Mgr Tadeusz Wojda souhaite que Noël marque le «début de la paix» en Ukraine
Svitlana Dukhovych – Cité du Vatican
Des deux millions de personnes déplacées qui ont franchi la frontière au début de l'invasion russe, on estime aujourd'hui à environ un million et demi le nombre d'Ukrainiens qui ont trouvé sur le sol polonais un nouveau toit, beaucoup un emploi, un nouveau départ. Et cette générosité, «nous essayons toujours de la nourrir», assure le président de la Conférence épiscopale polonaise aux médias du Vatican, en espérant que les fêtes de Noël apporteront enfin la paix.
Quel impact les événements tragiques liés à la guerre en Ukraine ont-ils eu sur la vie de l'Église en Pologne?
La première chose qu'il faut dire, c'est que Jean-Paul II comme d'ailleurs le Pape François ont dit à plusieurs reprises que chaque guerre est une défaite de l'humanité. Je pense que c'est précisément la façon dont nous devons considérer la guerre qui se poursuit en Ukraine et qui devrait prendre fin. Évidemment, comme toutes les guerres, elle suscite d'une part, l'indignation et la colère et, d'autre part, la sensibilité et l'humanité. Et en ce qui concerne l'Église, je dois mettre en avant la sensibilité à l'égard des personnes qui souffrent de ce conflit et qui sont à fleur de peau après avoir vécu divers drames. La guerre, bien sûr, provoque la mort, la destruction, et donc l'Église en Pologne - mais je crois aussi dans toute l'Europe - a vécu cette période comme un grand drame dans lequel, cependant, elle a vraiment essayé d'apporter de l'aide.
Je peux parler en particulier de l'Église en Pologne, qui s'est immédiatement organisée pour apporter différents types de soutien. Et je dois dire que dès le premier instant, tous les fidèles, les diocèses, les paroisses, les prêtres, les religieux, pratiquement tout le monde s'est mobilisé pour collecter des fonds et les mettre à la disposition de ceux qui étaient dans le besoin. Cette aide est particulièrement coordonnée sur place par Mgr Edward Kawa [ndlr, il est l'évêque auxiliaire de l'archidiocèse de Lviv des Latins, responsable de l'aide humanitaire qui arrive des organisations liées à l'Église catholique]. Je sais que des centaines de milliers de camions sont partis avec des denrées alimentaires, divers produits d'hygiène et d'autres produits de première nécessité. Nous savons que nous sommes dans le troisième hiver de la guerre, c'est aussi pour cela que de grandes quantités d'aide financière ont été collectées dans les paroisses et les diocèses pour soutenir la population.
Une autre grande réponse a été l'accueil des réfugiés. Depuis le début de la guerre en Pologne, ils sont peut-être plus de deux millions à avoir franchi la frontière, accueillis dans des paroisses, des presbytères, des maisons d'exercices spirituels, voire des familles... Partout où l'hospitalité pouvait être donnée, elle l'a été. Avec le temps, de nombreux Ukrainiens sont partis vers d'autres pays occidentaux, certains même vers la Scandinavie. Actuellement, d'après les informations dont nous disposons, il y a environ un million et demi de personnes déplacées en Pologne, peut-être moins. Une bonne partie d'entre elles sont des personnes qui se sont installées et ont trouvé un emploi. Ceux qui le souhaitaient pouvaient bénéficier du PESEL, c'est-à-dire de l'enregistrement auprès de l'État [ndlr, en polonais «Powszechny Elektroniczny System Ewidencji Ludności», c'est-à-dire «Système électronique universel pour l'enregistrement de la population»]. Les enfants pouvaient également aller à l'école.
Selon vous, quelles sont les raisons profondes de cette réponse généreuse, de l'accueil réservé par le peuple polonais à ses voisins?
Plus d'une fois, j'ai pu constater que lorsque quelque chose se produisait, par exemple une catastrophe naturelle, les gens se mobilisaient immédiatement. Il y a eu une guerre ici et la plupart d'entre nous savent ce que cela signifie, il y a encore beaucoup de gens qui ont vécu la Seconde Guerre mondiale. C'est donc l'une des raisons. Ensuite, les images et les nouvelles en provenance d'Ukraine, la destruction, la haine de l'agresseur, ces terribles tueries: tout cela a fait que les gens se sont sentis concernés et ont voulu aider. La réponse a été magnifique, je dois le dire, à tous égards, et c'est magnifique parce que nous nous sommes sentis comme des frères et sœurs unis par la nécessité de faire face au même drame.
Près de trois ans après le début de la guerre, quelles sont les principales initiatives prises par votre épiscopat pour aider ceux qui souffrent?
Plus d'une fois, nous avons insisté sur la nécessité d'apporter de l'aide, en essayant toujours de maintenir l'accent sur la solidarité. Nous avons également toujours beaucoup prié dans les paroisses pour dire: «Regardez, nous devons continuer à aider le peuple ukrainien», et nous essayons également de sensibiliser à la générosité et de l'alimenter.
Comment les relations avec les Églises d'Ukraine se sont-elles développées au cours de cette période?
Je pense que les relations sont bonnes. Il y a eu plusieurs visites de part et d'autre. L'année dernière, le précédent président de la conférence épiscopale polonaise s'est rendu en Ukraine pour se rendre compte de la situation. Les relations sont diverses avec pratiquement toutes les Églises, mais surtout avec l'Église catholique romaine et l'Église gréco-catholique. Nous sommes maintenant à Noël, qui est une fête de l'espoir, une fête de la joie, une fête qui nous parle du Dieu qui vient pour être avec nous, pour nous apporter la paix, la sérénité, la bonté. Je souhaite que cette période soit vraiment le début de quelque chose de nouveau, surtout le début de la paix dont les Ukrainiens ont tant besoin. Et je souhaite du fond du cœur que cette paix arrive, que la guerre se termine, que les gens commencent à reconstruire leurs familles, leur vie normale, et que le Seigneur bénisse tout le monde.
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