabès à être plus soudés les uns avec les autres, essayant de concilier les intérêts individuels aux intérêts généraux, a-t-il déclaré, avant de conclure: «c'est ensemble, les uns avec les autres, que nous allons créer une situation favorable à l'épanouissement des intérêts de chacun».

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09 novembre 2024, 15:09