13 missionnaires catholiques tués au cours de l’année 2024
Jean-Benoît Harel – Cité du Vatican
Treize hommes œuvrant à partager l’Évangile ont été tués en 2024 selon le dernier rapport de l’agence Fides «dans des contextes souvent marqués par la violence, la misère et l'absence de justice». «Il s'agit souvent de témoins et de missionnaires qui ont offert leur vie au Christ jusqu'au bout, en toute liberté», précise l’agence Fides.
L’Afrique, continent le plus meurtrier pour les missionnaires
Comme 2023, l’Afrique compte le plus grand nombre de décès: 6 meurtres sur les 13 recensés, dont deux laïcs au Burkina Faso. François Kabore animait un temps de prière lorsqu’il a été victime d’une attaque djihadiste au nord-est du pays en février. Le catéchiste Edouard Zoetyenga Yougbare a lui été enlevé, torturé et tué par l’un de ces groupes armés qui terrorisent cette région du Sahel. Autre mort d'un agent pastoral due à un groupe armé: celle d’Edmond Bahati Monja, qui était journaliste pour Radio Maria à Goma, dans la région du Kivu en République démocratique du Congo. Il enquêtait sur la violence des groupes armés et les alliances entre l’armée congolaises et des milices, face à l’avancée des rebelles du M23.
En Afrique du Sud, deux prêtres ont été abattus par balles: le père William Banda alors qu’il s’apprêtait à dire la messe dans la cathédrale de Tzaneen, et le père Paul Tatu tué d’une balle dans la nuque dans sa voiture à Pretoria. Enfin, au Cameroun, le père togolais Christophe Komla Badjougou a été tué dans ce qui serait un vol à main armé dans les rues de Yaoundé.
Non comptabilisé dans le rapport, le 26 décembre, le père Tobias Okonkwo a été la cible d'assaillants non identifiés et est mort tué par balles à Ihiala au Nigéria, a informé l'archidiocèse de Nnewi.
Deux missionnaires défenseurs des droits de l’homme abattus
En Amérique du Sud, ils sont cinq missionnaires à avoir perdu la vie, dont trois au cours d'actes crapuleux, liés à des vols ou des cambriolages. Le père Ramón Arturo Montejo Peinado, curé en Colombie, a été assassiné lors d'un cambriolage le 4 juin. En Équateur, le corps sans vie du père Fabián Enrique Arcos Sevilla a été retrouvé le 3 novembre. Au Brésil, c’est Steve Maguerith Chaves do Nascimento, engagé dans une des paroisses de la capitale, Rio de Janeiro, qui a reçu une balle dans la tête alors qu’il se rendait à la messe du dimanche soir le 8 décembre.
De plus, deux missionnaires de cette partie du monde engagés comme militants en faveur des droits de l’homme ont été tués. D’abord Juan Antonio Lopez, défenseur infatigable de la justice sociale et de l’écologie intégrale abattu dans sa voiture le 14 septembre sur le chemin retour de la messe au Honduras. En marque de soutien, le Pape avait alors redit sa proximité envers «ceux qui travaillent pour le bien commun en réponse au cri des pauvres et de la terre». Une pensée adressée également pour le père Marcelo Pérez Pérez au Mexique, défenseur des communautés indigènes, tué en octobre après avoir célébré la messe, par deux tueurs à gages à moto.
Enfin, en Europe, deux prêtres sont morts violemment sur leur lieu de mission. Le père espagnol franciscain Juan Antonio Llorente a été assassiné dans son monastère à Gilet, près de Valence, le 9 novembre par un homme armé d'un bâton et d'une bouteille en verre. En Pologne, le père Lech Lachowicz a été attaqué par un voleur armé d’une hache: le prêtre est décédé à l'hôpital après près de sept jours d'agonie, samedi 9 novembre.
608 missionnaires tués en 24 ans
Ainsi, Fides dénombre 13 missionnaires tués cette année, une légère baisse comparée à 2023 (ils étaient 20). Toutefois, ces chiffres sont difficiles à établir et sans doute sous-estimés. Au total entre 2000 et 2024, Fides estime que le nombre de missionnaires et d'agents pastoraux tués représente 608 personnes.
Le rapport, préparé par Fabio Beretta, garde une note d’espérance, en ouvrant sur les paroles du Pape lors de sa visite en Albanie en 2014: «“Mais comment avez-vous fait pour survivre à tant de tribulations? Et ils nous diront ce que nous avons entendu dans ce passage de la Seconde lettre aux Corinthiens: “Dieu est le Père miséricordieux et le Dieu de toute consolation. C’est lui qui nous a consolés!”».
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