L’aumônerie congolaise de Rome célèbre ses 30 ans et les 60 ans du martyre d’Anuarite
Stanislas Kambashi, SJ – Rome
C’est au rythme d’une liturgie vibrante, dont est réputé le rite congolais de la messe, qu’a été célébrée l’eucharistie de ce double jubilé en l’église de la Nativité, siège de l’aumônerie congolaise, situé au cœur de Rome. De nombreux prêtres et laïcs, Congolais, autres africains et non-africains ont réhaussé de leur présence à cette célébration. Étaient également présents l'ambassadeur de la RDC en Italie et son homologue du Congo-Brazzaville près le Saint-Siège, ainsi que de nombreux autres diplomates. Pour la célébration des 30 ans de la structure ecclésiale qui les réunit, les Congolais de Rome étaient de cœur avec leurs compatriotes au Congo et de partout dans le monde qui ont également célébré les 60 ans du martyre de la bienheureuse Marie Clémentine Anuarite Nengapeta, tuée en haine contre la foi le 1er décembre 1964. Première ressortissante de la République Démocratique du Congo à être béatifiée, elle a été portée aux autels par saint Jean Paul II lors de son deuxième voyage apostolique dans ce pays, dénommé alors Zaïre, en 1985.
Anuarite et son pays le Congo
La bienheureuse Anuarite a connu le martyre dans le contexte d’une guerre civile au nord-est de son pays, le Congo. Dans son homélie, le père Roger Tshimanga, aumônier de l’aumônerie congolaise de Rome, a notamment évoqué le récit tragique et émouvant du martyre d'Anuarite, qui a tenu à préserver sa pureté et sa consécration au Christ jusqu'à la mort. Il a ensuite rappelé l'histoire et la situation de son pays et de son peuple meurtri par des violences à répétition, à cause notamment de la convoitise de ses richesses. Ces violences sont parfois orchestrées par des personnes et entreprises qui n’ont d’autres intérêts que l’exploitation des richesses, aux dépens des populations locales, a regretté le père carme. Ceci n’est pas sans rappeler l’appel fort du Pape François lors de son voyage en RDC en 2023: «Giù le mani dalla Repubblica Democratica del Congo!» (Retirez vos mains de la République Démocratique du Congo). En ce premier dimanche de l’Avent, le père Balowe Tshimanga a souligné que ce temps nous invite à purifier nos cœurs et nos rapports les uns avec les autres, dans l'attente du Seigneur. C’est donc une invitation à la conversion, a-t-il insisté.
Au cours du moment du partage du verre d’amitié, les convives ont suivi un mot, enregistré et envoyé par le premier aumônier de l’aumônerie congolaise de Rome, l’abbé Augustin Bita.
La bienheureuse Anuarite, un modèle de consécration au Christ
Née à Wamba en 1939, dans une famille animiste du Zaïre, Anuarite Clémentine Nengapeta reçoit le baptême en même temps que sa mère en 1941. À l’âge de 16 ans, la jeune Nengapeta brûle du désir de se faire religieuse. Elle demande de son propre chef, d’être admise au couvent malgré l’opposition de sa mère. Les sœurs la refusèrent parce qu’elle était trop jeune à l’époque. Un jour, au passage d’un camion à la mission pour amener les postulantes au couvent de Bafwabaka, Anuarite profite de l’occasion et se hisse clandestinement dans le camion, comme l’a rappelé le père Tshimanga dans son homélie. Elle entre alors dans la congrégation diocésaine de la Sainte Famille à Bafwabaka dans la province orientale, au nord-est du Zaïre. C’est après sa profession religieuse, qu’elle prend le nom de sœur Marie-Clémentine. Elle fut décidée de vivre une totale consécration au Christ et au service des autres. En 1964, alors qu’éclate la rébellion dite «Simba», «les Lions», sœur Marie-Clémentine est capturée en même temps que d’autres religieuses de sa congrégation. Toutes les sœurs, sauf Anuarite, sont emmenées dans une maison voisine à Isiro, la «maison bleue». Un des chefs des Simba, le colonel Ngalo, aidé par un soldat du nom de Sigbande, essaie de convaincre Anuarite de devenir sa femme. Saisie de peur, mais courageuse, elle refuse catégoriquement, même après que les soldats, furieux devant ses refus répétés, l’isolent et la menacent de mort. Ayant tenté en vain d’abuser d’elle, le chef des Simba la tua d’un coup de lance. Avant de rendre l’âme, la religieuse dit à son assassin: «Je te pardonne parce que tu ne sais pas ce que tu fais».
Les festivités marquant la célébration des 60 ans de son martyre ont attiré de nombreux pèlerins à Isiro, dont de nombreux évêques et le président congolais Felix Tshisekedi.
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